La pression que la Cedeao a déclenchée contre les militaires au Mali porte ses fruits, en l’espace d’une semaine. Les insurgés ont décidé de rendre le pouvoir.
L’étau a eu l’effet escompté. Acculée depuis le 22 mars dernier qu’elle a interrompu le mandat du président Amadou Toumani Touré (ATT), la junte promet de rendre le pouvoir au Mali. Hier, en accédant à l’« exigence » de la Cedeao, qui lui avait intimé l’ordre de débarasser le plancher, les militaires insurgés ont décidé de rentrer dans les rangs. Leur chef, le capitaine Amadou Sanogo, a annoncé publiquement qu’il rétablirait l’ordre constitutionnel « dès » dimanche dans son pays. Sanglé dans une vareuse couleur kaki, surmontée d’un béret vert, il a déclaré, avoir pris l’ « engagement solennel » de rendre le pouvoir. Une reddition subite qui en dit long sur la pression que lui a mise la communauté ouest-africaine. Parce qu’elle est plus touchée par une énième rébellion dans sa sphère de compétence, donc sur son territoire, la Cedeao a cru bon de réagir sans tarder. Ainsi, c’est le président en exercice que de l’institution, Alassane Ouattara, qui a, le premier pris le pouls de la situation malienne, en annonçant le ton de ce qu’allaient être les recommandations de la communauté. Des sources proches du président ivoirien n’avaient donc donné dans la surenchère en ébruitant la ferme volonté du chef de l’Etat de n’accorder la moindre légitimité aux insurgés.
Une transition avec la junte ?
Au lendemain de leur révélation, le chef de l’Etat traduisait en acte son engagement de « sauver » le Mali, en convoquant une réunion d’urgence de la communauté à Abidjan.
Aussitôt dit, aussi fait ; un sommet extraordinaire se tient à Abidjan, le mardi 28 mars, pour savoir comment traduire en acte l’éjection des tombeurs d’ATT. La montée en puissance de la force en attente de la Cedeao est brandie. Et, fait frissonner les militaires au pouvoir.
Toutefois, jeudi dernier, ils avaient tenté une sorte de bras de fer, en empêchant les six chefs d’Etat partis les rencontrer d’atterrir à l’aéroport de Bamako. Le fait qu’ils s’étaient cachés derrière des manifestants, qui ont pris l’aéroport, n’a fait qu’envenimer les choses.
Car, le Comité de haut niveau que conduit Alassane Ouattara a trouvé en ce ‘’camouflage‘’ une raison suffisante de passer au niveau supérieur de la menace. Le spectre de l’Ecomog, l’armée ouest-africaine, plane… Et, ceux qu’elle hante désormais côté Bamako, lâchent subtilement du lest. C’est tout à leur honneur, même s’ils battent en retraite tardivement, après leur irrévérence déplorée. « Nous avons compris la position de la Cedeao, nous nous félicitons surtout de la volonté de part et d’autre de continuer à privilégier le dialogue. Nous réitérons notre invitation à la Cedeao d’approfondir davantage son analyse de la situation du Mali », plaidera Amadou Sanogo. Mais son plaidoyer contient des zones d’ombre.
Le week-end passé, il a semblé donner à moitié son dû (le pouvoir) au peuple, en évoquant une transition à laquelle les militaires prendraient part. « C’est pour affronter ce défi sécuritaire, celui du redressement de notre démocratie avec un processus rapide de normalisation à travers l’organisation d’élections libres et transparentes, avec une restauration de l’Etat, que nous invitons une fois de plus les Etats de la Cedeao, la communauté internationale à soutenir les populations maliennes », annonçait déjà le capitaine. Puis d’éclaircir ses pensées. « Toutefois, a-t-il expliqué, compte tenu de la crise actuelle, le Cnrdre a décidé d’engager, sous l’égide du médiateur, des consultations avec toutes les forces vives du pays, dans le cadre d’une convention nationale, cela pour permettre la mise en place d’organes de transition, afin d’organiser des élections auxquelles la junte ne participera pas ». A la lecture de ces propos, le retrait se dessine mais en pointillé. La junte cède mais vive la junte, semble vouloir dire l’officier putschiste. Sinon, pourquoi lui et ses hommes préconisent-ils un dialogue qu’ils entendent réguler ?
Bidi Ignace
L’étau a eu l’effet escompté. Acculée depuis le 22 mars dernier qu’elle a interrompu le mandat du président Amadou Toumani Touré (ATT), la junte promet de rendre le pouvoir au Mali. Hier, en accédant à l’« exigence » de la Cedeao, qui lui avait intimé l’ordre de débarasser le plancher, les militaires insurgés ont décidé de rentrer dans les rangs. Leur chef, le capitaine Amadou Sanogo, a annoncé publiquement qu’il rétablirait l’ordre constitutionnel « dès » dimanche dans son pays. Sanglé dans une vareuse couleur kaki, surmontée d’un béret vert, il a déclaré, avoir pris l’ « engagement solennel » de rendre le pouvoir. Une reddition subite qui en dit long sur la pression que lui a mise la communauté ouest-africaine. Parce qu’elle est plus touchée par une énième rébellion dans sa sphère de compétence, donc sur son territoire, la Cedeao a cru bon de réagir sans tarder. Ainsi, c’est le président en exercice que de l’institution, Alassane Ouattara, qui a, le premier pris le pouls de la situation malienne, en annonçant le ton de ce qu’allaient être les recommandations de la communauté. Des sources proches du président ivoirien n’avaient donc donné dans la surenchère en ébruitant la ferme volonté du chef de l’Etat de n’accorder la moindre légitimité aux insurgés.
Une transition avec la junte ?
Au lendemain de leur révélation, le chef de l’Etat traduisait en acte son engagement de « sauver » le Mali, en convoquant une réunion d’urgence de la communauté à Abidjan.
Aussitôt dit, aussi fait ; un sommet extraordinaire se tient à Abidjan, le mardi 28 mars, pour savoir comment traduire en acte l’éjection des tombeurs d’ATT. La montée en puissance de la force en attente de la Cedeao est brandie. Et, fait frissonner les militaires au pouvoir.
Toutefois, jeudi dernier, ils avaient tenté une sorte de bras de fer, en empêchant les six chefs d’Etat partis les rencontrer d’atterrir à l’aéroport de Bamako. Le fait qu’ils s’étaient cachés derrière des manifestants, qui ont pris l’aéroport, n’a fait qu’envenimer les choses.
Car, le Comité de haut niveau que conduit Alassane Ouattara a trouvé en ce ‘’camouflage‘’ une raison suffisante de passer au niveau supérieur de la menace. Le spectre de l’Ecomog, l’armée ouest-africaine, plane… Et, ceux qu’elle hante désormais côté Bamako, lâchent subtilement du lest. C’est tout à leur honneur, même s’ils battent en retraite tardivement, après leur irrévérence déplorée. « Nous avons compris la position de la Cedeao, nous nous félicitons surtout de la volonté de part et d’autre de continuer à privilégier le dialogue. Nous réitérons notre invitation à la Cedeao d’approfondir davantage son analyse de la situation du Mali », plaidera Amadou Sanogo. Mais son plaidoyer contient des zones d’ombre.
Le week-end passé, il a semblé donner à moitié son dû (le pouvoir) au peuple, en évoquant une transition à laquelle les militaires prendraient part. « C’est pour affronter ce défi sécuritaire, celui du redressement de notre démocratie avec un processus rapide de normalisation à travers l’organisation d’élections libres et transparentes, avec une restauration de l’Etat, que nous invitons une fois de plus les Etats de la Cedeao, la communauté internationale à soutenir les populations maliennes », annonçait déjà le capitaine. Puis d’éclaircir ses pensées. « Toutefois, a-t-il expliqué, compte tenu de la crise actuelle, le Cnrdre a décidé d’engager, sous l’égide du médiateur, des consultations avec toutes les forces vives du pays, dans le cadre d’une convention nationale, cela pour permettre la mise en place d’organes de transition, afin d’organiser des élections auxquelles la junte ne participera pas ». A la lecture de ces propos, le retrait se dessine mais en pointillé. La junte cède mais vive la junte, semble vouloir dire l’officier putschiste. Sinon, pourquoi lui et ses hommes préconisent-ils un dialogue qu’ils entendent réguler ?
Bidi Ignace