Le régime Ouattara, âgé aujourd’hui de plus d’un an, serait-il sous la menace d’une déstabilisation dont les éléments du puzzle seraient en train de se mettre progressivement en place ? Rien n’est moins sûr ! 240 prisonniers évadés des prisons de l’intérieur du pays et de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), l’assassinat d’éléments Frci à Yopougon et à Cocody, les attaques répétées de mercenaires libériens à l’Ouest du pays, un rapport des Etats-Unis sur la Côte d’Ivoire qui donne froid dans le dos, des inconnus surpris en repérage dans le périmètre du domicile du Chef de l’Etat, le cortège du ministre des Affaires présidentielles et du coordonnateur du Pnrrc mitraillé au Nord … sont loin d’être anodins. Cette avalanche de faits curieux et peu banals, témoigne, il faut le dire, de la précarité de la situation du pays et ne manque pas de plonger les populations ivoiriennes dans une profonde anxiété au point où celles-ci se demandent quotidiennement si le régime du Président Alassane Ouattara n’est pas assis sur un «volcan» endormi et dont les larves, à son réveil, pourraient être beaucoup plus dévastatrices que la crise postélectorale. Le Chef de l’Etat mesure-t-il la portée de tous ces méfaits ? Oui, nous osons le croire. Car rentrant de sa visite privée en France, la semaine dernière, Alassane Ouattara indiquait « qu’il faut que les Ivoiriens vivent en paix et que la sécurité soit renforcée partout y compris dans les prisons. Ce qui n’a pas été le cas. En une semaine, il y a eu deux évasions parce que des personnes n’ont pas fait leur travail. Ces personnes seront sanctionnées et de façon immédiate. C’est la décision que je viens de prendre avec le premier ministre-chef du gouvernement-ministre de la justice, et les généraux... Nous ferons en sorte que les prisons soient débarrassées de personnes qui sont complices d’actes de ce genre. Les prisons de Côte d’Ivoire ont été rénovées…Nous ne pouvons pas accepter que des personnes qui sont condamnées par la loi, puissent avoir l’opportunité de s’échapper. Fort heureusement, la plupart ont été rattrapés. Mais c’est le signal que cela a donné, que je n’admets pas», a-t-il mentionné avant de révoquer les régisseurs de la Maca et de la prison d’Agboville. Il est vrai que l’histoire nous apprend que les hommes politiques ne retiennent rien de l’histoire, mais le président Ouattara à travers cette décision donne le sentiment de prendre au sérieux ce que peuvent représenter comme danger les derniers faits qui ont alimenté l’actualité en Côte d’Ivoire. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on note que généralement les évasions massives de prisonniers, les guet-apens tendus aux agents de forces de l’ordre pour les assassiner en vue de les affaiblir… constituent des signaux à prendre au sérieux, car généralement suivis d’évènements inattendus, souvent violents et caractérisés par des sautes d’humeur. La naissance du commando invisible à Abobo, à la faveur de la crise poste-électorale en Côte d’Ivoire rappelle aux Ivoiriens que la composition d’une bande armée ne tient qu’à la simple volonté de ceux qui veulent la composer. Il est vrai que croire aujourd’hui qu’un coup d’Etat est possible en Côte d’Ivoire relève de la pure fiction au regard du nombre impressionnant des forces étrangères présentes dans le pays, notamment Onuci et Licorne, qui sont des piliers, voire les remparts pour le régime en place, mais la situation sécuritaire absolument précaire, ajoutée aux propos guerriers de certains exilés qui non seulement ne montrent aucune envie de saisir la main tendue de Ouattara qu’ils qualifient de trappe, mais posent comme préalable à la réconciliation la libération de Laurent Gbagbo, menace réellement la Côte d’Ivoire d’une grosse tempête. Qui ne vise pas forcément à renverser le régime en place, mais à créer la chienlit de sorte à rendre le pays ingouvernable en vue de faire reculer les investisseurs, de faire échouer le point d’achèvement PPTE, d’amener les bailleurs de fonds à mettre en stand-by leurs appuis au pays… Le est réel et à prendre au sérieux d’autant qu’avec l’arrivée dans le nord du Mali des terroristes d’Aqmi, tous les régimes de la sous-région ouest africaine sont exposés au risque de déstabilisation. Mais comme si cela ne constituait pas un indicateur assez sérieux, le régime d’Alassane Ouattara, à l’image des précédents, tombe progressivement dans les travers de l’omniscience. «Nous savons qui sont ceux qui tuent les Frci, nous connaissons les complices des prisonniers évadés, nous voyons le dos des nageurs…», murmurent les autorités donnant le sentiment qu’elles ont implicitement décidé de faire le médecin après la mort ou d’avoir opté pour la guérison plutôt que la prévention. Ouvrant la porte à toute sorte de spéculations qui voient même leur main derrière certains faits d’insécurité comme l’évasion des prisonniers de la Maca, en vue de forcer la main à l’Onu pour lever l’embargo sur les armes en Côte d’Ivoire. «Ils ont fait ça pour montrer au Conseil de sécurité de l’Onu qui sera bientôt en mission d’évaluation en Côte d’Ivoire qu’à cause de l’embargo, les gardes pénitentiaires ne sont pas armés et que c’est ce qui favorise les évasions dans les prisons du pays», soutiennent des détracteurs du pouvoir qui ne s’expliquent pas, tout comme nombre d’Ivoiriens, que des prisonniers puissent s’évader aussi facilement d’une prison qui a été rénovée à près de deux milliards de Francs Cfa. Tout ceci ajouté à la grogne sociale en sourdine, liée à la vie chère qui fragilise les ménages, donne vraiment à s’inquiéter et à penser que la Côte d’Ivoire vit, non pas sur un volcan, mais à proximité d’un foyer «magmatique».
COULIBALY Vamara
COULIBALY Vamara