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Politique Publié le mardi 8 mai 2012 | Le Temps

Nicolas Sarkozy : Ainsi se ferme une parenthèse de l’histoire

© Le Temps Par DR
Audience à Elysée: Les présidents Nicolas Sarkosy et Alassane Ouattara échangent après les élections présidentielles en France
Le 6 mai 2012, le monde entier a tremblé au son de la brillante et éclatante défaite de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle française. L’hyperprésident n’aura passé que cinq années à l’Elysée comme un autre de la droite, Giscard d’Estaing qui l’avait d’ailleurs soutenu ouvertement. Son quinquennat n’a pas été une longue rivière calme. Il a été comme pouvait le dire Charles Baudelaire : «un ténébreux orage traversé ça et là par de brillants soleils». Sarkozy, réussissant difficilement à détacher ses propres sentiments de la gestion des affaires de l’Etat, finit par devenir au bout du compte, une parenthèse honteuse pour l’histoire des civilisations. Comment comprendre cette défaite historique ? Disons qu’au delà des airs de guerrier courageux et téméraire, Sarkozy était logé dans le registre des hommes politiques les plus impopulaires de notre ère. En effet, il a été battu par l’inattendu, après avoir capitalisé tous les mécontentements français et vomi en Afrique.
Sarkozy battu par l’inattendu
De toute l’histoire de la Ve République française, Nicolas Sarkozy aura été celui qui fit défait par une personne quasiment inattendue. Avant les primaires socialistes, aucun observateur ne pouvait parier sur une éventuelle victoire de François Hollande. Pour plusieurs raisons d’ailleurs. En effet, l’actuel Président français ne fit ses classes qu’au sein du parti socialiste. Il fut parlementaire, Maire et Président de Conseil Général. En dehors de son mandat parlementaire, il ne fit que de la gestion locale. Il n’a jamais été ministre comme Mitterrand le fut onze fois sous la IVe République. François Hollande n’a jamais été candidat à une élection présidentielle comme le fut encore Mitterrand face à De Gaulle et Giscard. Or il est de notoriété publique que le passage à la tête d’un ou de plusieurs ministères, et/ou même l’échec à une élection présidentielle, préparent l’homme à l’exercice des fonctions de premier magistrat. Le fait donc pour Hollande de n’avoir jamais eu cet honneur, fait de lui un inattendu. La conséquence logique de ce qui a été dit plus haut est que Hollande n’avait pas d’assise à l’international. Hormis les visites effectuées dans le cadre des réunions ou missions de l’international socialiste, ses voyages répondant aux besoins de ses fonctions d’élu, il n’avait pas une parfaite connaissance des pays étrangers. Sarkozy avait visité le monde, son nom avait été scandé un peu partout et avait marché sur de nombreux tapis rouges. D’ailleurs Sarkozy présentait cela comme un avantage pour lui et un défaut de son ancien adversaire. Enfin du point de vue du charisme, Sarkozy est plus en avant. Hollande paraît comme un homme en retrait, hésitant et un peu mou. C’est certainement la raison pour laquelle au soir du premier tour, Sarkozy n’hésita pas à lui proposer trois débats, dans le secret espoir de lui donner le coup de grâce dès le premier. C’est donc ce candidat qui fit carrière au parti socialiste, jamais ministre ni candidat malheureux à une élection présidentielle qui vient de détricoter l’espoir de Sarkozy et au delà de toute la droite. Sarkozy qui fut successivement ministre de l’Intérieur, ministre des l’Economie et des Finances, puis ministre de l’intérieur avant de devenir en 2007 Président de la République française, est mis à la retraite à 57 ans par un Hollande visiblement inexpérimenté. Cela démontre nettement que Nicolas Sarkozy cachait son impopularité derrière des actions d’éclats qui ne réussirent pas à étouffer le mécontentement des citoyens français.
Sarkosy capitalisa le mécontentement des Français

Le résultat du deuxième tour, même serré, est le résultat de plusieurs années d’errements d’un Nicolas Sarkozy plutôt porté sur le bling bling que sur les préoccupations majeures du peuple français : la justice et la jeunesse, la croissance, l’image de la France. La gauche fit bloc autour de François Hollande au second tour, le centre droite de Bayrou ne reporta pas ses voix automatiquement sur Sarkosy, l’extrême droite également. Fait majeur, Bayrou qui naturellement devait appeler à voter Sarkozy, préféra voter pour la gauche et mettre ses électeurs face à leurs responsabilités. Nous avons encore à l’esprit cette phrase de Jean Luc Mélenchon qui considérait que voter contre Sarkozy, serait poser «un acte de salubrité publique». Marine Le Pen, elle, hésitait entre «la peste et le choléra». Sarkozy aura réussi pendant son quinquennat à concrétiser son aversion pour les immigrés en utilisant comme bouclier, la question de la sécurité. L’une des manifestations de cette aversion fut le démantèlement des camps de « roms » qui lui valu une condamnation exemplaire de la communauté internationale. De plus, sa loi sur l’immigration clandestine et l’interdiction du port du voile intégral, achevèrent de le confiner dans la haine des immigrés, surtout ceux de la communauté arabe. Ses reformes ont souventes fois été regardées comme contreproductives et décriées. Il n’avait que de mauvaises cordes à son arc. Son arrogance et sa trop grande suffisance ne lui rendirent aucunement service. Petit à petit il réussit à ternir l’image de la France d’où cette coalition exemplaire contre lui. Par ailleurs, un fait notable est à souligner. Le fait est que les capitales africaines ont salué la chute souhaitée de celui qui est désormais une parenthèse honteuse de l’histoire contemporaine. On pourrait donc se poser la question de savoir pourquoi Nicolas Sarkosy est vomi en Afrique.
Nicolas Sarkozy vomi par l’Afrique
Sarkosy a eu une relation des plus malsaines avec le continent africain. Il transporta en juillet 2007, en Afrique, son arrogance légendaire, en affirmant : «le drame de l’Afrique c’est que l’homme noir n’est pas assez entré dans l’histoire». Par la suite, il se comporta conformément à cette idée. Il est vrai que son discours d’Afrique du Sud tranche avec celui de Dakar, mais cela reste sur le plan purement formel. Au fond Sarkozy n’a opéré aucune rupture par rapport au discours de Dakar. Parce que «l’homme noir n’est pas assez entré dans l’histoire», Sarkozy aida ces Noirs à pérenniser les monarchies africaines en cautionnant l’émergence de l’Afrique des fils à présidents. Au Gabon, au Togo il œuvra secrètement à l‘installation de Bongo fils et Eyadema fils. Les survivances d’un passé colonial adossé à la Franceafrique qu’il dénonça en Afrique du Sud, furent mises en œuvre dans ces deux pays. Que dire de la réélection de Paul Biya ? Nicolas Sarkozy, en définitive, donna des chances de survie à la Franceafrique, a l’expansion des dictatures dont la Côte d’Ivoire de Ouattara vient de grossir la liste. Par ailleurs, ses interventions hystériques en Libye et en Côte d’Ivoire légitimèrent toute la haine que les Africains sensés lui portent. Contre tout le bon sens diplomatique, il fut le premier président français à avoir reçu une rébellion armée à l’Elysée, en l’occurrence le Conseil de Transition Libyen (Cnt). Le Cnt, si nous ne disons pas que c’est son œuvre, a eu des galons par les envolées de Sarkozy. Les images montrées par les chaines européennes cachent une réalité effroyable, Sarkosy a déconstruit l’Etat libyen. Les conséquences sont visibles non seulement en Libye avec les affrontements tribaux qui n’en finissent pas, mais également dans le sahel marqué par l’occupation du nord malien par le Mnla et d’autres organisations telles qu’Ançar dine. De plus en plus, des voix dénoncent la collusion impensable entre le pouvoir de Sarkozy et le rebelles Touareg. Aujourd’hui, le paisible peuple malien est dans la tourmente. En plus de ces pays marqués par le narcissisme de Nicolas Sarkosy, le cas ivoirien dévoile l’arrogance, le manque de respect et le nombrilisme d’un Sarkosy qui visiblement a manqué de «rentrer dans l’histoire» des grands présidents. Son amitié avec Alassane Ouattara parvint à faire de lui, un homme tristement célèbre en Côte d’Ivoire. Son immixtion violente dans le processus électoral ivoirien est en adéquation avec son discours de Dakar. L’homme noir étant habitué à la nature, il faille lui apporter la civilisation, celle venant de Sarkozy. C’est pourquoi, il s’arrogea le droit de donner un ultimatum à un Président élu non pas par lui et son pouvoir, mais par le peuple ivoirien, jaloux de sa souveraineté. Le peuple ivoirien a encore en mémoire les tueries massives organisées par Sarkozy par le biais de la force Licorne. C’est donc en toute logique que la victoire de François Hollande fut ressentie en Côte d’Ivoire comme une satisfaction morale. Non pas que le nouveau Président fera une césure brutale, mais le fait de ne plus voir Sarkosy verser dans ses intrigues et ses collusions sulfureuses avec le pouvoir d’Abidjan, est une ombre d’un lendemain meilleur. Nicolas Sarkozy, pourrit, en outre son mandat dans le printemps arabe avec le soutien qu’il proposa à Ben Ali afin de l’aider à mâter peuple. Cette curieuse manière de gouverner souleva le courroux des tunisiens au point où Sarkozy «paniqué», qualifia son ami Ben Ali de dictateur tout comme il le fit pour Kadhafi, qui selon Médiapart, aurait financé sa campagne de 2007. Ces différents faits non exhaustifs, agrégeant hypocrisie, démagogie, hystérie et ingratitude ont aidé Sarkozy à raser les murs face à un Hollande certes inexpérimenté, mais décidé à devenir un Président normal. Ainsi finissent les hommes aux histoires tumultueuses qui marquent négativement les générations. Le passage de Nicolas Sarkosy à l’Elysée fut une parenthèse que le peuple français n’aurait jamais dû ouvrir, mais qui, par un coup de chance fut rapidement fermée le 06 mai 2012. On pourrait donc dire à Sarkozy : «la Paloma adieu».

Alain Bouikalo
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