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Politique Publié le vendredi 13 avril 2012 | L’Inter

Cour pénale internationale : La lettre d’Ocampo à Soro divise la CPI / Les avocats de Gbagbo se saisissent de l’affaire

© L’Inter Par DR
Justice internationale : Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour pénale internationale (CPI)
Photo d`archives
Ça a été quasiment le principal sujet de conversation à La Haye. La lettre de Luis Moreno-Ocampo à Soro Kigbafory Guillaume a alimenté pendant des jours, les causeries dans les bureaux et couloirs de la Cour pénale internationale (CPI) ; et même chez certains détenus de la prison hollandaise de Scheveningen. Selon nos sources, le courrier que le Procureur de la CPI a adressé au président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, le 27 mars dernier, et rendu public le 4 avril par le chef du Parlement ivoirien sur sa page Facebook et son blog personnel (www.guillaumesoro.com), a même été au centre des débats durant le week-end pascal. Cette lettre a mis la Cour en branle, que ce soit au niveau du bureau du Procureur sortant Ocampo, que dans les services du Greffe dirigé par l’Italienne Silvana Arbia et à la présidence de la CPI, assurée par le juge Sud-Coréen Sang-hyun Song. Le président de la juridiction pénale internationale aurait même convoqué une réunion de crise entre ces trois principales entités de la Cour pour exiger des explications au Procureur, sur sa conduite. Nos sources assurent que les discussions ont été houleuses. D’après les informations à nous parvenues, c’est la Greffière en chef Silvana Arbia qui se serait montrée la plus critique à l’égard de l’attitude du Procureur. Estimant qu’Ocampo n’avait pas à prendre position de façon aussi flagrante en faveur de l’une des parties dans le dossier ivoirien. Même le bureau du Procureur s’est senti quelque peu agacé par cette sortie en solo de Moreno-Ocampo, puisque le courrier adressé à Soro ne figurerait pas dans les registres officiels de la CPI. Mais par « solidarité de corps », les trois adjoints du Procureur ont fait bloc autour de leur « patron ». Toutefois en aparté, la Gambienne Fatou Bensouda, Procureure adjointe en charge des poursuites, Phakiso Mochochoko, ancien avocat originaire du Lesotho et Chef de la Division de la compétence, de la complémentarité et de la coopération, et le Belge Michel de Smedt, ancien officier de Gendarmerie et Chef de l’équipe de la Division des enquêtes, n’approuvent pas la sortie en solo de leur supérieur hiérarchique, qui pourrait, jugent-t-ils, être utilisée par la défense. Toute chose qui pourrait fragiliser la Procureure gambienne Fatou Bensouda, qui entre en fonction à la mi-juin en remplacement de Luis Moreno-Ocampo.

Les avocats de Gbagbo se saisissent de l’affaire

Pour la défense de l’ex-président ivoirien, cette affaire tombe comme du pain bénit. D’abord, c’est Laurent Gbagbo lui-même qui a alerté l’un de ses conseils sur la fuite. « Mais, c’est qu’elle affaire de lettre que Ocampo aurait écrit à Soro ? ». C’est ainsi que l’ancien chef de l’Etat ivoirien, écroué à la prison hollandaise de Scheveningen depuis le 30 novembre 2011, a apostrophé son visiteur en début de semaine. Et, avant même d’attendre la réponse, Gbagbo a ajouté : « C’est Taylor (Charles, ex-président du Liberia également détenu à La Haye, ndlr) qui m’a dit : Mais Laurent, tu es au courant que le Procureur a écrit une lettre à M. Soro ? Alors, de quoi s’agit-il ? », a-t-il à nouveau questionné. Après quelques explications fournies par son hôte, Gbagbo a lancé : « Fais-moi voir cette lettre ! ». Le courrier physique n’étant à portée de l’interlocuteur de l’ex-président ivoirien, celui-ci a promis le lui ramener à la prochaine visite, fixée ce week-end. Entre-temps, Laurent Gbagbo a instruit son avocat français Me Emmanuel Altit, le chef de son équipe de Défense, de verser cette pièce (la lettre d’Ocampo à Soro) au dossier. Et de lui préparer un petit mémo sur la manière dont il compte s’en servir à l’audience de confirmation des charges, qui s’ouvre le 18 juin prochain. Comme quoi, dans cette bataille judiciaire qui s’annonce, aucun détail ne sera négligé par les parties : l’Accusation, qui sera conduite par la Procureure gambienne Fatou Bensouda ; la Défense assurée par Me Altit et un collège de conseillers juridiques ; et la partie civile représentée par les témoins et l’Etat de Côte d’Ivoire, à travers leurs avocats.

ANASSE ANASSE
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