Jamais une junte n’a été aussi isolée que celle qui a renversé le président malien Amadou Toumani Touré (ATT). Amadou Sanogo, le chef putschiste et ses hommes sont plus que jamais voués aux gémonies et sont à priori présentés comme des fossoyeurs de la démocratie malienne plutôt qu’en redresseurs de tort comme ils veulent le faire croire. Outre les multiples condamnations qui fusent de partout, dans le monde entier, ces indésirables doivent désormais faire face à une fronde interne soutenue par les principaux leaders de la classe politique malienne. En effet, le 26 mars dernier, des milliers de Maliens avaient pris d’assaut les rues de Bamako pour exiger le départ immédiat et sans condition du capitaine Sanogo et sa bande du pouvoir. De quoi troubler le sommeil de ces «fantassins» qui croyaient pourtant qu’en alléguant la mollesse et le laxisme du président ATT face à la rébellion touareg et aux multiples prises d’otages d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ils s’attireraient sans coup férir la sympathie de l’opinion malienne et internationale. Rien de tout cela. Au contraire, l’étau semble se resserrer davantage autour d’eux. Surtout la gaffe commise mardi dernier en interdisant aux avions des chefs d’Etats de la Cedeao d’accéder au tarmac de l’aéroport de Bamako. Acculée et coincée, la junte qui fait feu de tout bois pour légitimer son pouvoir, appelle les rebelles touaregs qui viennent d’occuper les villes de Tombouctou au nord du Mali et celle de Gao le 31 mars dernier, à déposer les armes. Il faut également noter que l’Onuci vient de déployer des moyens conséquents pour la sécurisation de la frontière ivoiro-malienne. Ainsi, des patrouilles terrestres et aériennes ont été effectuées la semaine dernière. Le porte-parole de l’Onuci Hamadoun Touré a assuré sur les antennes d’une radio étrangère que la situation est sous contrôle et le flux en ce qui concerne la circulation des personnes et des biens est normal. «C’est une mesure de précaution et de sauvegarde que nous prenons chaque fois qu’il y a des tensions à la frontière ivoirienne, quel que soit le pays dans lequel il y a ces tensions. C’est une mesure que nous prenons de manière automatique pour faire face à la situation», explique-t-il.
Yann Dominique N’guessan
Yann Dominique N’guessan