Comme une boutade. Pourtant Barry n'a jamais été aussi sérieux. Ce gardien français, d'origine malienne, fait le guet devant le bureau de vote n°41 Ecole primaire et maternelle Curiale dans le 19ème arrondissement. « Bureau 41 ? C'est par ici », répète-t-il continuellement à tous ceux qui approchent. Et lui « n'a jamais voté depuis qu'il est en France ». Il a plus de trente ans en hexagone et a un peu moins de cinquante ans. « Gauche ou droite, c'est pareil pour nous, est persuadé Barry. Moi je fais mon travail et je prends ma paie. J'ai quitté le ''bled'' pour de l'argent ». Sans doute. Mais dans la file d'attente de ce bureau de vote et des deux autres de ce centre se trouvent beaucoup de binationaux africains. Certes moins âgés mais « décidés à exercer leur droit ». Avec eux, naturellement plusieurs français de souche. « Ils sont plus nombreux que le matin», commente au bureau n°43, Janine qui travaille pour le ministère de l'Intérieur. Ici, tous les candidats ne se font pas représentés systématiquement dans les bureaux de vote. Ce n'est qu'une « possibilité » selon la loi. Du coup, avec dix candidats, il n'y a que cinq scrutateurs dans ce bureau. Dans cette démocratie, on se fait confiance. Il n'y a pas de bulletin unique. Devant Janine, les bulletins de chaque candidat sont entassés. Juste un papier beige de 10 cm sur 5, imprimé du nom et prénoms de chaque candidat. Aucun bulletin ne porte de logo. Devant le centre de vote, rien d'ostentatoire. Juste deux affiches de campagne. De Marine Lepen et Nicolas Sarkozy à moitié arrachées. Celle de Sarkozy sera d'ailleurs remplacée alors que la campagne a pris fin depuis vendredi soir. Mais personne n'a objecté. Tout le monde donne l'impression de se concentrer plutôt sur les résultats prévus à 20h. Des résultats qui semblent, cette année, fortement concernés la communauté ivoirienne de France. A saint Denis - Drancy dans le centre de vote de l'Espace culturel du Parc, plusieurs binationaux ivoiriens sont venus voter le matin. « Généralement, je vote à droite affirme Guillaume. Cette année je vais voter Hollande ». Pour des raisons de politique intérieure ivoirienne. A Saint-Ouen dans le 18è arrondissement au centre de l'école élémentaire rue Belliard, pour la même raison, Jean-Paul lui a choisi Sarkozy. Auparavant, il n'avait jamais voté. Son épouse, «moins politique » a préféré rester à la maison. « Il faut laisser les vrais français choisir leur Président », lui aurait-elle lancé. Effectivement, les français pour ce premier tour se sont mobilisés à 81,26%pour choisir les deux qui iront au second tour. Ce sera François Hollande (27,50%) et Nicolas Sarkozy (26,62%).
KIGBAFORY Inza, Envoyé spécial
KIGBAFORY Inza, Envoyé spécial