Comment analysez-vous la situation au Mali ?
Quelles seront, selon vous, les conséquences de la crise malienne sur les pays de la région, notamment l'Algérie ?
Il y a deux ans de cela, j'avais dit que la zone du Sahel va connaître une situation de crise du point de vue sécuritaire et humanitaire. La situation au Mali n'est pas nouvelle. En Algérie, cela fait trois ans que des débats ont été tenus autour de la question de la sécurité au Sahel.
Nous avons dit que les pays de la région doivent collaborer ensemble pour aider ce pays à faire face à des situations que nous vivons aujourd'hui. Il faut savoir que ces pays ne sont pas dotés d'armées puissantes pour faire face aux mouvements terroristes déployés dans des zones spacieuses et désertiques. Ce qui est par contre nouveau dans ce conflit malien est la force des touaregs.
Ces derniers ont été mobilisés dans l'armée de Mouammar Kadhafi. Après la chute de son régime, ils (les touaregs) ont décidé de rentrer chez eux au Mali, mais avec un armement lourd. La situation au Nord du Mali n'était pas bonne depuis des années. Auparavant, il y a eu toujours des conflits entre le Nord et le Sud. Les touaregs revendiquaient depuis très longtemps leurs droits et les gens du Sud n'ont pas pris en compte.
Il y avait même une exclusion de la part des gens du Sud. Ce n'est pas la première fois que les touaregs régissent par le recours aux armes et à la violence. Cependant, leurs revendications étaient limitées aux droits socio-économiques. Ils venaient souvent en Algérie pour s'entendre avec les autorités maliennes. Il faut dire que les autorités maliennes ne respectaient pas totalement les accords conclus avec les minorités touaregs. Cette fois-ci, les choses ont connu un développement vraiment inquiétant.
Les touaregs, aidés par les mouvements islamistes d'Ansar Dine, faisant partie d'Al Qaïda et un autre groupe dit le Mujao sont devenus une force par rapport à l'armée malienne. Provisoirement, ces trois mouvements s'entendent. Mais il ne faut pas écarter un risque de confrontation entre eux, étant donné l'existence de divergences idéologiques entre ces trois mouvements.
Concrètement, quelles seront les conséquences de la crise malienne sur les pays de la région ?
Sur ce plan, il faudrait s'attendre à des conséquences sécuritaires graves dans la région. Ce qui implique une mobilisation des forces militaires et de sécurité sur les frontières. C'est une pression supplémentaire qui devra être supportée par les armées des pays de la région. Les pays du Sahel auront à faire face aussi aux conséquences humanitaires
de cette crise avec l'arrivée quotidiennement de flux de réfugiés maliens, notamment aux frontières de l'Algérie et de la Mauritanie. C'est donc une situation humanitaire catastrophique qui doit être gérée au plus vite. On évoque aussi aujourd'hui des actes de violence à l'encontre de populations, des pillages et des viols dans les villes maliennes du Nord.
Quelle solution préconisez-vous pour le conflit au Nord du Mali ?
Il y a eu la proposition de la France et des Etats-Unis faite à l'Algérie d'intervenir militairement. Mais l'Algérie avait refusé parce qu'elle n'est pas la solution idoine pour le règlement de ce conflit. Les Américains ont eu des expériences en la matière, notamment en Somalie, où l’intervention militaire n’a pas permis de solutionner cette crise qui perdure à ce jour.
A mon avis, la solution militaire n'est pas bonne pour le Nord du Mali. Il faut une pression internationale sur les touaregs. Une pression qui est légitime puisque la création d'un Etat ne se fait pas de cette manière. Dans ce domaine, il y a eu deux cas exceptionnels dans le monde. Il s'agit du Sud du Soudan et du Canada. Au Soudan, c'était l'ONU qui a organisé le référendum donnant la possibilité aux populations du Sud de s'exprimer sur l'indépendance. Il y a eu un précédent au Canada, où le Québec,
la partie francophone, a voulu se détacher de la partie anglophone. Mais pour cette région, cela n'a pas abouti. Il y a eu plus de voix pour un Etat uni que pour une autonomie. La solution du Mali doit être trouvée au sein de l'ONU.
C'est le retour du civil au pouvoir au Mali et opérer un changement politique visant à créer un Etat fédéral ouvert et démocratique. Il ne faut pas oublier qu'il existe au Mali 23 minorités ethniques. A mon avis, c'est la seule solution au conflit malien qui pourrait perdurer. C'est vrai que la rébellion touareg confirme l'échec de l'Etat-Nation, mais ce n'est pas pour autant une raison de proclamer l'autonomie.
Source : letempsdz.com
Quelles seront, selon vous, les conséquences de la crise malienne sur les pays de la région, notamment l'Algérie ?
Il y a deux ans de cela, j'avais dit que la zone du Sahel va connaître une situation de crise du point de vue sécuritaire et humanitaire. La situation au Mali n'est pas nouvelle. En Algérie, cela fait trois ans que des débats ont été tenus autour de la question de la sécurité au Sahel.
Nous avons dit que les pays de la région doivent collaborer ensemble pour aider ce pays à faire face à des situations que nous vivons aujourd'hui. Il faut savoir que ces pays ne sont pas dotés d'armées puissantes pour faire face aux mouvements terroristes déployés dans des zones spacieuses et désertiques. Ce qui est par contre nouveau dans ce conflit malien est la force des touaregs.
Ces derniers ont été mobilisés dans l'armée de Mouammar Kadhafi. Après la chute de son régime, ils (les touaregs) ont décidé de rentrer chez eux au Mali, mais avec un armement lourd. La situation au Nord du Mali n'était pas bonne depuis des années. Auparavant, il y a eu toujours des conflits entre le Nord et le Sud. Les touaregs revendiquaient depuis très longtemps leurs droits et les gens du Sud n'ont pas pris en compte.
Il y avait même une exclusion de la part des gens du Sud. Ce n'est pas la première fois que les touaregs régissent par le recours aux armes et à la violence. Cependant, leurs revendications étaient limitées aux droits socio-économiques. Ils venaient souvent en Algérie pour s'entendre avec les autorités maliennes. Il faut dire que les autorités maliennes ne respectaient pas totalement les accords conclus avec les minorités touaregs. Cette fois-ci, les choses ont connu un développement vraiment inquiétant.
Les touaregs, aidés par les mouvements islamistes d'Ansar Dine, faisant partie d'Al Qaïda et un autre groupe dit le Mujao sont devenus une force par rapport à l'armée malienne. Provisoirement, ces trois mouvements s'entendent. Mais il ne faut pas écarter un risque de confrontation entre eux, étant donné l'existence de divergences idéologiques entre ces trois mouvements.
Concrètement, quelles seront les conséquences de la crise malienne sur les pays de la région ?
Sur ce plan, il faudrait s'attendre à des conséquences sécuritaires graves dans la région. Ce qui implique une mobilisation des forces militaires et de sécurité sur les frontières. C'est une pression supplémentaire qui devra être supportée par les armées des pays de la région. Les pays du Sahel auront à faire face aussi aux conséquences humanitaires
de cette crise avec l'arrivée quotidiennement de flux de réfugiés maliens, notamment aux frontières de l'Algérie et de la Mauritanie. C'est donc une situation humanitaire catastrophique qui doit être gérée au plus vite. On évoque aussi aujourd'hui des actes de violence à l'encontre de populations, des pillages et des viols dans les villes maliennes du Nord.
Quelle solution préconisez-vous pour le conflit au Nord du Mali ?
Il y a eu la proposition de la France et des Etats-Unis faite à l'Algérie d'intervenir militairement. Mais l'Algérie avait refusé parce qu'elle n'est pas la solution idoine pour le règlement de ce conflit. Les Américains ont eu des expériences en la matière, notamment en Somalie, où l’intervention militaire n’a pas permis de solutionner cette crise qui perdure à ce jour.
A mon avis, la solution militaire n'est pas bonne pour le Nord du Mali. Il faut une pression internationale sur les touaregs. Une pression qui est légitime puisque la création d'un Etat ne se fait pas de cette manière. Dans ce domaine, il y a eu deux cas exceptionnels dans le monde. Il s'agit du Sud du Soudan et du Canada. Au Soudan, c'était l'ONU qui a organisé le référendum donnant la possibilité aux populations du Sud de s'exprimer sur l'indépendance. Il y a eu un précédent au Canada, où le Québec,
la partie francophone, a voulu se détacher de la partie anglophone. Mais pour cette région, cela n'a pas abouti. Il y a eu plus de voix pour un Etat uni que pour une autonomie. La solution du Mali doit être trouvée au sein de l'ONU.
C'est le retour du civil au pouvoir au Mali et opérer un changement politique visant à créer un Etat fédéral ouvert et démocratique. Il ne faut pas oublier qu'il existe au Mali 23 minorités ethniques. A mon avis, c'est la seule solution au conflit malien qui pourrait perdurer. C'est vrai que la rébellion touareg confirme l'échec de l'Etat-Nation, mais ce n'est pas pour autant une raison de proclamer l'autonomie.
Source : letempsdz.com