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International Publié le lundi 14 mai 2012 | Le Patriote

Sarkozy, l’Africain

© Le Patriote Par DR
France : François Hollande et Nicolas Sarkozy
François Hollande a participé mardi à la commémoration du 8 mai 1945 aux côtés du président sortant Nicolas Sarkozy
Deux images fortes, belles et saisissantes. Celle du Président français élu et son prédécesseur encore en fonction. François Hollande et Nicolas Sarkozy, tous les deux, ensemble, rendant hommage au soldat inconnu. C’était le mardi 8 mai dernier, 48 heures après le résultat de la présidentielle. Un jour avant, une autre scène poignante : elle présentant le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, saluant sur le perron de l’Elysée, Nicolas Sarkozy, perdant de la compétition, mais resté digne dans la défaite. L’amitié entre les deux hommes est un secret de polichinelle. Mais, cette belle image se posait, pour ainsi dire, comme pour démentir cette fausse idée largement répandue par une certaine classe « intellectuelle», selon laquelle, l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine, serait l’ennemi de l’Afrique.
Ainsi, l’élection présidentielle française qui vient de se dérouler aura été, sinon la plus commentée, du moins l’une des plus médiatisées dans les capitales africaines. La raison est due, sans nul doute, aux relations centenaires, parfois tumultueuses et souvent orageuses entre la France et ses ex-colonies du continent. Mais, il ne faut pas perdre de vue l’action portée par le Président sortant. Demain mardi, Sarkozy passe officiellement la main au socialiste François Hollande. Fermant, du coup, une page quinquennale de la diplomatie de « rupture » qu’il avait promise à ses compatriotes.

L’Afrique perd ainsi un de ses fervents défenseurs. N’en déplaise à ces pseudos chantres de l’émancipation du continent, dont on sait qu’ils sont imbibés de l’« antisarkozysme primaire, souvent hystérique ». Comment ne pas rendre à Sarkozy ce qui est à Sarkozy, un Président qui aura positivement marqué l’histoire des relations « décomplexées » entre l’Afrique et l’Europe, comme aucun autre de ses prédécesseurs ne l’a fait sous la Vème République ? Beaucoup d’Africains empoisonnés par l’activisme des Calixte Beyala, Achille Mbembe et autres Tierno Monemembo, désormais abonnés aux couloirs des Palais des dictateurs dont ils défendent la politique, au nom d’un panafricanisme de mauvais aloi, ne retiennent de Nicolas Sarkozy, que ses propos, il est vrai, maladroits, tenus à Dakar et selon lesquels, « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ».

En tenant ce discours polémique devant les élites sénégalaises, Nicolas Sarkozy donna en effet de lui une image d’arrogance, sur laquelle continuent de surfer tous ceux qui, par manque d’arguments solides, l’opposent à la jeunesse du Continent. Mais, il y a autre chose dans le sarkozysme, qu’un discours solennel prononcé devant un monde d’intellectuels : c’est l’action. Là, il serait difficile de le prendre à défaut. A la vérité, l’ancien Président français, a dérouté plus d’un par son activité débordante au service du continent. Pourquoi ressasser, à volonté, ce discours de juillet 2007, alors que plus près de nous, le 30 janvier 2011, Sarkozy, invité du Sommet de l’Union africaine, avait tenu des vérités d’une grande teneur devant ses pairs, dont la portée aurait dû effacer des mémoires, ce débat plutôt philosophique sur la place de l’Africain dans l’Histoire. L’invité de l’UA, n’y avait pas manqué l’occasion de défendre notre continent et sa place dans le concert mondial : « Je suis convaincu depuis bien longtemps que l`Afrique n`a pas la place qu`il lui revient dans la gouvernance internationale. Elargissons le nombre de membres du Conseil de sécurité, reconnaissons au milliard d`Africains la place à laquelle ils ont droit ».

Comme pour faire mentir les tonnes d’insanités déversées sur lui, Sarkozy avait dit sa foi dans l’avenir de l’Afrique: « Vous êtes l`objet d`une profonde mutation et c`est le moment de mettre à bas des idées fausses. Et parmi ces idées fausses, il y a celle-ci : l`Afrique en matière économique n`a pas échoué, l`Afrique enregistre des progrès remarquables. » Puis, se tournant vers ses pairs, en plein apogée des révolutions arabes, il a averti : « Dans le monde d`aujourd`hui, on ne peut plus gouverner comme dans celui d`hier. Ce changement, ou bien on le subit et c`est la porte ouverte à la violence, ou bien, on le précède, sans ouvrir la voie à toutes les aventures. Le monde a besoin de l`Afrique car c`est l`Afrique qui apportera les relais de croissance nécessaires à la prospérité du monde. Nos destins sont liés. Votre échec serait notre drame, votre succès sera notre opportunité ».

Comme pour justifier, en avance, sa position sur l’intervention de son armée dans les crises politiques sur le continent. En effet, l’autre image que Nicolas Sarkozy laissera est celle d’un Président qui n’a pas abandonné des peuples africains à leur sort face à des tyrans. Laurent Gbagbo et Mouammar Kadhafi en ont été les principales victimes. Il s’en trouve des « élites » africaines pour condamner l’action de l’armée française, alors que tous savent les tragédies vécues par les populations civiles d’Abobo à Bengazi. Il fallait du courage et de l’engagement pour passer le message à tous. Que ce serait-il, en effet, passé au Sénégal, par exemple, si la France n’avait pas mis fin au hold-up électoral de Gbagbo, par la force ? Nul ne sait. Ce qui est su, cependant, c’est que jusqu’aux cas ivoiriens et libyens, les régimes au pouvoir avaient toujours réussi à s’imposer dans les crises postélectorales en matant les contestations.

Quoiqu’il en soit, Nicolas Sarkozy est celui qui, par ses choix sans équivoques, aura mis fin à cette diplomatie hésitante qui avait permis à des dictateurs de voler des élections et se maintenir au pourvoir. C’est vrai, il en reste encore de nombreux pays, dont le Cameroun des Beyala et Mbembe, pour qui la démocratie est encore un luxe, mais l’avenir nous dira ce qu’en feront les socialistes. Maintenant qu’il passera le flambeau, le désormais ancien Président de la France, laisse à son successeur un lourd héritage. La Gauche si forte dans les discours et les professions de foi, pour masquer le manque de courage et la complaisance vis-à-vis des dictatures, saura-t-elle maintenir la barre là où elle se trouve actuellement ? François Hollande, c’est une véritable énigme pour l’Afrique. A lui de savoir rassurer le continent. Et s’il commençait, par exemple, par dénoncer les violations des libertés chez «l’ami socialiste» de Guinée, qui prépare une vaste fraude électorale pour gagner les élections législatives ?

PAR Charles Sanga
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