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Société Publié le lundi 2 avril 2012 | Nord-Sud

Bilan sur la rti : Ouattara soutient un bilan positif

© Nord-Sud Par Aristide
Communication: le Président Alassane Ouattara face à la presse nationale
Vendredi 30 Mars 2012. Abidjan. Photo: le chef de l`Etat, lors de l`interview radiodiffusée et télévisée qu`il a accordée aux journalites de la presse nationale
Nous vous proposons la suite de l’interview-bilan du président de la République,
vendredi à la télévision nationale, après un an de pouvoir.

Pourquoi la nouvelle armée tant attendue tarde à voir le jour ?

Ce sont des questions complexes, il faut du temps pour bien les régler. Si vous ne le faites pas, vous créez une situation d’instabilité. Quand j’ai véritablement pris fonction, les anciens de l’armée sont venus faire allégeance et depuis, ils se comportent de façon totalement républicaine. Je viens de proposer au président Ali Bongo d’ac­cré­diter le gal Mangou Philippe com­me ambassadeur au Gabon, il l’a accepté. J’ai proposé à Wade que le gal Kassaraté soit l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Sénégal, il l’a accepté. D’ailleurs, il voyage avec moi ce week-end pour l’investiture du nouveau président. Ces généraux, après le 11 avril, je les ai reçus individuellement. J’ai parlé avec eux. Ils m’ont dit des choses que je garde pour moi. J’ai été ému pour beaucoup, ils avaient beaucoup de con­traintes. Ce sont des hommes bien, pour la plupart d’entre eux. Mais vous savez, si on vous menace, pas vous-même parce que vous êtes militaires et que vous êtes censés vous battre, mais on menace votre femme, vos enfants, vos filles. Pardonnez-moi de dire Madame, mais on menace de violer vos enfants, des choses comme ça. A un moment donné, vous craquez. Donc, je ne voudrais pas revenir sur cette crise qui nous a tant traumatisés, mais je veux faire la part des choses. J’ai reçu près de 200 chefs militaires avant de procéder aux nominations dans l’armée. Y compris d’ailleurs les anciens commandants de zone en présence du Premier ministre Guillaume Soro en son temps. Parce que je voulais leur dire des choses concernant notre pays. Moi, je ne suis pas le président d’un groupe. J’ai été élu démocratiquement avec un score important. Je suis le président de tous les Ivoiriens. Vous avez servi un autre président, mais c’était votre devoir. Maintenant, il y a un nouveau président, vous devez le servir avec loyauté. Et je suis satisfait de leur comportement.

Vous êtes en train de caser certains généraux, d’autres sont en train de s’interroger sur leur avenir, je pense aux commandants de zone. La Cpi est en train de mener des enquêtes. Si demain, certains commandants de zone sont mis en cause, est-ce que cela ne présentera pas une menace pour votre régime ?

Pas du tout. Je considère que c’est un faux procès que certaines de ces structures des droits de l’Homme font. J’ai montré ma détermination à respecter l’Etat de droit. Nous avons créé une Commission nationale d’enquête qui est à pied d’œuvre. Qui va terminer son travail dans deux ou trois mois. Et à l’issue de son travail, le document sera rendu public. Si certaines personnes ont commis des crimes, ces personnes iront devant le juge.

Justement, vous venez de nommer le président de cette commission, ministre délégué à la Justice, est-ce qu’il n’y a pas de raison d’avoir un doute sur l’objectivité de cette commission ?

Point du tout. Moi je cherche le meilleur à chaque fois que je dois nommer quelqu’un en donnant la préférence aux femmes d’ailleurs. Je connais les reproches qu’on me fait et je m’améliore puisque le nouveau Garde des sceaux est une femme. Qu’est ce qui s’est passé ? La Commission nationale d’enquête a été mise en place. Le ministre de la justice est venu nous proposer une liste de magistrats. Elle était la plus gradée. Elle est, je crois hors série, impeccable par son travail, son objectivité, sa compétence et elle a été nommée à ce poste.

A l’occasion du changement du gouvernement avec Me Ahoussou Jeannot comme Premier ministre, j’ai souhaité qu’il continue de garder la Justice parce qu’il y a fait du bon travail. Et nous avons des dossiers importants à gérer. Je lui ai donc dit : cherchons un Garde des sceaux, de préférence une femme. Et notre choix s’est porté sur elle. J’attends qu’il (le Premier ministre, Ndlr) me fasse des propositions à nouveaux pour la présidence de la Commission d’enquête. Les populations empruntent les routes ivoiriennes la peur au ventre.

Les jours passent, nous voyons des drames, des morts par la faute des coupeurs de routes. Cela est vrai nous y travaillons. Et il y a des résultats. Tous les matins je reçois des rapports de la gendarmerie de l’état-major me disant qu’il y a eu tel nombre de braquages, de coupeurs de routes. Je peux vous dire que depuis une dizaine de jours, je n’ai quasiment plus d’éléments-clés sur les coupeurs de routes ; il y a trois semaines, c’était 10 par jour.

Peut-être un repli stratégique de leur part ?

Non, nous sommes déterminés à éradiquer le phénomène et nous allons le faire. Mais, il y a quelque chose qui nous gène, c’est le problème de l’embargo. Pour régler ce problème, il faut des armes aussi. Quelquefois, ces coupeurs de routes sont mieux armés que l’armée elle-même ou la gendarmerie. Nous allons faire des démarches auprès de l’Onu pour avoir ce qu’il faut. Je pense que les choses vont se régler très rapidement. Nous montons en puissance et nous allons régler ces problèmes. Je peux en donner l’assurance à mes compatriotes.

On va parler du problème de moyens de la police et de la gendarmerie chargées de la sécurité des Ivoiriens. Mais, il y a le problème de logement qui revient de manière récurrente.

Des policiers qui sont mal logés, qui sont menacés d’être vidés de leurs maisons. On leur demande de faire la sécurité, ce n’est pas évident.

Ce problème de baux administratif, je l’avais réglé il ya 20 ans. Il y a beaucoup de malversations, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas claires là-dedans. Nous, nous réglerons ce problème, mais nous voulons faire un audit, nous voulons savoir si les maisons qui son censées être baillées, sont véritablement baillées. Quelquefois il y a des adresses qui sont vides et pourtant l’Etat paye des millions à des personnes pour cela. Une fois cet audit sera terminé, et que nous saurons que tant de policiers logent dans tant de maisons, ces baux seront régulièrement réglés et les arriérés seront également payés sur une cer­tai­ne période comme nous le faisons dans les autres secteurs. Nous voulons assurer les policiers que c’est important qu’ils aient un minimum de confort quand ils rentrent chez eux.

Ces gens font un travail difficile. Quand ils rentrent chez eux et qu’ils ont des problèmes avec leur propriétaire, ce n’est pas normal. Cela veut dire que l’Etat n’a pas fait son travail. Je n’ai pas voulu rentrer dans une série de considérations. Mais, vous savez, j’ai trouvé un Etat déliquescent. La Côte d’Ivoire était en faillite économique et même morale. Je n’ai pas besoin de décrire les choses, je n’ai pas besoin de donner des exemples, mais tout le monde le sait.

C’était la honte pour mon pays. La manière dont certaines personnes se comportaient. La Côte d’Ivoire était divisée du fait des autorités elles-mêmes. Il fallait ouvrir la Côte d’Ivoire, il fallait rassurer les Ivoiriens. Il fallait montrer des choses qui n’ont pas été faites que nous pouvons faire, que nous pouvons construire, que nous pouvons réhabiliter les universités, les routes. Qu’il y a des emplois qui seront créés et ainsi de suite. C’est à partir de là que les Ivoiriens seront certains que l’avenir de leurs enfants est quelque chose dont ils auront des fruits.

On reviendra largement sur ce que vous avez fait. Nous allons maintenant passer à un volet qui est la sécurité. Nous savons que l’insécurité règne dans notre pays et certaines régions ont beaucoup plus souffert que d’autres. Notamment l’Ouest que vous allez bientôt visiter.

Quel message allez-vous délivrer aux populations de cette région ? D’autant que beaucoup pense que la déstabilisation viendra de cette région.

Non, vous savez cette question de déstabilisation de la Côte d’Ivoire, je la lis de temps en temps dans la presse. Mais considérez que la Côte d’Ivoire est stable maintenant et qu’il n’y a plus de risque de déstabilisation. Mais certains peuvent se faire des illusions. Maintenant comme le dit le président Félix Houphouet-Boigny, on ne peut pas empêcher quelqu’un de rêver debout.

Ceci étant, à l’Ouest, il y a eu des problèmes sérieux. Il y a eu des massacres. La Commission nationale d’enquête a fait un travail important là-bas. Je n’ai pas voulu y aller en visite d’Etat il y a six mois. Moi, je n’ai pas voulu allez à l’Ouest pour me faire applaudir. Ce n’est pas comme cela que je vois ma fonction. J’ai demandé au Premier ministre d’alors de mettre en place un fonds spécial pour réhabiliter les écoles, les dispensaires, mettre les médicaments dans les dispensaires, réprofiler les routes, acheter des véhicules pour les préfets, reconstruire les préfectures. C’est tout ce qui a été fait et cela est quasiment bouclé.

Donc j’irai dans l’Ouest dans la période du 21 au 24 avril. Mais que vais-je dire à mes compatriotes de l’Ouest ? Je vais leur dire qu’ils ont été pris dans un traquenard et manipulés. Certains politiciens les ont utilisés. Mais que cela est derrière nous et que nous sommes tous Ivoiriens et nous devons maintenant nous mettre ensemble pour reconstruire notre pays. Et que j’ai commencé à travailler à l’Ouest. J’ai fait plus d’investissement à l’Ouest que nulle part ailleurs depuis que je suis président. Et que je continuerai. D’ailleurs le nombre de réfugiés qui était plus de 220 mille est maintenant à moins de 90 mille. C’est que les Ivoiriens reviennent et commencent à avoir confiance. Mais, je vais leur dire aussi que certes, tout cela est très dur, mais, il faut se réconcilier pour vivre ensemble. Si nous n’arrivons pas à nous mettre cela psychologiquement com­me objectif, nous n’allons pas pouvoir aller de l’avant. La réconciliation doit être une priorité. Pour la réconciliation il faut le pardon et pouvoir exprimer des regrets. Ceux qui ont commis des actes criminels ou sémi-criminels doivent pouvoir exprimer des regrets et demander pardon. Ceux qui ont été victimes doivent accepter les pardons. Je vais leur dire que la priorité pour moi, sera les victimes. Quand j’ai reçu le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, je lui ai dit : commencez par recenser les victimes. S’il faut que je mette pour les années à venir 50 et 100 milliards de Fcfa, dans un compte spécial pour dédommager les victimes, je vais le faire. Parce que c’est une priorité.

La réconciliation, vous l’avez dit est une priorité. Un an après votre avènement au pouvoir, où en sommes-nous ?

Mais nous en sommes au point où la Commission a commencé à faire un travail depuis son installation en septembre, elle fait du bon travail. Parce qu’elle fait un travail d’organisation, de recensement et d’implantation.

Mais ce n’est pas le sentiment des Ivoiriens ? Pour eux, on n’avance pas beaucoup.
Nos compatriotes sont impatients parce qu’il y a des choses qui se font. C’est cela qu’il faut remarquer. Parce que si n’était fait on dirait : « de toute ffaçon, comme toujours, ça ne va pas changer». Mais quand les choses bougent, les gens veulent qu’elles bougent plus vite. Moi,

je ne dirais pas que très sincèrement la réconciliation n’est l’affaire de la seule commission. C’est notre affaire à tous. C’est l’affaire de chaque citoyen ivoirien, du gouvernement, de toutes les institutions. Et, nous devons nous y mettre tous. Parce que si nous ne nous réconcilions pas, dans un pays de 22 à 23 millions d’habitants, quel rôle voulez-vous que nous jou­ons avec une population où d’autres Africains sont venus s’installer ? Com­­ment voulez-vous que nous soyons crédibles dans nos relations avec les autres ? Donc la réconciliation est une priorité. Il y a la Commission qui a été mise en place ; mais cela va s’accélérer. Nous mettrons les moyens à sa disposition et j’en appelle à nos concitoyens pour dire que la réconciliation, c’est chacun de nous.

Justement, on ne voit pas beaucoup de signes de réconciliation. L’opposition est campée sur sa position. Est-ce que le transfèrement de l’ancien président à La Haye ne constitue pas le plus gros obstacle?

Vraiment, je vois là tellement de contradictions. Voici une situation où il y a eu trois mille morts. Nous avions nous-mêmes, pendant la crise, dit qu’il y a eu des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité. Nous n’avions pas les outils pour le faire, au plan juridique. Nous n’avions pas les juges, les tribunaux, les greffiers ; enfin j’en passe. Et même, on nous accusait d’avoir une justice des vainqueurs. Alors maintenant qu’il y a le transfèrement à La Haye, il est clair que la justice ne peut pas être considérée comme étant impartiale. Les gens devraient s’en réjouir. En plus de cela, pour montrer qu’elle est impartiale, nous avions demandé à la justice que la période d’examen soit seulement la période post-électorale.

C’est-à-dire après le 28 novembre 2010. Ainsi la Cour pénale internationale a décidé d’étendre les enquêtes jusqu’en 2002. Cela montre l’impartialité de la Cour. Donc je considère qu’il ne faut pas mélanger les choses. Quand on commet des crimes, on doit être jugé. Ma préférence est de juger ici en Côte d’Ivoire. L’ancien président a juré sur la constitution de défendre les Ivoiriens et la Côte d’Ivoire. Il ne l’a pas fait. De son fait, trois mille personnes ont été tuées et vous voulez que cela soit impuni. Je ne le pense pas.

M. le président, la réconciliation ne peut se faire sans justice et pardon. Mais pour l’heure, ne sont arrêtés et recherchés que des membres de l’opposition. Un an après donc la guerre, aucun élément des soldats qui ont combattu pour vous n’a été arrêté. Les crimes dont font état les enquêtes ne sont-ils que l’œuvre d’un seul camp et vous ne voyez pas une justice des vainqueurs ?

Oui, mais vous me dites la justice, mais vous savez qu’il y a des procédures. J’ai indiqué qu’il y a une commission nationale d’enquête qui a fini son travail. Vous voulez qu’on aille attraper quelqu’un et qu’on le mette en prison. Ce n’est pas cela l’Etat de droit. L’Etat de droit veut dire qu’il faut faire des enquêtes préliminaires qui ont conduit au transfèrement de l’ancien président. Moi, je suis tout à fait à l’aise pour dire que je suis un démocrate et je suis fier de dire que mon pays sera considéré comme un Etat de droit. Et que la justice sera la même pour tous.

La réconciliation, M. le président, ce sont vos termes, c’est l’affaire de tous les Ivoiriens. Je vous lis ici le message d’un grand intellectuel ivoirien qui disait : « il n’y a jamais eu et ne saurait y avoir de réconciliation par procuration ou par contumace. Les sujets à réconcilier doivent être tous présents dans l’espace national et libres pour se parler, sourire les uns aux autres, vivre personnellement et directement leurs échanges de flux humains et fraternels… » Pour cela, il demande que la Commission Banny fasse du mieux qu’elle peut pour que reviennent au pays les milliers d’exilés, pour que soient libérés ceux qui sont actuellement détenus. Celui qui a écrit ces phrases n’est personne d’autre que le Pr. Zadi Zahourou, qui nous a quittés le 20 mars dernier…
C’était un grand homme et un grand ami à moi.

Et si cette phrase était vraiment la dernière volonté d’un disparu.
Mais moi je suis d’abord d’accord avec lui que les exilés doivent rentrer. J’ai parlé tout à l’heure du tour que j’ai fait dans tous les pays en moins d’un an. Je suis allé au Bénin, au Togo et au Ghana. Pourquoi j’ai choisi ces pays en priorité ? C’était pour aller parler à nos concitoyens qui y sont. Je les ai rassurés. Je leur ai dit : « rentrez ! Une fois que vous serez là, la justice sera la même pour tous ».Beaucoup sont rentrés. D’ailleurs, je ne voudrais pas citer de nom, il y a des gardes de corps qui sont rentrés avec un colonel. Mais le colonel lui-même, se promène en ville, parce qu’il n’y a pas encore de procès à son encontre. Ses gardes du corps ont été intégrés dans l’armée. J’ai fait de mon mieux, mais certains, parce qu’ils considèrent qu’ils ont commis des crimes très graves et qu’ils ne veulent pas faire face à la justice restent à l’extérieur, je ne peux pas les forcer à rentrer. Je vais plus loin pour reprendre ce que disait mon ami Zadi Zahourou, je veux que les Ivoiriens soit jugés en Côte d’Ivoire. Mais le transfèrement de l’ancien président, je l’ai dit, est un fait qui relève de son propre comportement. Tout le monde a dit, quand il avait encore le pouvoir, que ce qu’il faisait serait un crime de guerre et un crime contre l’humanité. Il a été mis en garde pour cela.

Je ne voudrais pas revenir sur le passé. Peut-être maintenant, parlons des autres : Simone Gbagbo, Blé Goudé. Mais vous savez que des mandats d’arrêts ont été émis contre eux. La procédure est en cours. Mais alors, peut-être, cela dépendra d’eux. Nous, nous allons prendre notre position en tant que gouvernement. Moi, je préfère les juger ici. Mais peut-être qu’eux voudraient aller à la Haye en disant que la justice est plus équitable à la Haye. Si c’est leur volonté d’aller à la Haye, est-ce que je peux les en empêcher. C’est pour vous dire que je suis tout à fait à l’aise sur ces questions. Je veux protéger les Ivoiriens, même ceux qui ne le méritent pas entre guillemets.

Une dernière question, M. le président, sur la réconciliation nationale. Vous avez mandaté votre Premier ministre pour renouer le dialogue. Jusqu’où est-vous prêt à aller pour faire bouger les lignes ?

Je suis prêt à aller le plus loin possible. Et je l’ai déjà démontré. Quand je formais le gouvernement, j’ai proposé au Fpi de venir. Ils ont dit oui, ils ont dit non ; ils ont hésité. Après ils ne sont pas venus. Au niveau du parlement je les ai reçus. La télévision l’a montré. Je leur ai dit : « Venez ! Le Rdr a fait une erreur en n’allant pas aux législatives de 2000. Ne faites pas la même erreur ». Ils ont préféré ne pas venir. J’espère que pour les élections régionales, ils viendront. Mais, vous savez, ils ne peuvent pas poser de pré-conditions. Cela, je ne l’accepterai pas. Moi, je n’en pose pas. Pourquoi ils devraient poser des conditions, alors que ce sont eux qui ont conduit le pays dans la situation dans la quelle il se trouve. Le dialogue doit être un dialogue ouvert où chacun exprime sa position. Et je souhaite que le Premier ministre réussisse mieux que moi à les convaincre que c’est dans leur intérêt et l’intérêt national que tous les fils et filles doivent se retrouver pour travailler et contribuer à l’essor de la Côte d’Ivoire. Vous savez que les choses iront très vite. Nous parlerons de l’économie tout à l’heure. La Côte d’Ivoire va rebondir. Le train va partir à 120 à l’heure. Alors s’ils ne le prennent pas…

Vous souhaiterez qu’ils participent aux élections à venir. Dans votre propre camp, comment comptez- vous aborder ces élections ? En Rhdp ? On a vu qu’il y a eu quelques tiraillements pendant les législatives.

Vous avez remarqué que ne participe plus aux réunions du Rhdp. Je respecte la constitution. Je suis au- dessus des partis. Le président Bédié est le président…

Votre souhait. Rhdp ou la partition ?
Il appartient au Pdci, au Rdr et aux autres de discuter de cette question. Qu’ils prennent la décision qui leur convient. Ce qui m’intéresse, ce sont les affaires de l’Etat et faire en sorte que chaque jour, en allant à la maison à 20 heures ou 21 heures, je me dise : J’ai passé une bonne journée et que j’ai rendu service à mes compatriotes.

Parlant de la gestion des affaires de l’Etat, vous avez nommé récemment un nouveau Premier ministre. Les Ivoiriens s’attendaient à un nouveau gouvernement. Finalement, l’ancien gou­ver­ne­ment a été reconduit. Est-ce à dire que vous êtes satisfait de vos ministres ? Ce qui est étonnant, c’est que vous avez menacé vos ministres au premier con­seil des ministres.
Je ne les ai pas menacés

C’est l’impression que nous avons eue.

Je n’en sais rien. Ce n’est pas de ma nature que de le faire. Vous savez, j’ai une politique très simple. Peut –être parce que je suis allé à 20 ans aux Etats-Unis. Moi, je crois beaucoup d’avoir une équipe et de travailler avec pendant un laps de temps. J’ai été élu pour une période de cinq ans. J’avais promis à mes compatriotes que je formerais un gouvernement de 25 à 30 membres au maximum. Quand j’ai vu l’état de délabrement du pays, je me suis dit que ça ne pouvait pas marcher. J’ai des priorités que j’ai indiquées, le logement par exemple. Je ne peux pas laisser le logement dans un grand ministère de la Construction, de l’Urbanisme de l’Assainissement. C’est le cas de l’emploi de la jeunesse et de la salubrité. Souvenez-vous dans quel état était Abidjan il y a six mois…

N’êtes vous pas rattrapé par la realpolitik ?

Ma philosophie est de garder la même équipe pendant mon mandat. Parce que c’est cette équipe qui sera jugée. Je n’ai pas changé de philosophie. Je me retrouve maintenant avec 35 ministres, en raison de l’état de délabrement de la Côte d’Ivoire. Si j’ai dit aux ministres ce que j’ai dit, cela ne veut pas dire que durant la période, je ne peux pas enlever un ou deux ou dix ministres du gouvernement. Si je constate à un moment donné qu’un ministre ne donne pas satisfaction, il sera remplacé en accord avec le Premier ministre. Ce que je ne veux pas, c’est l’injustice. Voici des hommes et des femmes qui ont été nommés pour la plupart le 1 juin 2010. Le gouvernement a été mis en place. Après les différentes attributions, vous savez, c’est tout un travail, l’organisation des cabinets. Ils sont arrivés dans des conditions difficiles. Ils ont trouvé des bureaux sans chaises, sans tables, des bureaux saccagés. Ils ont passé quatre mois à remettre en place un immeuble ou des bureaux pour s’y installer. Ils commencent à travailler en octobre, novembre. Vous voulez que je les change six mois à peine, après leur prise de service. Pour quelles raisons le ferai-je. Il faut qu’ils aient leur chance. Il faut qu’ils puissent faire le travail. Si j’avais changé, il y a deux semaines, on aurait encore recommencé à faire les cabinets, à nommer de nouvelles personnes .Eux ont donné des chronogrammes par rapport à des projets qui sont en cours et dont ils ont trouvé les financements. Tout est en place. Le taux de croissance cette année sera de 8%. L’année dernière, on a eu une chute de la croissance de 5%. C’est vous dire qu’ils ont commencé à faire du bon travail. Il n’y a donc aucune raison de les changer. S’ils continuent de travailler ainsi, ils iront au bout de leur mandat. A l’issue de mon mandat, si je décide de me représenter, les Ivoiriens jugeront sur le travail qui a été fait. Je ne veux pas faire de la politique politicienne.

Le taux de croissance de 8% est il conditionné par le point d’achèvement Ppte ?

Pas du tout ! Cela n’a rien à avoir. Ce sont les efforts des Ivoiriens, c’est l’organisation de l’Etat, c’est la reconstruction, c’est la réhabilitation. C’est parce que maintenant l’Etat est géré.

Ce qui n’était le cas il y a une décennie. Désormais, vous êtes à l’heure tous les jours, les employés sont désormais conscients que s’ils ne font pas leur travail, il y aura des sanctions. C’est tout cela qui fait que l’économie repart.

Vous fondez néanmoins beaucoup d’espoir sur le Ppte ?

Bien sûr ! En ce qui concerne le Ppte, j’ai eu les assurances de la dernière mission que pour le mois de juin au plus tard, nous aurons l’allègement de la dette. Ceci permettra de donner encore plus d’espace. Mais j’aime bien l’investissement public. C’est-à- dire tout ce qui est fait par le gouvernement, par les aides extérieures. Ce qui m’intéresse plus, c’est le travail des Ivoiriens. Il faut donc travailler plus avoir plus d’impôts, plus de recettes douanières et autres. En deuxième lieu, moi je suis un libéral. C’est l’investissement privé, les partenariats avec le secteur privé, des grosses entreprises, des entreprises sérieuses qui viendront investir en Côte d’Ivoire 100 millions d’eu­ros, 500 millions d’euros, un milliard d’euro, deux milliards d’euros. Sur le dernier mois, il y a trois entreprises qui sont venues et qui vont investir sur les trois ans à venir, 3 milliards d’euros. Ce sera dans le gaz, dans le pétrole, sur les chemins de fer, sur les routes. Mon programme de 15.000 milliards de Fcfa, nous sommes à presque le quart. Nous avons déjà dépassé ce chiffre. La Côte d’Ivoire va aller très vite. Il y aura un rebond de croissance. L’opposition a intérêt à se joindre à cette reconstruction.

Quelle sera la nouvelle politique d’endettement de la Côte d’Ivoire pour ne pas que les futures générations héritent d’une dette colossale comme s’est le cas actuellement ?

Nous avons moins de dette que la France, l’Allemagne ou d’autres pays. Avec l’effacement de la dette Ppte, nous serons à un niveau raisonnable. 15, 20, 25%. Après cela, je n’irai plus emprunter dans les institutions publiques. Je voudrais en ce moment là, faire en sorte d’aller sur les marchés financiers. J’ai une vision pour la Côte d’Ivoire. Si j’ai besoin d’un milliard d’euros pour faire un chemin de fer, parce que j’ai une bonne signature, parce que j’ai un déficit quasiment nu, parce que le taux d’inflation est bas, parce que le pays est bien géré, je vais emprunter sur les marchés internationaux. Ce ne sera plus nécessaire d’aller au fonds monétaire ou d’aller à la Banque mondiale. C’est ce que j’avais comme ambition en 1990 quand j’étais Premier ministre. Je suis confiant qu’avant la fin de mon mandat, nous allons le faire. Ce qui veut dire que ce sont les prêts qui sont affectés à des projets. Ces projets financent le remboursement du prêt. Ce n’est plus un endettement pour l’Ivoirien, ni pour nos enfants. Nous ne voulons plus mettre des fardeaux sur la tête de nos enfants dans 15 ou 20 ans comme c’est le cas maintenant.

Au niveau de la cherté de la vie, le moral des familles est au plus bas. Les prix flambent de jour en jour, (la journaliste cite les produits et en donne les prix).

Ce n’est pas acceptable. Parce que le taux de pauvreté en Côte d’Ivoire s’est beaucoup accéléré au cours des dix dernières années, que la moitié des Ivoiriens n’a plus d’un dollar, soit 500 Fcfa par jour. Si la femme et l’époux travaillent, c’est qu’ils ont 1000 Fcfa par jour, soient 30.000 par mois. Je partage ce que vous venez de dire.

Que faites-vous pour que cela cesse ?

Je fais d’abord un constat. Comme vous l’avez dit vous-même, les prix varient d’un marché à l’autre. Cela veut dire que la surveillance des prix n’a pas marché, cela veut aussi dire qu’il y a beaucoup de corruption dans l’administration, que certains de commerçants sont protégés par les agents de l’administration. En deuxième lieu, si vous prenez la viande, tous ces rackets, tous ces barrages d’un point à un autre, ces surcharges ont été tolérées pendant des années. Nous sommes en train d’y travailler. Nous allons réussir à les supprimer Nous avons des intermédiaires qui prennent des marges inacceptables. Il y a toute une série de mesure à prendre y compris à augmenter ce que les économistes appellent l’offre. Les prix augmentent parce qu’il n’y a pas suffisamment de produits.

Il y a aussi trop de taxes ?

Les taxes, je vais les baisser. Moi, je ne crois pas beaucoup à la taxation. Souvenez-vous, c’est quand j’étais Premier ministre que nous avons baissé la Tva, que nous avons baissé les droits de douane. Si je peux convaincre les autres pays de l’Uemoa à continuer de baisser la Tva. Moi je vois à long terme, peut–être pas au cours de mon mandat, mais tout faire pour ramener les taux de douane à 10%. Pour y arriver, il faut que l’économie elle-même marche à tel point que ce que nous appelons les impôts directs arrivent à nous donner la substance des recettes. J’ai les recettes pour cela. Je comprends que les Ivoiriens souffrent de ces prix qui galopent tout le temps même si c’est mieux que dans d’autres pays, ce n’est pas cela mon problème. Mon problème, c’est que les Ivoiriens vivent au quotidien. Nous devons tout faire pour que les choses changent. Le Premier ministre a pris des engagements, il a fait le tour des marchés, nous avons identifié les problèmes, nous avons identifié même certains secteurs et certains des commerçants qui pratiquent ces prix.

Le Premier ministre a pris des engagements. Avant lui, son prédécesseur en avait fait autant, pourtant les choses n’ont pas changé. Comment les Ivoiriens peuvent –ils croire à ces nouveaux engagements qui viennent d’être pris ?

Vous savez, je pense qu’il faut se donner un peu de temps. C’est ce que je disais tout à l’heure. Il y a eu tellement de progrès sur tellement de fronts en un an que l’on pense que tous les problèmes doivent être résolus en un mois ou deux. Les stocks de riz qui existent doivent être écoulés sur une certaine période. Nous, nous allons commencer à vérifier tout cela au départ, en Europe. Ici, nous allons contrôler le paiement des droits de douane, les droits intermédiaires. Nous le ferons sur une période et nous verrons les conséquences.

A partir de quand les Ivoiriens pourront-ils sentir ces changements ?

Le Premier ministre m’a dit dans les trois mois. C’est un dossier que je suis de très près.

Trois mois, c’est trop long ?

C’est très long. C’est très long pour nous tous et je le regrette. Je veux que mes compatriotes comprennent que c’est un souci pour moi. Je trouve que la question de la cherté du coût de la vie est quelque chose que j’ai combattu quand j’étais déjà dans l’opposition pendant toutes mes tournées. Je disais que le coût de la vie était trop élevé. Ça demeure trop élevé. Nous avons fait des réformes. Ces réformes ne peuvent pas avoir un impact immédiat. Mais nous aurons des résultats. Il faut reconnaitre que nous travaillons pour que cela parte aussi vite que nous le souhaitons nous-mêmes.

Le Smig passe à 60.000 Fcfa, mais pour le niveau de la Côte d’Ivoire n’est-ce pas trop bas ?

C’est vrai. C’est pour cela qu’il faut faire croître l’économie au plus vite. On ne peut payer que ce que l’on a. Vous savez que l’économie que l’on voit au plan national ou au plan international et que l’on appelle Pib ou autre chose, s’applique à l’entreprise d’abord et au ménage ensuite. Si une entreprise ne peut payer que 60.000 Fcfa, si vous l’obligez à payer 100.000 Fcfa, elle fera faillite. Les employés n’auront, par conséquent, plus les 60 000 par mois, il n’y aura plus d’entreprise. Tout cela doit être géré avec délicatesse. Nous devons tout faire pour améliorer le quotidien des Ivoiriens. Je continuerai de m’employer à le faire.

Mais je ne veux faire de la démagogie. Je considère que les entreprises qui travaillent en Côte d’ Ivoire font beaucoup. Il y a l’aspect social que les gens ignorent dans beaucoup d’entreprises, il y a tout de même des indemnités, des prêts sociaux. Il y a un certain nombre de choses qui sont faites pour soulager les employés. Ce n’est pas assez vous me direz. C’est d’ailleurs mieux d’avoir un salaire conséquent que d’avoir des cadeaux de son employeur. .........
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