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Politique Publié le jeudi 5 avril 2012 | Nord-Sud

Gestion au Mali : La Cedeao doit-elle revoir sa copie ?

© Nord-Sud Par Aristide
Crise malienne: le Président Alassane Ouattara et les autres chefs d`Etat de la CEDEAO ont tenu un Sommet extraordinaire à Dakar (Sénégal) sur le Mali
Lundi 2 avril 2012. Dakar (Sénégal). Sommet extraordinaire des chefs d`Etat de la CEDEAO sur le Mali
Voilà un demi-mois (22 mars – 5 avril) que dure la crise au Mali. La communauté internationale continue d’être indignée. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), elle, en est à chercher plus d’efficacité.

La junte militaire malienne tient tête. Les insurgés du 22 mars menés par le capitaine Amadou Haya Sanogo détiennent toujours le pouvoir. Cela, après quinze jours qu’ils ont renversé le président Amadou Toumani Touré (Att), pour « incapacité » à mâter la rébellion touarègue, au nord du pays. Une semaine après la rupture de l’ordre constitutionnel, on n’avait pas pensé que la junte camperait sa position d’aujourd’hui. Tellement qu’elle avait été échaudée par la colère du monde entier. Dire qu’elle avait commencé à frémir, en prenant dans un premier temps acte du lourd précédent qu’elle fait concéder au Mali. Puis, en annonçant, dimanche, qu’elle s’engageait à rétablir l’ordre constitutionnel le même jour. Mais dans les faits, les membres du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (Cnrdre) démontrent qu’ils rusent. Ils semblent vouloir s’engager dans une guerre d’usure.

La Cedeao face à ses responsabilités

Pour certainement gagner plus de temps, en vue de dérouler leurs ambitions. Et cela n’a pas tardé. Car, les putschistes on brandi la menace des « poursuites  judiciaires » contre le président déchu. Autant dire qu’Amadou Sanogo et ses ‘’frères d’armes‘’ont sorti leur monnaie d’échan­ge contre l’adhésion des forces vives maliennes à la convention nationale qu’il propose. Dès lors, la Cedeao qui a abordé la crise malienne avec fermeté, en prenant des sanctions sévères, peut-elle faire sans les hommes forts du sud Mali ? La communauté ouest-africaine n’y est pas allée de main morte. Un ultimatum de 72 heures, puis un autre de 48h. Un déni de légitimité, gel des avoirs, suspension du Mali… Et, le summum, une montée éventuelle en puissance de la force en attente (l’Ecomog). Toute l’armada des mesures drastiques brandies en l’espace d’une semaine laisse conforter l’idée que la communauté y est allée vite. Sans obtenir, hélas, gain de cause dans le délai qu’elle l’avait voulu. A présent que les chefs d’états-majors ouest-africains se réunissent, aujourd’hui même à Abidjan, on est en droit de se demander qu’elle l’attitude elle va adopter face à ses interlocuteurs entêtés. La situation est devenue complexe. Et les solutions de la Cedeao laissent perplexes. Faut-il vraiment dégager le Cnrdre de force ou faut-il négocier ? Voilà la vraie équation qui est à l’ordre du jour. Car, si la Cedeao a réussi à décanter la situation ivoirienne par la voie militaire, force est de reconnaître que le cas malien ne s’apparente pas à celui de la Côte d’Ivoire. En plus de ce que le Mali est un pays économiquement fragile, il abrite des bandes armées influentes. Qui dictent aussi leur loi, depuis qu’elles se livrent à un véritable chassé croisé dans une guerre d’occupation du nord Mali. Le Mouvement national de libération de l’Azarwad (Mnla) et le groupe salafiste Ansar Dine s’imposent désormais comme des entités avec lesquelles il faut absolument compter dans la pacification du pays. La Cedeao va-t-elle faire fi de cette réalité et foncer, tête baissée, contre la junte ? Difficile d’y croire, tant elle est consciente d’une autre menace, redoutée: l’expansion soupçonnée d’Al Qaïda vers le territoire malien.

D’ailleurs, si l’option militaire était déclenchée, comment la Cedeao peut-elle contenir la coalition, possible, avec l’un des groupes rebelles cités plus haut ? La sous-région n’est pas encore au bout de ses peines. Certains pays de la Cedeao comme le Nigéria, le grand donateur de contingent militaire, est en proie à une crise. La Côte d’Ivoire qui assure la présidence de la communauté sort fraîchement de crise et expérimente une relance économique. Bref, la composition de la force de l’Ecomog reste énigmatique.

L’humanitaire : un autre problème
Conséquence, la Cedeao pourrait bien être contrainte de revoir sa copie, si elle ne veut pas réaliser à partir du Mali l’explosion qu’elle évitait, selon elle, à la sous-région avec le cas ivoirien. Le Mali n’est certes pas un poumon économique mais une crise mal contrôlée dans ce pays est successible d’aggraver l’instabilité au-delà de ses frontières. Déjà 18.000 personnes soit 2700 ménages maliens ont trouvé refuge au Burkina Faso voisin, selon la Croix-Rouge burkinabé. Les réfugiés, dit-elle, témoignent au quotidien de conditions de vie difficiles en matière d’abris, d’accès à l’eau, aux soins de santé et de sécurité alimentaire. Si ces Maliens qui espéraient avoir gîte et couvert peinent à survivre que dire de leurs compatriotes restés au pays et à qui un embargo coupe les vivres. La réalité de l’humanitaire est donc une autre équation qui vient s’ajouter aux donnes politique et militaire. A ce niveau, la Cedeao est interpellée et se voit obligée de la jouer douce. Au risque d’aggraver l’implosion sociale chez les voisins du Mali.

Bidi Ignace
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