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Politique Publié le mardi 10 avril 2012 | Le Patriote

Souvenir, souvenir Lorng Charles, revient sur ses derniers jours à Yopougon : “Je suis passé à côté de la mort”

Yopougon la joie, comme aiment à l’appeler les Abidjanais, s’est transformé le temps d’une crise, en Yopougon la mort. Pour contenter leur leader, des jeunes aux ordres, appuyés par des mercenaires et miliciens ont brûlé et tué souvent même leurs voisins. Par la volonté divine, certains comme Lorng Charles ont échappé à une mort certaine. Un an après, ce rescapé revient sur les évènements qui ont connu leur paroxysme au mois d’avril.
Je suis sorti de Yopougon dans la première semaine d’Avril. Avant cette date, je me croyais en sécurité. J’habite Yopougon Académie. Mon voisin immédiat est un policier. Par la proximité, nous avons fini par sympathiser. Ses enfants étaient devenus, mes « bons petits du quartier », mes filleuls. Ils fréquentaient ma famille et les miens aussi fréquentaient ses enfants. Sans eux, je ne serais pas en vie aujourd’hui. Un matin, ils sont venus me voir, en me suppliant ma famille et moi de quitter au plus vite le quartier, parce que leur papa aurait tenu avec son groupe une réunion visant à m’éliminer physiquement. Avant cette décision, chacun de nous vivait terrer chez lui. Chaque jour, nos femmes se levaient très tôt pour aller à pied à « kilomètre 17 » où se tenait l’unique marché du quartier. Les prix des denrées alimentaires ont flambé. Le pain était devenu un aliment de luxe. Il ne se passait pas de jour sans que les jeunes qui ont dressé des barrages dans le quartier n’exécutent un passant. Tous ceux qui n’étaient pas du quartier, selon les jeunes, étaient tués, souvent par brûlure. Toutes les nuits, nous ne dormions pas parce que pour un oui ou pour un non, des coups de feu étaient entendus dans le quartier. Tous ceux qui ne faisaient pas la ronde pour tenir les barrages étaient des hommes à abattre. J’en faisais partie. Mais, je me suis dit que mes voisins n’allaient jamais franchir le pas jusqu’au jour où les enfants de mon voisin m’ont demandé de partir. Comment sortir sans attirer les soupçons de ceux qui voulaient me faire la peau. Un matin, j’ai dit aux voisins que j’allais accompagner ma femme au marché. Je suis sorti avec tous les membres de ma maisonnée. Nous sommes sortis chacun avec seulement la tenue qu’il portait. C’est ainsi que du marché, nous avons regagné Dabou. Une fois à Dabou, nous avons dû nous terrer dans une cachette. Mes parents me soupçonnant, Vincent Lohoues et moi, d’être des rebelles. Quelques jours au paravant, j’ai échappé à la mort à Orbaff, un gros village de Dabou. Je m’y suis rendu pour intervenir après que les villageois armés de fusils, de kalachnikov et autres armes blanches eurent pris en otage un chauffeur, prestataire de service de l’Ivoirienne de traitement du caoutchouc (ITCA). Je me suis dit qu’en intervenant en langue, la vie du jeune homme serait épargnée. Je croyais avoir pris toutes les précautions en me faisant accompagner par quatre gendarmes de Dabou. Leur présence n’a pu dissuader les populations surexcitées. Elles ont découpé à mort le jeune homme qui s’y était rendu pour déposer un conteneur qui devrait servir à collecter le caoutchouc. J’ai été malmené, mon véhicule cassé, tous mes biens emportés. L’un dans l’autre, je me suis terré pour ne sortir que le 11 avril. C’est de ma cachette que j’ai appris la capture de Laurent Gbagbo. J’étais soulagé, mais en même temps peiné. Beaucoup de morts, pour protéger un pouvoir perdu en fin de compte ».

Propos recueillis par TL
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