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Société Publié le mardi 15 mai 2012 | Le Mandat

Restaurants à ciel ouvert : Un nid de maladies pour les populations

Les restaurants et autres lieux de vente de nourriture à ciel ouvert, situés aux abords des routes, à différents carrefours, habitations ou espaces publics, sont certes profitables à bon nombre d’Ivoiriens, vu les prix sociaux pratiqués. Mais, l’hygiène autour laisse à désirer. Ils sont donc une porte ouverte aux maladies, épidémies et infections…

De Yopougon à Cocody en passant par Adjamé jusqu’à Port Bouët, et même dans les villes de l’intérieur du pays, les maquis, restaurants et ‘‘garbadrômes’’ (lieu ou est vendu l’attiéké au poisson) de fortune, à ciel ouvert, ont poussé comme des champignons. Très bon marché, ils jonchent les artères principales de nos localités. Ignorant ou négligeant les règles minimales d’hygiène et de propreté, les propriétaires et les clients travaillent et mangent dans ces endroits insalubres, et côtoient la puanteur au quotidien avec la poussière qui, du fait des travaux de construction des routes, se dépêche, pressée de s’inviter dans la nourriture vendue et non couverte. La saison des pluies qui s’annonce va rendre la situation encore plus grave par le réveil des microbes et autres affections en hibernation, depuis la saison sèche. Souvent, à proximité des caniveaux, ces endroits flirtent avec les eaux usées, dont l’odeur titille les narines, et importune avec des mouches qui volent d’un plat servi à l’autre. Cependant, il y a certains endroits où les propriétaires font l’effort de faire preuve de propreté et d’hygiène. Lundi 07 mai, 10 heures 50 mn. Nous parcourons la rue qui part du stade Robert Champroux de Marcory vers le boulevard Valérie Giscard d’Estaing. Sur cette voie, il y a plusieurs maquis et restaurants, et même un ‘‘garbadrôme’’. Nous nous approchons de ce dernier endroit. Un lieu insalubre, où les mouches se disputent l’espace avec les clients. La poubelle placée à proximité de l’endroit où se trouve l’huile de friture vient compléter ce tableau sombre et dangereux.

‘‘Garbadrôme’’ ou nid de saleté

A une vingtaine de mètres de cet endroit, une fosse septique, oubliée des services d’hygiène de la mairie depuis belle lurette, laisse suinter une eau saumâtre. Ce tableau n’est pas assez corsé pour décourager la clientèle, très nombreuse à cette heure du jour. Un client, A.K, étudiant, friand de ‘‘garba’’, nous résume la situation. «Un garbadrôme propre ne nous attire pas». D. Abdoulaye est agent de sécurité. Nous l’interrogeons sur la saleté qui a fait une ‘’ceinture’’ autour de cet endroit. «J’ai un peu peur, vu que l’environnement n’est pas sain. Mais, comment on va faire ? On se contente de ça, parce qu’ils sont plus proches du service (les vendeurs, ndlr). Et nous n’avons pas suffisamment de moyens pour aller dans les restaurants plus chics. Malgré nos reproches sur la propreté, leurs vendeurs restent de marbre. J’ai été plusieurs fois malade après avoir mangé là. En 1992, je me suis rendu à l’hôpital, à la suite d’une indigestion suivie de vomissements et de diarrhées. Le médecin m’a alors dit que ces maux étaient dus aux repas que je consommais dehors, vendus au bord des rues». Il nous a été donné d’assister, deux jours auparavant, à une bagarre entre un vendeur de ‘‘garba’’ dans la commune de Marcory et un client. Ce dernier reprochait au vendeur de ne pas éloigner la poubelle de son lieu de vente. Et le menaçait de faire appel aux services d’hygiène. Le vendeur de Garba, qui a requis l’anonymat, lui a demandé d’aller se plaindre où il veut. « Va dire ça où tu veux. Je n’en ai rien à faire. Je n’ai peur de personne, va t’en et que je ne te revois plus ici».

Une nette amélioration chez Léa M.

Assise non loin du Boulevard Giscard d’Estaing, Léa nous reçoit le matin du jeudi 10 mai, à 7h 00 mn. Cette jeune fille vend à cet endroit des sandwiches, dont les contenus divergent depuis plus de 10 ans. Elle y met de l’avocat, des pâtes, de la viande, des pommes de terre ou du poisson. Elle se trouve dans un environnement sain et propre. Autour d’elle, point de poubelles, encore moins de caniveau ouvert ou encore des fosses septiques qui coulent. Un coup de balai est donné chaque matin et les mouches se tiennent loin d’elle. Léa ne « fait pas leur affaire ». Un espace qui donne envie de manger, sans crainte de contracter une maladie ou autres microbes. Pour pouvoir exercer tranquillement son commerce sans être chassée, ou recevoir des menaces quelconques, Léa paie des taxes aux agents de la mairie. « Je donne chaque matin, la somme de 150 FCFA aux agents de la mairie. Je paie en plus la patente, les impôts, parce que j’ai une petite boutique à côté», a-t-elle déclaré, nous indiquant de la main un petit espace où sont entreposées diverses marchandises. Chaque matin, cette trentenaire se fait livrer un sac de 30 ou 50 pains, c’est selon. Elle vend à des clients de toutes les catégories sociales.

Ustensiles et couverts en conflit avec la propreté

On ne peut pas en dire autant de tous les lieux de distribution de nourriture. Dans la plupart de ces endroits, les ustensiles utilisés pour faire la cuisine (assiettes, verres, cuillères…) sont vieux et mal entretenus. Les serviettes de table à la propreté douteuse ont perdu de leur éclat et de leurs couleurs, et passent d’une main à l’autre. Pour faire la vaisselle, les jeunes filles chargées de cette corvée utilisent de l’eau très sale, qui a séjourné des heures durant dans des bassines. Une situation qui fait dire à Pierre Afatchao, un client rencontré sur place, que «la vaisselle doit être lavée avec beaucoup de savon pour enlever la saleté et les microbes». Il déplore par la même occasion l’état des éponges tellement usées qu’elles ne permettent pas de bien remplir leur mission. Pour lui, «présenter la nourriture sans la couvrir est dangereux et expose les consommateurs aux maladies » transmissibles par voie alimentaire. Il reproche également à ces femmes de faire cuire leurs différents plats avec des condiments avariés. Un avis partagé par N. Armand, soutenant pour sa part que le manque d’hygiène peut entrainer des intoxications alimentaires, qui résultent habituellement de méthodes inadéquates de manipulation, préparation, stockage, conservation ou cuisson des aliments, pouvant conduire à la mort. A cela s’ajoute le non respect des températures d’entreposage ou de cuisson. Le risque à ce niveau est grand de contracter le cholérao et la dysenterie Il appelle donc les services d’hygiène à être très méticuleux sur ces mets comme ils le sont déjà dans certaines communes, non sans inviter les usagers à faire siens les bonnes pratiques d’hygiène avant, pendant et après les repas.

MARIE PAULE KOFFI
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