Un ministre originaire de la région du Tonkpi, l’une des chevilles ouvrières de la visite d’Etat du président de la République, Alassane Ouattara dans les régions du Cavaly et Guémon est accusé d’avoir emporté, avec lui, à Man, où il se trouve depuis trois jours, la somme d’au moins 200 millions, sans en informer les présidents des comités locaux des préparatifs de cette visite, faisant planer des craintes d’un échec. Avant-hier mardi 17 avril 2012, en recevant à son cabinet de la Riviera 3, le comité de pilotage du département de Toulépleu, que dirige le Médecin-général Guéhi Péhé André, Mme Anne-Désirée Ouloto, ministre de la Salubrité urbaine, présidente nationale du comité en charge de la restauration de ce déplacement du chef de l’Etat, n’a pas caché sa colère, menaçant de saisir le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, si jusqu’à hier mercredi, ce ministre ne restituait pas les sommes qu’il a indument gardées par devers lui. « Je ne peux pas accepter qu’à ce niveau, il y ait des coupeurs de routes. Il a emporté tout l’argent avec lui à Man. Et quand on l’appelle, il ne donne pas de réponses satisfaisantes. Quand on l’a appelé pour qu’il regagne Abidjan en vue de faire le point des dépenses à faire, il a posé la condition qu’un avion vienne le chercher ou alors qu’on le retrouve à Man… Le ministre des transports (Gaoussou Touré) a remis une enveloppe de 50 millions pour les commissions transports de chacune des localités à visiter. Man (10 millions), Guiglo (10 millions), Duékoué (10 millions), Toulépleu (5 millions), Bloléquin (5 millions), Bangolo (5 millions). A trois jours de l’arrivée du chef de l’Etat, nous ne savons pas ce qu’il a fait de cette somme. Pour ce qui est des frais de restauration, nous n’avons reçu que des acomptes, soit seulement 2 millions pour les départements de Guiglo, Toulépleu et Duékoué. Pour un budget d’environs 50 millions pour la confection des banderoles, des tee-shirts, pancartes et autres gadgets à l’effigie du président de la République, nous n’avons aucune lisibilité quant à son utilisation. Nous n’avons reçu que quatre petites banderoles, sans tee-shirts. En ce qui concerne la question du carburant des cadres qui voudraient bien se déplacer avec leurs véhicules, sur les 5 millions prévus par département, nous n’avons reçu que 2 millions, aucun car de transport et de ramassage des populations, tant à Abidjan qu’à l’intérieur des villes à visiter n’est encore disponible », s’est indignée Mme Anne-Désirée Ouloto, menaçant de saisir directement le chef de l’Etat. Pire, s’empresse-t-elle d’ajouter, « j’avais saisi le ministre de l’économie et des Finances afin que les maisons de certains chefs qui ont été détruites soient réhabilitées. Le ministre Charles Diby Koffi a fait droit à ma requête et la somme de 50 millions a été dégagée. Ce ministre est passé à la caisse dans mon dos, a empoché l’argent sans que moi, l’initiatrice, je ne sois informée et il a pris la route de Man ». Les commissions mobilisation, sensibilisation et animation, qui restent des maillons essentiels de toute organisation d’envergure, étaient toujours clouées à Abidjan hier mercredi, faute de moyens de déplacement, notamment financier et de mobilité. Dans les commissions, des voix s’élèvent pour crier à « un sabotage » de l’organisation de certaines localités, du fait, peut-être d’une adversité entre les membres du gouvernement. Cette adversité est du reste perceptible dans le choix des membres de certaines commissions, où, selon Anne-Désirée Ouloto « des militants du Rdr ont été mis de côté, notamment à Guiglo et à Man » au motif qu’il s’agit d’une « visite d’Etat ». C’est seulement hier mercredi que des engins affectés au reprofilage du tronçon Toulépleu-Bloléquin et qui, miraculeusement, avaient été détournés vers Danané et Zouan-Hounien, au motif que le président ferait le déplacement de Man à Toulépleu par la route, ont débuté leurs travaux. A trois jours de l’arrivée du chef de l’Etat dans le grand-ouest, on nage en plein cafouillis. Une conjoncture qui pourrait, si rien n’est fait, avoir une incidence négative sur la réussite de ce grand événement, du reste très attendu.
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA