Ce courrier aurait pu être directement adressé à papa Roméo lui-même, mais j’ai voulu, Messieurs les ministres, vous l’adresser d’abord. En effet, il nous a été donné, à plusieurs reprises, de constater que pendant des séances de travail avec le chef de l’Etat ou le Premier ministre, certains parmi vous prennent le malin plaisir de sortir de la salle, juste pour causer ou pour fumer. Par exemple, à la relance du dialogue républicain à Grand-Bassam, les 27 et 28 avril derniers, on a vu le ministre Konaté Sidiki dans cette posture. Hier, au conseil de gouvernement, c’est Adama Bictogo qui lui a emboîté le pas. Les exemples sont légion. Cette attitude à ces moments importants ne manque pas de susciter des interrogations. Comment des hauts responsables, qui tiennent l’avenir du pays entre leurs mains, peuvent-ils être aussi distraits ? Bénéficiez-vous de temps de récréation pour vous donner tant de liberté ? Ou êtes-vous simplement esclaves d’habitudes fâcheuses qui vous collent à la peau ? Et puis, que retenez-vous des débats qui se déroulent en salle quand vous êtes dehors ? En attendant une réponse bien claire et satisfaisante à toutes ces questions, je voudrais, Messieurs les ministres distraits, vous rappeler, avec respect et considération que les Ivoiriens n’ont pas soutenu Alassane Ouattara pour avoir des dirigeants qui donnent l’impression de jouer avec leur destin. La fonction de ministre est trop importante et sérieuse pour la bafouer au nom d’une cigarette ou d’une causette, pour laquelle vous avez tout le temps nécessaire. C’est vrai, vous demeurez des humains comme tout le monde, mais il se trouve que vous êtes à un palier du statut social qui ne vous autorise plus à vous comporter comme monsieur tout le monde. Je sais que ces lignes vont choquer certains d’entre vous qui s’y reconnaitront mais, dit le sage, il vaut mieux prévenir que guérir. Si tant est qu’il vous est quasiment impossible de vous départir de ce manteau de distraction, je vous conseille humblement d’y aller à l’intérieur des locaux qui abritent vos séances de travail. Parce que ce n’est pas du tout agréable de voir un ministre quitter le conseil, rien que pour appeler, fumer ou échanger avec qui que ce soit. Vous devez y mettre fin par respect pour le chef de l’Etat, qui ne le sait pas peut-être et qui lie votre déplacement à des besoins naturels. Même si lui ne vous voit pas, sachez que des regards indiscrets vous suivent de près. Et les nouvelles de ce genre ont vite fait de traverser les frontières. Si Ouattara vous a choisis parmi tant d’autres intelligences et compétences ivoiriennes, vous devez rassurer vos concitoyens dans tous vos actes et en tout lieu. Donnez-nous le modèle de la société émergente dont rêve Ouattara à l’orée 2020. Seules l’assiduité et la rigueur au travail pourront permettre à notre mère-patrie d’atteindre cet objectif cher à tous. Bonne gouvernance !
Politique Publié le mercredi 16 mai 2012 | Le Mandat