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Politique Publié le dimanche 6 mai 2012 |

Lettre ouverte au Président Alassane Ouattara: "Ne baissez pas la garde, le serpent FPI n`est pas encore mort"

© Par Aristide
Visite d`Etat à l`Ouest: le Président Alassane Ouattara communie avec les populations de Guiglo
Dimanche 22 avril 2012. Guiglo. Le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara accueilli avec ferveur par les populations de l`Ouest du pays
En vous adressant la présente lettre ouverte, je voudrais simplement et humblement me permettre, à la suite de beaucoup d'autres concitoyens inquiets, d'appeler respectueusement votre haute attention sur la situation sécuritaire du pays à l'heure du dialogue républicain que vous avez initié avec l'opposition. À l'instar des autres frères, je suis inquiet, d'une part parce que ce dialogue n'intéresse pas le Fpi qui croit plus à l'option de la violence militaire pour, sinon reprendre le pouvoir, au moins vous en chasser.
POURQUOI PENSER QUE LE FPI N'EST PAS INTÉRESSÉ PAR LE DIALOGUE RÉPUBLICAIN?
Tout le monde a remarqué que le Fpi n'était pas enthousiaste pour aller à Grand Bassam. Ils ont donc multiplié les préalables à leur participation à cette table ronde tant et si bien que jusqu'à la veille de l'ouverture de ce conclave, on notait encore une certaine tergiversation de leur part. Finalement ils y sont allés. Certes, en trainant les pieds, mais ils y sont arrivés. Toutefois, ils n'ont pas manqué de réclamer un statut d'observateur, parce qu'ils ne voulaient pas prendre la parole car cette assemblée n'était manifestement pas la leur. Certains témoins de la cérémonie d'ouverture rapportent même avec amertume l'insistance proche de l'obséquiosité avec laquelle le Premier Ministre Jeannot Ahoussou-Kouadio a prié leur chef de délégation, Dano Djédjé, de prendre la parole pour dire quelques mots, provoquant ainsi l'exaspération des autres participants. D'ailleurs, avec le recul, on se demande s'il n'était pas préférable qu'il se taise. " C'est nous qui avons le plus perdu, c'est nous qui devons réclamer le plus", s'est-il fendu, narguant ainsi les ivoiriens et leur montrant que, toujours égal à lui-même dans l'inconscience, l'irresponsabilité, le manque d'humilité et l'arrogance, le Fpi n'a rien appris et rien oublié de tout ce qui s'est passé entre le 20 Octobre 2000, date maudite de l'avènement du dictateur Laurent Gbagbo, et le 11 Avril 2011, date bénie de sa chute salutaire.
Après cette sortie insultante pour le peuple, surtout pour la mémoire des nombreux morts de la crise, les frontistes sont partis de Bassam sans attendre la fin des travaux. Ils n'ont donc pas signé le document final et, bien entendu, ils ne se sentiront ni engagés, ni concernés par les résolutions qui y sont consignées. Il parait qu'ils se seraient excusés, mais il faut croire qu'ils devaient être particulièrement intéressés par la paix et la réconciliation dans notre pays pour ne même avoir deux petits jours à lui consacrer, ou y déléguer ne serait-ce qu'un petit balayeur de bureau. Ostensiblement, ils vous ont encore montré qu'ils n'étaient pas intéressés par le dialogue républicain que vous leur proposé, puisqu'ils lui ont préféré leur convention interne. Et à cette fameuse convention tenue le samedi 28 Avril, ils ont clairement précisé leur pensée à savoir que: 1) Un an après la fin de la meurtrière guerre post électorale, ils ne reconnaissent toujours pas, et ne reconnaitront jamais votre victoire à la dernière élection présidentielle,
2) ils ne discuteront jamais avec vous tant que leurs nombreux préalables ne seront pas levés, notamment la libération de leur champion le fils de feu Zepe Koudou
Leur logique est simple: Ils sont d'accord pour discuter avec vous à la condition que vous cédiez d'abord votre poste de Président de la République à Laurent Gbagbo. Personnellement, après cette preuve supplémentaire de la mauvaise fois du Fpi, je n'ai pas besoin d'un dessin pour comprendre que le dialogue, la paix et la réconciliation est le cadet des soucis du Fpi.
Avec toutes mes excuses je voudrais vous confesser, M. le Président de la République, que toutes les concessions que vous faites à ces gens-là, toutes les facilités que vous leur accordez ou leur promettez me font mal au coeur. Et je ne suis pas le seul à subir ce supplice. Savez-vous ce qui se dit en ville, dans la diaspora au sujet de l'attitude du Fpi?
On dit ceci: " Tout ce qui arrive aujourd'hui, c'est de la faute d'Alassane Ouattara lui même. Il a trop vite lancé son appel à la réconciliation. S'il nous avait laissé deux ou trois jours pour corriger ces gens-là, ce sont eux qui seraient en train de courir aujourd'hui derrière la réconciliation. Comme on ne leur a rien fait, ils peuvent se permettre de jouer à l'enfant gâté maintenant, et de nous narguer ainsi". Certes, en continuant malgré tout à leur tendre la main, vous êtes dans votre rôle de Chef d'État. Mais ça ne peut pas continuer ainsi. Trop, c'est trop. Les ivoiriens ne vous ont pas élu pour aller leur chercher un prix Nobel de la paix. Vous pouvez continuer de négocier avec le Fpi qui n'est intéressé que par le fauteuil dans lequel le peuple vous a installé. Mais, de grâce, pour l'amour du Ciel, faites-le dans des conditions moralement acceptables pour tous ceux qui ont souffert le martyr sous la Refondation. Et si vous ne voulez pas le faire pour nous les survivants, faites le au moins pour ceux qui ont donné leur vie pour débarrasser notre pays de ce tyran appelé Laurent Gbagbo.
EXCELLENCE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Vous allez certainement continuer à discuter avec le Fpi parce que votre fonction de Chef de l'État vous y oblige. Mais dans le même temps, ne baissez pas la garde au niveau militaire et sécuritaire car le Fpi est plus intéressé au renversement de votre régime par les armes que par un long processus de réconciliation nationale qui, au final, et dans la meilleure hypothèse pour lui, ne fera que l'autoriser à participer aux prochaines élections qu'il est assuré d'avance de ne pas gagner. Et les frontistes ne s'en cachent pas, qui continuent de dire "c'est pas fini" ou "ça va chauffer" ou encore "ils n'ont rien vu encore". La vérité est que, pendant que vous organisez des séances de dialogue, le Fpi a la tête à la guerre et prépare une autre confrontation militaire.
POURQUOI PENSER QUE LE FPI PRÉPARE UNE NOUVELLE GUERRE?
Dés la fin de votre récente visite d'État à l'Ouest, le village de SAKRÉ, dans la Sous Préfecture de TAÎ, a été victime d'une violente attaque d'hommes en arme. Bilan: 8 morts, de nombreux blessés, le village entièrement calciné, 3000 réfugiés à Taî, etc. Votre visite à l'Ouest avait pour objectif de montrer à la communauté nationale et internationale que cette région très agitée était désormais pacifiée. Avec les échos de cette attaque dans la presse écrite et audiovisuelle, nationale et internationale, cet objectif n'a pas été atteint. Pensez-vous, M. le Président de la République, que ces gueux dépenaillés, dépareillés et drogués de miliciens ou mercenaires qui se livrent à ce genre d'exercices sont intéressés par de tels calculs politiciens? Personnellement, je pense qu'ils ne font qu'exécuter des instructions, moyennant salaire. Et si vous me demandez de qui viennent ces instructions, je vous répondrai par
cette autre question: À qui profite le crime? Qui a intérêt à ce que votre visite à l'Ouest soit un échec? Qui a intérêt à ce que le calme ne revienne jamais en Côte d'Ivoire et que vous ne puissiez pas travailler pendant votre mandat? Quel intérêt les libériens auraient à venir attaquer le village de SAKRÉ? Pour moi, c'est clair que c'est le Fpi qui est à la manoeuvre. Souvenons-nous qu'après la chute de Gbagbo, ce sont les militants du Fpi qui ont guidé les mercenaires libériens sur les pistes qui leur ont permis de fuir les Frci qui les traquaient depuis Yopougon. Ce sont ces mêmes combattants qui, craignant d'être arrêtés et emprisonnés au Libéria, se sont planqués dans les forêts de l'Ouest, sous la tutelle des cadres du Fpi. Les frontistes ne cachent même pas même pas leurs intentions belliqueuses. Avant les élections, ils avaient clairement laissé entendre qu'en cas de défaite de Gbagbo, ils créeraient leur rébellion. Et actuellement, dans les quartiers, on les entend toujours dire: "Ils ont empêché Gbagbo de travailler. Il n'est donc pas question de les laisser travailler à leur tour".
Cette fois-ci au moins le porte parole de l'armée a eu la décence de ne pas insulter notre intelligence avec ses thèses de coupeurs de routes. Il a affirmé que les assaillants étaient venus du Libéria. C'est peut-être vrai car rien ne ressemble plus à un guéré de Taî qu'un guéré du Libéria. Mais nous n'avons pas besoin de franchir la frontière du Libéria pour chercher nos ennemis. Ils sont nombreux dans nos forêts ivoiriennes, à Taî, Toulepleu, Blolequin, Guiglo, Duékoué et autres. On vient même d'en appréhender dans la forêt du Banco. Ces derniers en tout cas ne sont pas venus du Libéria pour s'entrainer ici. Le Fpi a des camps d'entrainement partout dans nos forêts. On se souvient bien de toutes les arrestations opérées récemment à Bonoua, Assinie, Dabou, Grand Bassam et autres. Cela confirme bien la préférence de ce parti fondamentalement violent pour l'option militaire. Et ils n'attendent que l'issue de l'élection française du 6 Mai prochain pour passer concrètement à l'acte, convaincus qu'avec leur camarade François Hollande à l'Élysée, en cas de troubles en Côte d'Ivoire, ils pourront être certains de la neutralité de la Force Licorne, la seule armée qu'ils craignent et respectent. Savez-vous par exemple que le soir du 22 Avril dernier, ils ont fêté bruyamment à Yopougon et ailleurs, l'arrivée de François Hollande en tête du premier tour de l'élection présidentielle française? Devons-nous attendre les bras croisés qu'ils viennent nous attaquer avant de réagir, comme Gbagbo qui, sachant à quels feux rouges les rebelles s'arrêtaient à Ouagadougou et quelles boîtes de nuit ils fréquentaient dans cette ville, n'a pas su empêcher l'attaque du 19 Septembre 2002? Pourquoi notre armée n'irait-elle pas investir toutes ces forêts pour les bouter dehors? Personnellement, je pense que, parallèlement au dialogue que vous avez engagé, vous devez intégrer aussi une option militaire d'envergure pour pacifier le territoire et sécuriser nos frontières. Personne ne vous reprochera de chercher à débarrasser le pays de ces bandes de miliciens et de mercenaires. Souvenez-vous surtout qu'au Mali l'armée a renversé le Président ATT en expliquant qu'elle était frustrée de ne pas avoir reçu de lui les moyens de combattre la rébellion Touareg. À l'Ouest, régulièrement des bandes armées cornaquées par le Fpi lancent des raids contre les villages et tuent des militaires et des civils. Allez-vous attendre que vos militaires vous fassent les mêmes reproches que ceux que les militaires maliens ont fait à ATT avant de réagir? Allez-vous attendre que les populations civiles de ces contrées vous reprochent de les avoir abandonnées avant de réagir? Allez vous envoyer vos militaires combattre les Touaregs dans le désert malien pendant que vos propres populations subissent ici les assauts meurtriers d'autres terroristes?
EXCELLENCE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Je vous présente toutes mes excuses pour avoir été trop long, et parfois irrévérencieux. Mais ceci n'est que le cri du coeur d'un citoyen outré par le comportement du Fpi. S'ils ne veulent pas discuter, s'ils ne veulent pas la paix, continuez votre chemin glorieux sans eux. À votre place, Gbagbo aurait dit: "Et puis ça fait quoi?". Ne vous laissez pas distraire, ne baissez pas la garde, soyez vigilant et du courage. Le peuple compte sur vous. Si je vous ai offensé quelque part, je m'en excuse. J'ai parlé avec mon coeur et dans mon for intérieur je pense avoir parlé aussi pour beaucoup de nos concitoyens qui n'auront jamais la chance et l'honneur de vous rencontrer pour vous le dire en face.
Veuillez agréer, Excellence M. le Président de la République, l'assurance de ma trés haute et déférente considération.

Aly Toure
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