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Afrique Publié le samedi 7 avril 2012 | Nord-Sud

Crise dans l’Azawad : Les rebelles se déchirent…

La décision de la Cedeao de ne pas adouber l’Azawad n’est pas du goût des séparatistes et de leurs alliés salafistes. Ils ont décidé de mettre entre parenthèses leurs divergences pour faire front. «Quiconque essaiera de nous attaquer chez nous, aura des problèmes chez lui », prévient Billal Ag Chérif, secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla).

Si la cohabitation et la gestion des villes conquises commencent à les diviser, il n’en demeure pas moins que les groupes rebelles du nord-Mali cherchent à refaire leur unité pour contrecarrer une éventuelle intervention étrangère. Selon des sources sur place à Gao, Iyad Ag Ghaly et Bilal Ag Cherif ont convoqué une réunion en vue de mettre en place une stratégie commune contre la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). «S’ils continuent comme ça, ils vont le regretter et sentir les conséquences à domicile », menacent-ils. «La Côte d’Ivoire et la Cedeao sont en paix, les affaires y sont florissantes, alors que le Mali est en plein chaos », disent-ils, affirmant que leurs hommes étaient prêts à frapper au cœur des intérêts des agresseurs ouest-africains.

Veillée d’armes entre factions

«Il faut que la Cedeao ne se mette pas à l’écart », expliquent les rebelles. «Les accusations mises en avant par la communauté internationale sont, au mieux, sans fondement et ... ne sont pas soutenues par des preuves vérifiables. Ils ne sont, en quelque forme que se soit, attribuables aux patriotes du Mnla », précise le porte-parole Moussa Ag Tahir. Les activistes enturbannés ne sont pas les seuls à s’opposer à l’intervention miliaire chez eux. Les politiciens pro-junte jugent aussi inopportune toute intervention à Bamako. Tout au plus, certains comme Oumar Mariko, secrétaire général du parti Solidarité africaine pour le développement et l’intégration (Sadi), souhaitent que la Cedeao aille chasser les rebelles dans le septentrion. Au marché, dans les rencontres, des manifestations sont organisées pour attaquer le président ivoirien, Alassane Ouattara. Sur la radio privée «Kahira », proche du parti Sadi, les mots les plus durs sont tenus à l’encontre du chef de l’Etat de Côte d’Ivoire.

Avant-hier, à la Bourse du travail de Bamako, des manifestants visiblement gonflés à bloc, ont protesté contre « une campagne agressive incessante menée par certains pays voisins dans le cadre d’un complot extérieur visant le Mali », allusion faite au Burkina Faso et à la Côte d’Ivoire. Dans les milieux intellectuels, on appelle à l’allègement de l’embargo. Si la question de la Cedeao a semble-t-il, mis en veilleuse les clivages internes, il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que les troupes insurgées du nord-Mali, sont au bord de la déchirure.

En effet, après la victoire sur les troupes maliennes, des divergences se font de plus en plus béantes entre les groupes armées « au pouvoir » dans le nord-Mali notamment sur les orientations à donner à ce triomphe. La situation est d’autant explosive que chaque faction a un agenda personnel. De toute évidence, l’on s’achemine vers un autre conflit interne à la zone dans la mesure où les alliés ont de sérieux problèmes de partage de butin, chacun ayant décidé d’asseoir son hégémonie sur des positions stratégiques dans les principales villes. Comment pouvait-il en être autrement dans un contexte où les objectifs sont aussi différents les uns des autres. D’abord, le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla). Il est le plus important avec un millier de combattants, selon de bonnes sources.

Organisation laïque, il regroupe une bonne partie des touaregs et est issu de la fusion, en 2010, du Mouvement national de l’Azawad (MNA), un groupe de jeunes intellectuels et de militants politiques, et des guérilleros de l’Alliance touareg Niger Mali (Atnm), auxquels sont venus s’ajouter des combattants touaregs servant, jusqu’à l’année dernière, dans l’armée de Mouammar Kadhafi. Son secrétaire général Bilal Ag Cherif qui vient de proclamer l’indépendance, revendique, ni plus ni moins, la sécession de l’Azawad, une bande de terre désertique et rocailleuse. Le second groupe, Ansar Dine (défenseur de la foi), prône l’instauration de la loi coranique sur l’ensemble du territoire malien. Son chef, Iyad Ag Ghali, est l’un des chefs historiques de la rébellion dans les années 1990. Après la signature d’un accord de paix avec Bamako, en 2006 à Alger, il est nommé consul du Mali à Djeddah, en Arabie Saoudite. Sur place, il fréquente activement les milieux salafistes. Après une escale en France, il réapparait au Mali et joue les négociateurs en chef pour les prises d’otages d’occidentaux, notamment entre des officiels français et espagnols et les terroristes. Il reprend le maquis en 2011 à la tête d’un nouveau mouvement baptisé Ansar Dine, après avoir été vertement écarté des structures dirigeantes du Mnla. Avec sa longue barbe, il flirte sans s’en cacher avec la nébuleuse Al Qaida et milite ouvertement pour la fermeture des bars, la fin de la mixité à l’école, le voile obligatoire pour les femmes et l’interdiction de l’alcool.

A ces deux groupes, il convient d’ajouter, Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), deux redoutables groupes terroristes combinant des trafics en tous genres avec le rapt d’occidentaux. Les deux chefs Ben Moctar et Abou Zéid sont actuellement à Tombouctou. On le voit, après l’aller contre le Mali, le match retour entre amis ne manquera pas d’intérêt.

Lanciné Bakayoko, envoyé spécial à Bamako
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