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Politique Publié le lundi 2 avril 2012 | Le Patriote

Interview radiotélévisée du chef de l’Etat (suite et fin) Alassane Ouattara : “Je demande pardon à mes concitoyens ”

© Le Patriote Par Aristide
Communication: le Président Alassane Ouattara face à la presse nationale
Vendredi 30 Mars 2012. Abidjan. Photo: le chef de l`Etat, lors de l`interview radiodiffusée et télévisée qu`il a accordée aux journalites de la presse nationale
Une erreur technique nous a empêchés de publier la fin de l’interview radiotélévisée accordée par le président de la République le vendredi dernier, aux médias d’Etat. Nous vous proposons ici, la suite et la fin de cet entretien. Toutes nos excuses.

Q : Pensez-vous que tous les projets seront réalisés ?

ADO : Ce n’est pas moi, ce sont les ministres. Si ces projets ne sont pas réalisés dans les délais, ces ministres ne seront plus en fonction. C’est la culture du résultat. Je ne changerai pas de gouvernement. Les ministres sont en place, je leur fait confiance, les cinq années de mon mandat. Et s’il n’y pas de résultat, je n’attendrai pas de remaniement ministériel. Ils partiront, je proposerai d’autres personnes.

Q : Monsieur le président, un pays qui se projette dans le futur est un pays capable d’affronter son passé. Et ce passé-là est porté par des hommes. Chacun est acteur, à son niveau, de ce qui s’est passé et de ce qui se passera demain. Si nous revenons avant de finir cet entretien sur ce qui a pu se passer, nous nous interrogeons sur ce que chacun a pu faire. La question que chacun de nous, en tant que citoyen ordinaire, devrait pouvoir poser à chacun de vous, en tant que leader politique, et acteur de premier ordre de la scène politique ivoirienne, est celle-ci : quelle est votre part de responsabilité dans ce qui a été ?

ADO : Je crois que chacun de nous, quelque part, s’est senti victime. Et la démocratie est difficile à construire. Je pense qu’il y a eu de l’impatience pour ma part, de la part de certains qui m’ont accompagné. Il y a eu des sentiments de graves injustices qui ont provoqué des colères, qui ont conduit à des manifestations qui ont débouché sur des morts. Ce n’est pas comme ça que je vois la Côte d’ Ivoire, que je voyais mon combat. Moi, j’ai été aux Etats -Unis à 20 ans pendant qu’il y avait le mouvement de Martin Luther King. J’ai admiré cet homme. J’ai bien connu Mandela. J’ai une vision que c’est par la paix, l’humilité et le pardon qu’on peut renforcer les liens entre les peuples. Il faut tirer les leçons de ce qui s’est passé.

Je considère qu’en tant qu’homme politique, j’ai commis des torts à mes concitoyens, et je demande pardon. Parce que si vous n’avez pas le courage de le faire, le pays n’avancera pas. Nous devons nous dire, demander pardon n’est pas suffisant. Il faut se dire que ça ne va plus jamais se recommencer. Ce qui s’est passé ne doit plus jamais se reproduire. Nous le devons à notre pays. Nous avons un grand pays. Et le sens de patriote, c’est celui qui aime le bien de son pays. Le pays doit être au-dessus de chacun de nous. Et souvenez-vous, nous l’avons dit, le président Bédié et moi, beaucoup de gens ont pensé que nous n’allions jamais nous réconcilier. Mais, nous l’avons fait parce que nous aimons la Côte d’Ivoire. Donc, ce que je voudrais dire ce soir à mes concitoyens, faisons preuve d’humilité, demandons pardon. Disons que la réconciliation est quelque chose que nous devons obtenir à tout prix. Et que c’est en chacun de nous, c’est dans chaque famille, c’est dans chaque village, c’est dans toutes les villes que nous devons nous prendre la main dans la main.

Nous devons nous dire que nous avons un rêve pour notre pays. Je crois qu’il faut rêver pour réussir. Nous devons nous dire, nous avons un pays qui a un tel potentiel, mais pourquoi nous ne devons pas être parmi les premiers en Afrique ? Il faut que nous le fassions. Et il faut se mettre au travail. D’ailleurs, je vais vous dire que mon logo, c’est RTI.

C’est Rassemblement, Travail, Initiative. Les jeunes doivent prendre des initiatives. Ça été difficile, mais ils doivent tourner la page. Ils doivent se dire qu’ils ont pu être trompés ici et là, mais ce n’est pas important. Il y a des opportunités qui se créent, il faut qu’ils en profitent. Il faut qu’ils s’engagent. Qu’ils se disent que les erreurs des uns et des autres, ce n’est plus important. Si on veut se réconcilier, on ne revient pas sur le passé. On va de l’avant. Et il faut qu’ils aillent de l’avant.

Q : Cet entretien, Monsieur le président, est le premier que vous accordez à la presse nationale sur le territoire national. Qu’est-ce que vous pensez de la presse ivoirienne ? Et quelle garantie de sécurité pour la liberté de la presse sous votre pouvoir ?

ADO : Je crois que nous faisons tout ce que nous pouvons. Moi, je pense d’abord que notre presse a joué d’abord un rôle aussi… Les journalistes doivent demander pardon aux Ivoiriens, parce que cette presse a été quelque fois terrible. Je ne suis pas le seul en avoir été victime. Beaucoup ont vécu les mensonges, les insultes. Je souhaite vraiment que la presse s’améliore. D’ailleurs, on a tout un programme de formation des journalistes et tout.

Mais, il y a eu de la manipulation aussi des hommes politiques. La presse doit être libre de tous, libre des hommes politiques, libre des hommes d’argent. Et la presse, les journalistes doivent être protégés également, ils doivent être responsables. Il y a dans la République, et ces lois doivent être appliquées à tous. Les journalistes ne font pas exception. Un journaliste est d’abord un citoyen. Certains journalistes ne font que du journalisme. Mais certains autres font autre chose que le journalisme. Alors, s’ils sont pris sur le terrain qui n’est pas le journalisme, c’est trop facile de dire nous sommes journalistes, donc, nous ne devons pas être condamnés. Ça, je ne l’accepterai pas. L’Etat de droit, c’est assumer ses responsabilité.

Donc, je résume pour dire que nous avons une presse qui a une lourde responsabilité dans la crise que nous avons vécue. Nous devons faire en sorte qu’elle s’améliore. C’est un peu notre responsabilité en tant qu’autorité publique de leur donner des opportunités d’aller en stage, d’alimenter le fonds de développement et de soutien à la presse. Tout ça, je le fais, je suis en train de le financer. Mais, il faut que les journalistes se disent qu’ils sont d’abord des citoyens, et que la loi de la République leur sera appliquée.

Q : Monsieur le président, ce sera le mot de la fin. Merci d’avoir répondu à nos questions.

La victime qui demande pardon

La force du pardon ! Cette posture n’a jamais quitté le Président Alassane Ouattara. Il la porte en lui de façon naturelle. Le vendredi dernier, le Chef de l’Etat a entonné à nouveau, l’hymne du pardon et de la réconciliation nationale. Face à ses compatriotes, dans un débat suivi à travers tout le pays, le Président de tous les Ivoiriens a pris la tête de la dynamique du Pardon qui berce la Côte d’Ivoire issue de nombreuses années de lourds contentieux politiques. En toute humilité voire humiliation, il a reconnu sa part de responsabilité dans les évènements qui se sont déroulés dans son pays. « Je crois que chacun de nous, quelque part, s’est senti victime. Et la démocratie est difficile à construire… Je considère qu’en tant qu’homme politique, j ai commis des torts à mes concitoyens, et je demande pardon. Parce que si vous n’avez pas le courage de le faire, le pays n’avancera pas. Nous devons nous dire que demander pardon n’est pas suffisant. Il faut se dire que ça ne va plus jamais se recommencer », a soutenu le président en exercice de la CEDEAO. C’est désormais de notoriété en Côte d’Ivoire. Le fait n’est pas nouveau chez le Chef de l’Etat. Toute sa campagne électorale a été axée sur la paix, le pardon et la réconciliation. Partout où il est passé dans tout le pays, il a exhorté ses compatriotes au pardon des offenses sans lequel rien de solide ne peut se construire. « Pour la Côte d’Ivoire, je vous demande de pardonner ». Bien avant cela, c’est au Forum pour la Réconciliation Nationale qu’Alassane Ouattara a lancé la grande croisade pour la réconciliation. « Je demande pardon à la Côte d’Ivoire et je demande à mes adversaires d’en faire autant », avait-il martelé. Toute la Côte d’Ivoire a été émue devant le discours de cette personnalité qui a vécu et subi toutes sortes d’exclusion, de diabolisation, d’injures et de tentatives d’assassinat, demander pardon à ses bourreaux et accusateurs. Dieu seul sait ce que cet homme a enduré au cours des deux dernières décennies dans le landerneau politique ivoirien. C’est sans doute la marque des grands hommes, de cette race de victimes qui demandent pardon à leurs victimaires. En effet, si Alassane Ouattara qui a vécu les outrages les plus inimaginables, à qui l’on devrait présenter des excuses, est capable de faire preuve de tant de don de soi, de renoncement pour l’unité et la réconciliation de son pays, l’exercice devrait être aisé pour ses tortionnaires. Depuis la fin de la crise postélectorale, l’opinion attend ce devoir de la part des refondateurs qui, pendant dix ans, ont fait vivre de pires cauchemars à leurs concitoyens. Hélas, les frontistes se refusent à le faire, comme s’ils n’avaient aucune souvenance des torts faits à la Côte d’Ivoire. Voir Alassane Ouattara, la victime des régimes successifs, l’homme qui devrait en principe être envahi de haine et de rancœur, implorer le pardon de ses concitoyens, le signal est là que le pardon est possible si chacun y met du sien. Le Chef de l’Etat a donné le ton, tout le monde doit emprunter les chemins de la réconciliation. La Côte d’Ivoire en a grandement besoin.

Bakary Nimaga
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