Changement de ton à Bamako. Sous la pression et surtout grâce à la fermeté de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui joue sa crédibilité dans la gestion de la crise au Mali, les membres de la junte ont reculé dans leur démarche d’entraver la transition entamée par le président par intérim, Dioncounda Traoré. L’ancien président de l’Assemblée nationale garde ainsi les rênes de cette transition après la fin de son intérim de 40 jours. Il continuera sa mission jusqu’à la tenue d’élections dans un délai d’un an comme le prévoyait le plan de l’organisation sous-régionale. C’est le chef des ex-putschistes, le capitaine Sanogo qui a annoncé la nouvelle hier, à la télévision nationale, à l’issue d’une rencontre avec les émissaires de la CEDEAO. Mettant fin à l’impasse politique qui avait cours dans le pays. En effet, sentant la fin de l’intérim, le chef des putschistes de Bamako avait remis sur la table, la question de la conduite de la transition, en s’opposant au maintien du président Dioncounda Traoré à la tête du pays. Le capitaine Sanogo Amadou avait freiné de quatre fers, dans le processus de normalisation du Mali après le coup de force opéré le 22 mars 2012. Bien qu’il ait officiellement rendu le pouvoir aux civils en vertu d’un accord-cadre conclu avec la CEDEAO, le 6 avril dernier. Pour débloquer la situation, la CEDEAO et son médiateur, le président burkinabè, Blaise Compaoré, ont multiplié les rencontres tout en affichant la fermeté pour l’application stricte du plan qui accorde un an au président par intérim et son Premier ministre, Modibo Diarra, pour conduire le processus politique jusqu’au rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali et à l’organisation d’élections générales. La menace de remettre au goût du jour les sanctions individuelles, diplomatiques, politiques et surtout l’embargo, a fait fléchir les militaires. Et ils ont décidé de laisser désormais la main libre aux autorités du pays en retournant dans les casernes. En pliant, le capitaine donne une chance à la résolution de la crise et surtout au retour définitif de la paix au Mali. Car, la CEDEAO, en marge du règlement de l’impasse de Bamako, est en pourparlers avec les mouvements armés qui occupent le Nord afin d’aboutir à une solution pacifique. Prévu par l’accord-cadre, un projet de loi accordant l’amnistie aux auteurs du coup d’Etat du 22 mars a été approuvé vendredi, par l’Assemblée nationale. Pour les maliens, ces actes sont des pas décisifs vers la stabilité et la paix dans leur pays. Toutefois, la CEDEAO garde l’œil. En cas de non respect des engagements par la junte, les sanctions ne tarderont pas à pleuvoir sur Bamako.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara