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International Publié le lundi 2 avril 2012 | Trait d’Union

Gestion du dossier malien : Une bombe entre les mains de Ouattara

Les tournures que prenne la gestion du coup d’Etat survenu au Mali, le jeudi 22 mars 2012, avec l’atterrissage avorté de chefs d’Etats de la CEDEAO le jeudi 27 mars 2012 à l’aéroport de Bamako, indiquent clairement que le président ivoirien, Ouattara tient entre ses mains, non pas une patate chaude, mais une bombe. Ceux qui ont pensé que de simples ultimatums ou des menaces d’attaque à l’égard des auteurs du coup d’Etat survenu le jeudi 22 mars 2012 au Mali, auraient vite fait plier l’échine au capitane Amadou Aya Sanogo et ses camarades mutins, en ont pour leurs frais. La gestion du dossier malien pour le tout nouveau président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le chef d’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, se révèle être plus complexe qu’il ne paraissait. A l’issue du coup de force des militaires maliens, certains ont parlé de « baptême de feu » pour Ouattara en sa qualité de nouveau président de la CEDEAO. Ce dossier se présente, en effet, comme la première affaire d’envergure au lendemain de son élection à la tête de l’organisation sous-régionale. Il est vrai que pour beaucoup, notamment ses partisans en Côte d’ivoire, le dénouement heureux de la situation malienne, tel que voulu par le locataire du palais du Plateau, sera une dividende politique dont il pourrait se prévaloir au moment opportun. Mais tout reste à faire. Mardi 22 mars 2012, à Abidjan, Ouattara convoque une réunion d’urgence sur la question malienne, avec certains de ses pairs de la sous-région. A l’issue de ce sommet, le capitaine Sanogo est sommé de rendre le pouvoir au président déchu. Pour mieux se comprendre du putschiste malien, Ouattara et certains de ses pairs décident de se rendent à Bamako afin de lui faire savoir de vive voix le contenu du communiqué final de la rencontre d’Abidjan. Et pourquoi pas présenter au capitaine Sanogo les dangers que ses camarades et lui encourent s’ils n’abdiquent pas. Mais voilà que, le jeudi 27 mars 2012, l’avion, avec à son bord plusieurs présidents de la sous-région dont Ouattara, ne peut se poser à l’aéroport de Bamako. Raison : les partisans du coup d’Etat ont envahi la piste d’atterrissage. Après certainement plusieurs détours dans le ciel malien, l’appareil volant s’est résolu à regagner Abidjan d’où il était parti quelques heures plutôt. Pour un baptême de feu, on se peut le dire, l’homme vient d’être victime de premières brûlures. Un incident qui indique, à plusieurs égards, que Ouattara détient entre les mains une bombe qui peut exploser à tout moment. Dette de Ouattara vis-vis d’ATT Si le nouveau président de la CEDEAO a pris le dossier malien à bras-le-corps, ce n’est seulement pas pour indiquer aux militaires maliens et à ceux comme eux qui se seraient tentés par ce genre d’agissement, que « le temps des coups d’Etat est fini ». Ou en sa qualité de président de l’organisation sous-régionale. Alassane Ouattara, dans le bras de fer qui l’a opposé au Président Laurent Gbagbo à l’issue de la présidentielle passée, a bénéficié du soutien du président déchu, Ahmadou Toumani Touré (ATT). Dès sa prise du pouvoir, le 11 avril 2011, l’ancien président malien avait même effectué un voyage en Côte d’Ivoire, précisément à Yamoussoukro, pour le baptême d’une promotion de l’armée nationale à Zambakro portant son nom. Aujourd’hui, ce dernier est en situation difficile et Ouattara ne pouvait pas rester les bras croisés. Outre cette réaction qui prend des allures de retour de l’ascenseur à un bienfaiteur, l’engagement soutenu du chef d’Etat ivoirien dans le dossier malien pourrait tirer également ses motivations ailleurs. La rébellion ivoirienne dont l’époux de Dominique Ouattara a été l’heureux bénéficiaire avait également jouit du soutien du Mali d’Alpha Omar Konaré, quand ce dernier était aux affaires au pays de Soundjata Kéita. Une rébellion dont certains impute la paternité à Ouattara. Dans tous les cas, même si le Mali n’était pas d’un soutien actif, il n’en demeure pas moins que pays a assisté Guillaume Soro et ses camarades rebelles. Un tel pays coute cher au nouvel homme fort de Côte d’Ivoire. Raison pour laquelle Ouattara ne peut rester sans réaction : il doit honorer sa dette vis-à-vis du Mali et son « ami » ATT. Cependant, honorer celle-ci ne peut être sans danger pour le numéro un ivoirien. Des vérités peuvent éclater L’engagement du président Ouattara au Mali pourrait se faire sur un terrain très glissant. Si tel est que le chef de l’Etat ivoirien a des liens avec la rébellion qui a endeuillé la Côte d’Ivoire pendant près de 10 années, il est clair que les militaires maliens peuvent savoir des choses pas bien à étaler sur la place publique. Ce parce que le Mali a été d’un soutien indéniable pour son accession au pouvoir. Toute chose qui pourrait freiner l’ardeur de Ouattara au pied du mont Koulouba. En plus de ces vérités qui pourraient éclater, attaquer le Mali pourrait s’avérer une aventure périlleuse pour le pouvoir Ouattara. La Côte d’Ivoire qu’il dirige aujourd’hui est certes stable, mais la situation reste volatile. Engager les troupes ivoiriennes sur un autre front pourrait amener l’armée à se découvrir ou à laisser le terrain à ceux qui veulent que Ouattara dégage le plancher. Quant on sait que la cohésion au sein des forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) n’est pas de mise, le danger devient plus que grand de s’embourber au Mali. Outre la Côte d’Ivoire qui se mettra à découvert, il y a aussi le Burkina-Faso où les bruits de bottes sont depuis quelques temps monnaie courante. Or c’est sûr que Blaise Compaoré ne laissera pas son homologue ivoirien s’aventurer à Bamako seul. Ainsi, tout comme la Côte d’ivoire, le régime de Compaoré sera sur une mauvaise pente en cas d’attaque du Mali. Outre le péril qui peut guetter ces pays et bien d’autres dans la sous-région en cas d’offensive militaire, il y a le pan financier de la guerre annoncée au Mali. L’option militaire, nul ne l’ignore, ne se borgne pas uniquement à la fourniture des hommes. Il faut de l’argent. Beaucoup d’argent même. Or la situation économique de plusieurs pays au sein de la CEDEAO est sous perfusion. La Côte d’Ivoire, pays-phare après le Nigeria, qui sort d’une crise post-électorale, à mal à son économie. Et ce n’est pas évident qu’elle puisse financer une guerre qu’on peut éviter. Au finish, la gestion du dossier malien est plus complexe qu’on le croit. Une bombe, dont la déflagration peut avoir des conséquences insoupçonnées.

Romarick N. Foua
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