Elu député en 2001, Babacar Gueye est le premier président du groupe parlementaire libéral et démocratique quand le Parti démocratique sénégalais, (Pds), le parti d’Abdoulaye Wade, accède au pouvoir en 2000. Il est élu en 2003 vice-président de l’assemblée nationale. Le président du conseil régional de Kafrine, à 250 Km de Dakar, et porte-parole Pds nous a reçus chez lui au quartier Sacré-Cœur 3. Entretien.
Qu’est-ce explique la défaite de Wade le 25 mars 2012 ?
Sur le bilan, le président aurait été réélu. Je pense que ça s’est joué dans le besoin de changement, mais aussi dans la psychose qui a été créée au premier tour. Les opposants ont bien manœuvré en mobilisant les populations, particulièrement les jeunes, en manifestant de manière systématique, à la limite, violente. Les Sénégalais se sont dits : autant faire partir Abdoulaye Wade. Ce ‘’Wade dégage’’ a bien fonctionné de mon point de vue. Deuxièmement, le président Wade n’a pas su avoir autour de lui un bon directoire de campagne. On a nommé un directeur de campagne, mais il a manqué un directoire bien structuré. On n’avait pas assez élaboré la méthode et les actions sur le terrain.
Pourquoi le dites-vous maintenant ?
Je l’ai dit si tôt en interne. Je l’ai aussi relevé après le premier tour. Dans une interview publiée dans Le Quotidien, je disais exactement la même chose. J’ai même dit que presque tous ceux qui étaient autour du président ne lui servaient à rien. J’ai été son ancien directeur de cabinet politique. Je suis parti pour des considérations personnelles, et je me rends compte que ce qui avait plombé la collaboration que j’avais avec le président a demeuré dans son environnement.
S’agit-il de ces proches que beaucoup de Sénégalais accusent d’avoir barricadé le président et de mépriser le peuple après s’être enrichis de façon illicite ?
Pourquoi pas ? Mais c’est aux populations de nommer ces personnes-là. Je m’en garde et même si par moment on peut penser que je ne suis pas d’un abord facile, je ne me reproche rien. Cette maison (la villa qu’il occupe au quartier Sacré Cœur) a été acquise en 1991, neuf ans avant l’alternance de Wade. J’étais déjà propriétaire ici dans ce quartier de Dakar. Je ne me reproche rien d’autant que je sais me battre pour gagner ma vie. Je l’ai fait avant l’alternance et je continue à le faire. Par contre, j’ai effectivement constaté que le pouvoir a dû griser et changer certaines personnes. Peut-être qu’elles étaient ainsi avant, peut-être que c’est le pouvoir qui les fait changer, mais ces personnes n’étaient pas bien perçues dans leur manière de faire, dans leur subite enrichissement et peut-être dans leur comportement à l’égard des Sénégalais.
Qu’est-ce que l’appareil du Pds a-t-il fait face à cette situation, vu que tout parti politique est censé influencer positivement, voire corriger en cas de dérapage la politique du président qu’il a porté au pouvoir ?
Il ne s’agit pas ici en tant que tel de la politique du président de la République. Il s’agit du comportement de ce qui sort justement dans l’appareil. C’est valable ici comme ailleurs. En Côte d’Ivoire, au Cameroun et partout ailleurs, vous verrez autour du président des gens arrogants, des gens qui s’enrichissent très vite. Cela fait partie des avatars du pouvoir. Comme on le dit, le pouvoir absolu corrompt absolument. La corruption ce n’est pas que ça change l’homme, mais ça donne des possibilités de lucre de corruptions à tout point de vue : corruptions morale, financière, économique ou sociale. Malheureusement, on n’a pas échappé à cette règle-là. Je souhaite que Macky Sall et son équipe puissent changer les choses au grand bonheur des Sénégalais. Parce qu’en réalité, les pays africains pèchent par cela : le culte de la transparence dans la gestion des deniers publics, le comportement républicain. De mon point de vue, être ministre ne signifie pas être coupé de la société. On a l’habitude de voir des gens, dès qu’ils sont nommés ministres, ils changent de maison, de voiture, de fréquentation. Ils deviennent inaccessibles. Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne méthode pour rester sympathique vis-à-vis des populations.
Entretien réalisé par C.S
Qu’est-ce explique la défaite de Wade le 25 mars 2012 ?
Sur le bilan, le président aurait été réélu. Je pense que ça s’est joué dans le besoin de changement, mais aussi dans la psychose qui a été créée au premier tour. Les opposants ont bien manœuvré en mobilisant les populations, particulièrement les jeunes, en manifestant de manière systématique, à la limite, violente. Les Sénégalais se sont dits : autant faire partir Abdoulaye Wade. Ce ‘’Wade dégage’’ a bien fonctionné de mon point de vue. Deuxièmement, le président Wade n’a pas su avoir autour de lui un bon directoire de campagne. On a nommé un directeur de campagne, mais il a manqué un directoire bien structuré. On n’avait pas assez élaboré la méthode et les actions sur le terrain.
Pourquoi le dites-vous maintenant ?
Je l’ai dit si tôt en interne. Je l’ai aussi relevé après le premier tour. Dans une interview publiée dans Le Quotidien, je disais exactement la même chose. J’ai même dit que presque tous ceux qui étaient autour du président ne lui servaient à rien. J’ai été son ancien directeur de cabinet politique. Je suis parti pour des considérations personnelles, et je me rends compte que ce qui avait plombé la collaboration que j’avais avec le président a demeuré dans son environnement.
S’agit-il de ces proches que beaucoup de Sénégalais accusent d’avoir barricadé le président et de mépriser le peuple après s’être enrichis de façon illicite ?
Pourquoi pas ? Mais c’est aux populations de nommer ces personnes-là. Je m’en garde et même si par moment on peut penser que je ne suis pas d’un abord facile, je ne me reproche rien. Cette maison (la villa qu’il occupe au quartier Sacré Cœur) a été acquise en 1991, neuf ans avant l’alternance de Wade. J’étais déjà propriétaire ici dans ce quartier de Dakar. Je ne me reproche rien d’autant que je sais me battre pour gagner ma vie. Je l’ai fait avant l’alternance et je continue à le faire. Par contre, j’ai effectivement constaté que le pouvoir a dû griser et changer certaines personnes. Peut-être qu’elles étaient ainsi avant, peut-être que c’est le pouvoir qui les fait changer, mais ces personnes n’étaient pas bien perçues dans leur manière de faire, dans leur subite enrichissement et peut-être dans leur comportement à l’égard des Sénégalais.
Qu’est-ce que l’appareil du Pds a-t-il fait face à cette situation, vu que tout parti politique est censé influencer positivement, voire corriger en cas de dérapage la politique du président qu’il a porté au pouvoir ?
Il ne s’agit pas ici en tant que tel de la politique du président de la République. Il s’agit du comportement de ce qui sort justement dans l’appareil. C’est valable ici comme ailleurs. En Côte d’Ivoire, au Cameroun et partout ailleurs, vous verrez autour du président des gens arrogants, des gens qui s’enrichissent très vite. Cela fait partie des avatars du pouvoir. Comme on le dit, le pouvoir absolu corrompt absolument. La corruption ce n’est pas que ça change l’homme, mais ça donne des possibilités de lucre de corruptions à tout point de vue : corruptions morale, financière, économique ou sociale. Malheureusement, on n’a pas échappé à cette règle-là. Je souhaite que Macky Sall et son équipe puissent changer les choses au grand bonheur des Sénégalais. Parce qu’en réalité, les pays africains pèchent par cela : le culte de la transparence dans la gestion des deniers publics, le comportement républicain. De mon point de vue, être ministre ne signifie pas être coupé de la société. On a l’habitude de voir des gens, dès qu’ils sont nommés ministres, ils changent de maison, de voiture, de fréquentation. Ils deviennent inaccessibles. Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne méthode pour rester sympathique vis-à-vis des populations.
Entretien réalisé par C.S