C’est une nouvelle qui a jeté l’émoi au sein de la communauté française vivant en Côte d’Ivoire et qui a assommé la communauté internationale. Le 4 avril 2010, le directeur de l’Hôtel Novotel, Stéphane Frantz di Rippel, a été enlevé avec un autre Français, Yves Lambelin, président du Groupe Sifca, première entreprise privée de Côte d`Ivoire. Avec eux, un Malaisien, Chelliah Pandian, directeur général de Sania, filiale du groupe Sifca, et un Béninois, Raoul Adeossi, assistant de M. Lambelin. Tous les quatre ont été kidnappés par des hommes armés qui ont fait irruption dans l`hôtel alors que la capitale ivoirienne était en proie à de violents combats entre fidèles de Laurent Gbagbo et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire pour la ‘’libération’’ d’Abidjan. Et que le Plateau était encore sous contrôle des partisans de Laurent Gbagbo. Selon toute vraisemblance, les otages auraient été emmenés après leur rapt, au palais présidentiel. Ces assassinats allongent la liste-déjà trop longue d’ailleurs- des exécutions extrajudiciaires et des enlèvements sous le régime déchu. Près de deux mois plus tard, deux corps, retrouvés fin mai dans la lagune près d`Abidjan, ont été soumis à des expertises médico-légales. Le 2 juin, la mort du patron du Novotel avait été annoncée. Le corps d`Yves Lambelin, a été identifié tandis que celui du directeur de l`hôtel, Stéphane Frantz di Rippel, ne l`a pas été. Il semble cependant, d`après des témoignages, que des hauts responsables militaires très proches de Laurent Gbagbo aient évoqué la mort de Stéphane Frantz di Rippel et ordonné à leurs subordonnés de se débarrasser de son corps. Selon des témoignages dignes de foi, le Directeur général de l’Hôtel Novotel et son compatriote, Yves Lambelin ont payé cash, le prix de leur courage: celui de n’avoir pas voulu livrer des journalistes que les présumés assassins recherchaient. En effet, selon Jacques Frantz di Rippel, le père du patron de Novotel, «les militaires ont demandé où étaient les journalistes, et mon fils a répondu: `’il n`y a pas de journalistes ici`’. Son collègue, Yves Lambelin, a alors voulu intervenir, et les deux Français ont été embarqués par ces militaires. L`identité des kidnappeurs n`est apparemment pas connue». Poursuivant, il ajoute qu’au début «nous pensions qu`ils avaient été enlevés par des gens de Gbagbo et qu`ils avaient été conduits à la présidence de la République. Or ils n`ont trouvé personne. Toutefois, à leur sortie de l`hôtel, les deux otages ont été filmés. Il y aurait comme patron de ces kidnappeurs, un commandant. Le problème c`est que nous n`avons aucune information là-dessus", a-t- dit sur les ondes d’une radio française. Un dossier suivi de très près par la justice ivoirienne. A propos justement de l’enlèvement, la séquestration et l’assassinat de Yves Lambelin et de ses compagnons, «un gendarme a été inculpé et placé sous mandat de dépôt, ce qui porte à 20, le nombre des personnes inculpées dans cette procédure qui suit son cours,» avait fait savoir, le 28 octobre 2011, Habiba Coulibaly, Substitut du Procureur et porte-parole du Procureur de la République lors d’un point de presse à Abidjan.
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET