Même si le rêve est permis, celui des militants et responsables du FPI qui consistent à croire en la libération éventuelle de Gbagbo, relève de l’utopie. En effet, l’ancien chef de l’Etat déchu a été transféré à La Haye dans la nuit de mardi 29 novembre dernier. Ouvrant par la même occasion, l’entrée en scène de la justice internationale. Après un premier procès de présentation, celui de confirmation des charges aura lieu le 18 juin prochain. S’il est reconnu coupable des faits à lui reprochés, il sera alors jugé. Dans le cas contraire, l’ancien chef des Refondateurs sera déclaré innocent. Et c’est de cette dernière hypothèse que rêvent ses partisans. Celui qui croit dur comme fer que Gbagbo pourrait être remis en liberté après le 18 juin est Laurent Akoun, secrétaire général du FPI. A chaque fois qu’il en a l’occasion, il n’hésite guère à tenter de transmettre cet optimisme aux militants et supporters de l’ancien chef de l‘Etat. «Notre objectif est d’enlever Ouattara pour remettre le président Gbagbo au pouvoir. Nous ne le ferons pas par un coup d’Etat, mais de manière démocratique parce que Gbagbo a pris un billet d’avion aller – retour pour La Haye,» avait-il dit aux militants de Gagnoa. La question est de savoir pourquoi le FPI se croit obligé de dire des contrevérités à ces derniers. Car Laurent Akoun sait mieux que quiconque que la libération de Gbagbo est une vue de l’esprit. En prenant la décision d’accepter l’ancien dirigeant ivoirien dans les locaux de la prison de La Haye, en provenance de Korhogo, la Cour pénale internationale- c’est la moindre des choses- a pris toutes les garanties pour s’assurer que Gbagbo mérite bien d’y être transféré. Elle joue donc sa crédibilité sur ce coup-là. Par ailleurs, comme l’a si bien dit l’ex-Premier ministre Guillaume Soro devant les diplomates, «c’est le FPI qui est responsable du transfèrement de Gbagbo à La Haye» par son arrogance, son refus de s’inscrire dans le processus de réconciliation nationale. Mais au-delà de tout, Gbagbo est accusé de crimes contre l’humanité. Née du refus de son refus de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010, la crise de décembre 2010-avril 2011, qui s`est conclue par deux semaines de guerre, a fait quelque 3.000 morts. Ses soldats, ses miliciens et mercenaires recrutés ont semé la désolation. En outre, alors qu’il pouvait encore s’en sortir, il a préféré défier tout le monde entier et la communauté internationale. C’est à juste titre que son transfèrement a été salué par tous les mouvements et associations de défense des droits de l’Homme.
"Il s`agit d`un grand jour pour les victimes", a jugé Elise Keppler, juriste au programme Justice internationale de Human Rights Watch, pour qui "la CPI joue son rôle et montre que même les individus évoluant aux plus hauts niveaux du pouvoir ne peuvent échapper à la justice lorsqu`ils sont impliqués dans des crimes graves". Selon l`organisation, "les efforts déployés tant par la CPI que par le gouvernement ivoirien pour traduire en justice les auteurs des crimes post-électoraux sont importants pour la restauration de l`Etat de droit" dans le pays. C’est dire que l’ex-chef chef de l’Etat et ses avocats auront bien du mal à convaincre les juges de la CPI.
Yves-M. ABIET
"Il s`agit d`un grand jour pour les victimes", a jugé Elise Keppler, juriste au programme Justice internationale de Human Rights Watch, pour qui "la CPI joue son rôle et montre que même les individus évoluant aux plus hauts niveaux du pouvoir ne peuvent échapper à la justice lorsqu`ils sont impliqués dans des crimes graves". Selon l`organisation, "les efforts déployés tant par la CPI que par le gouvernement ivoirien pour traduire en justice les auteurs des crimes post-électoraux sont importants pour la restauration de l`Etat de droit" dans le pays. C’est dire que l’ex-chef chef de l’Etat et ses avocats auront bien du mal à convaincre les juges de la CPI.
Yves-M. ABIET