Une dame, la cinquantaine bien sonnée, en pleurs au marché de Yopougon-Maroc. «Chaque jour, on crie réconciliation. Alors qu’on enlève les enfants des gens», lâche-t-elle devant la foule. Evidemment, elle a toutes les raisons du monde de paniquer. Parce que son seul fils a été enlevé dans la nuit du vendredi 4 mai, par des éléments Frci dans un secteur de Yopougon. Jusque-là, elle est sans nouvelle de lui. Et ce jeune n’est pas le seul dans ce cas. Depuis la nuit de ce même vendredi, les Frci ont envahi la commune de Yopougon qui regarde le pouvoir de loin. Des dizaines de jeunes ont été pris et conduits dans des destinations inconnues par les parents. «On m’a dit que mon fils a été pris par les Frci. Je ne sais pas ce qu’on lui reproche. Mais j’avoue que je suis sans nouvelle de lui. Et je suis très inquiet. Car on connaît les méthodes de cette armée», se plaint la mort dans l’âme, un doyen presque la soixantaine. Dans la nuit de ce même vendredi, le ministre Hamed Bakayoko a fait une sortie télévisée qui prouve toute la panique qui s’est emparée du pouvoir ivoirien, en pensant à la chute de Nicolas Sarkozy. Le ministre de l’Intérieure qui pensait ainsi rassurer les Ivoiriens a fait une sortie qui enfonce plus son patron. Mais il n’avait pas le choix. Dans la panique, on bascule toujours dans la précipitation. C’est justement cette précipitation qui a propulsé les Frci dans la commune de Yopougon où ils ne font que semer la terreur. Plusieurs dizaines de jeunes ont été enlevés et conduits dans des lieux différents. Un premier groupe a été conduit dans le secteur de la cité Cie, ex-Qg de campagne du Fpi de Yopougon. Cette villa occupée actuellement par un commandant des Frci sert en même temps de prison à cette armée qui ne fait que violer les lois de la République. «Chaque jour, ils prennent des jeunes qu’ils envoient là-bas. Chaque parent est obligé de payer pour que son fils soit libéré», explique un habitant de la cité Cie. Un autre groupe de ces jeunes enlevés a été conduit à la «Place de la Liberté», le siège du Fpi occupé par l’armée de Ouattara. Ils y sont donc détenus sans que les parents ne sachent ou les retrouver. «Quand ils les prennent, ils arrachent à chacun, son téléphone portable. Ils enlèvent même la puce du portable», ajoute un gendarme en fonction à l’escadron de Yopougon. Ce Mdl a suivi l’armée de Ouattara dans cette expédition contre les Ivoiriens qu’ils jugent comme des pro-Gbagbo. Car ils sont soupçonnés de vouloir fêter la victoire du candidat socialiste. Alors que le pouvoir pris de panique veut en tout cas par la terreur empêcher les ivoiriens de célébrer la défaite de Sarkozy. Ce jeune soldat qui en sait trop sur cette affaire ajoute que ce ne sont pas tous les chefs de guerre de la commune de Yopougon qui soutiennent cette opération «anti-Hollande». «Il y a beaucoup de chef de guerre qui ne sont pas d’accord pour ça. Ils estiment qu’on les a trop utilisés pour rien. En fait, ils ont peur de cette histoire de la Cpi qui plane sur beaucoup d’entre eux. Ils ne veulent plus être liés à quelques cas de violence dans la commune de Yopougon. Ce sont ceux qui sont d’accord qui ont reçu dans leurs bases, les jeunes enlevés dans les quartiers de Yopougon», confie-t-il. Ainsi va la Côte d’Ivoire de Ouattara. Chaque jour commence et finit avec son lot de terreur.
Guehi Brence
Guehi Brence