C’est avec un visage grave sur lequel pouvaient se lire la tristesse et la compassion que le chef de l’Etat s’est adressé hier aux populations de Duékoué. Le président Alassane Ouattara a su trouver les mots justes pour parler au peuple de la région du Guémon qui a le plus souffert de la crise postélectorale. A Duékoué, le président de la République a rappelé que toute la République est à ses côtés pour l’aider à surmonter définitivement les pires atrocités qu’elle a connues au cours de la période de folie qui a succédé le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2010. « Je suis venu vous dire que la Côte d’Ivoire ne vous a pas oublié. Je m’incline, au nom de la Nation, devant la mémoire de tous ceux qui ont péri au cours de cette crise », a lancé le chef de l’Etat d’entrée après avoir rappelé toutes les horreurs qu’ont subies les populations de Duékoué. Alassane Ouattara s’est dit révolté que toutes ces atrocités aient pu se dérouler sur la terre de Côte d’Ivoire, au pays de Félix Houphouët-Boigny. « Nous devons faire en sorte que cela ne se produise plus », a-t-il juré. C’est la raison pour laquelle il a exhorté la population de Duékoué à la paix et à la réconciliation. Le chef de l’Etat a conseillé à ceux qui sont dans les villes et dans les villages d’accepter le retour de leurs frères déplacés, malgré les torts qu’ils auraient commis. Il leur a surtout déconseillé de se faire justice eux-mêmes. «Nul n’a le droit d’être un réfugié sur la terre de Côte d’Ivoire. Nous devons faire en sorte que les derniers réfugiés puissent retourner chez eux. Laissez la justice faire son travail. Ce n’est pas à vous de faire justice », a-t-il intimé. Car, pour le chef de l’Etat, la Côte d’Ivoire qui est à l’ère de la reconstruction a besoin de toutes ses filles et fils. A ce sujet, il a lancé un appel vibrant à tous les cadres de la région qui ont fui la Côte d’Ivoire, à l’occasion de la crise postélectorale. « J’en appelle à nos frères exilés au Ghana, originaire de la région. N’ayez pas peur. Votre place est ici. Je leur demande de rentrer. Rien ne leur arrivera. Ceux qui n’ont rien fait, rien ne leur arrivera. Ils doivent rentrer », a-t-il tenu à rassurer. Mais le président Ouattara a précisé, aux habitants de Duékoué, que la réconciliation et la paix ne se feront pas dans l’impunité. Pour lui, la réconciliation et la paix passeront forcement par la justice. Il a en cela réitéré sa volonté de faire de la Côte d’Ivoire un Etat de droit et de mettre définitivement fin à l’impunité. « Tous les meurtriers seront punis », a-t-il promis. Car, pour lui, cela est d’abord une affaire de principe, ensuite un devoir moral et de solidarité vis-à-vis des victimes. Pour résoudre le problème de façon durable, le président Alassane Ouattara a rappelé avoir mis en place une Commission nationale d’enquêtes pour faire la lumière sur tous les crimes qui ont été perpétrés à Duékoué ainsi que dans toutes les autres villes du pays. Pour lui, c’est après les conclusions de cette commission et celles de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation que la question de la réparation à l’endroit des victimes pourra se régler. A nouveau, il a rassuré les uns et les autres que les victimes auront au plan matériel réparation. Pour Alassane Ouattara, le peuple de Duékoué doit, malgré tout, aller de l’avant. Car de nouveaux défis attendent les Ivoiriens. Le pari du développement est l’un de ces défis. C’est pourquoi, lui et son gouvernement sont au travail. Il a révélé que dans le cadre du Plan présidentiel d’urgence, 4 milliards de FCFA dont 3 milliards en équipements, ont déjà été investis dans la région. Au niveau de l’administration, des véhicules ont été achetés pour permettre au corps préfectoral, à la police et à la gendarmerie de faire correctement leur travail, a-t-il indiqué. Avant de souligner qu’il a procédé dans la matinée même à l’installation d’une station de traitement d’eau. « Nous allons continuer nos efforts », s’est-il engagé. Car pour lui, avant la fin de son mandat les problèmes d’eau potable et d’électricité dans la région doivent être définitivement réglés. « Nous avons investi 20 milliards de FCFA pour installer des unités électriques dans les villages de plus de 500 habitants avant la fin de l’année », a-t-il révélé. Quant aux 559 milliards de FCFA qu’il avait promis d’investir dans la région lors de la campagne électorale, en terme de projets, le président de la République a également rassuré que cette promesse sera tenue. Pour lui, ces importants projets permettront d’absorber le chômage des jeunes dans la région. A propos des femmes, le chef de l’Etat a révélé que son épouse s’attelait à mettre en route une série de microcrédits pour permettre à ses sœurs de la région de se prendre en charge. S’agissant des conflits fonciers récurrents dans la région, le président de la République a annoncé l’adoption très prochaine d’une nouvelle loi sur le foncier rural qui permettra de régler, une fois pour toutes, la question. « Il faut faire en sorte que la question de la terre ne soit pas source de conflits », a-t-il décidé. Pour le chef de l’Exécutif ivoirien, si la Côte d’Ivoire et Duékoué ont sombré dans l’horreur, c’est à cause du déroulement chaotique de la dernière élection présidentielle. « Nous ferons en sorte qu’il n’y ait plus jamais d’élections truquées en Côte d’Ivoire. Faisons en sorte que le vaincu, comme au Sénégal, appelle le vainqueur pour le féliciter », a-t-il proposé. Avant lui, le maire de la ville de Duékoué, M. Tihi Kpao Victor et le député de Duékoué sous-préfecture, M. Oula Ephraïm Privat ont respectivement, au nom des populations, souhaité la bienvenue et présenté, au président de la République, les doléances de leurs parents.
JCC
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