« Les financements et les projets sont certes importants, mais ils le sont davantage quand ils rentrent dans le cadre d’une stratégie, d’une vision au service d’objectifs et de résultats tangibles. » M. Madani M. Tall, Directeur des Opérations de la Banque mondiale, à l’ouverture de la Revue du Portefeuille des Projets Financés par la Banque mondiale en Cote d’Ivoire. Abidjan, 24 Mai 2012
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C’est avec une joie que je ne saurais dissimuler que je prends la parole en cette circonstance. Plusieurs fois programmée et autant de fois reportée pour des raisons diverses, la revue du portefeuille des projets financés par la Banque mondiale est un exercice statutaire conjointement organisé avec le Gouvernement. D’après les normes de notre institution, un tel exercice doit être réalisé au moins une fois par an et dans l’intervalle de deux revues, le suivi du portefeuille est ponctué d’appui permanent à la mise en œuvre des projets, des supervisions périodiques et de mini-revues du portefeuille qui peuvent se faire sur une base trimestrielle.
S’agissant particulièrement de la Côte d’Ivoire, depuis la levée de la suspension du portefeuille et le dégel des relations en Avril 2008, une revue formelle du dit portefeuille n’a pu se faire à ce jour, ce qui me fonde à penser que la cérémonie d’aujourd’hui participe elle aussi du retour à la normalité en Côte d’Ivoire qui, il faut le souligner avec force, a bénéficié de la part de la Banque mondiale, d’une attention toute particulière et dans certains cas, de mesures dérogatoires qui ont fait dire à certains que ce pays est le Chouchou de la Banque mondiale.
A titre d’exemple, en 2007, alors que les relations avec la Côte d’Ivoire étaient suspendues du fait d’accumulation des arriérés de dette, le Conseil d’Administration de notre institution a néanmoins approuvé en faveur de ce pays, un Don de 120 millions de dollars (60 milliards de F CFA) pour le financement du Project d’Assistance Post Conflit (PAPC) dont l’objectif majeur était l’accompagnement de la mise en œuvre de l’Accord Politique de Ouagadougou. Fait rare dans les anales de la Banque mondiale, seul quatre pays dont la Côte d’Ivoire, sur les 187 que compte l’institution, ont pu bénéficier d’une telle sollicitude en marge des règles de fonctionnement de l’institution.
Par ailleurs, en 2008, alors que la Côte d’Ivoire était toujours au ban de la communauté financière internationale du fait de son incapacité à faire face au service de sa dette, la Banque mondiale a accordé à ce pays, un autre don sous forme d’un appui budgétaire de 308 millions de dollars (154 milliards de F CFA) qui ont permis entre autres, d’éponger une partie des arriérés du service de la dette et d’accompagner le processus de préparation du premier Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) dont l’adoption par le Gouvernement en janvier 2009 a permis à la Côte d’Ivoire de franchir le point de décision de l’Initiative PPTE en mars de la même année, échéance sans laquelle, et on l’oublie souvent, le point d’achèvement annoncé pour juin prochain, c`est-à-dire dans quelques semaines, n’aurait jamais été même envisagé.
Depuis lors et grâce au paiement des arriérés que je viens d’évoquer, ce sont plus de 800 millions de dollars (400 milliards de F CFA) de dons que la Banque mondiale a accordés à la Côte d’Ivoire sous forme à la fois d’appui budgétaire et de financement de divers projets qui vous seront présentés tout à l’heure.
Les financements et les projets sont certes importants, mais ils le sont davantage quand ils rentrent dans le cadre d’une stratégie, d’une vision au service d’objectifs et de résultats tangibles. C’est ce principe qui a guidé la Banque mondiale à élaborer en 2008 une Note de Stratégie Intérimaire et en 2010, en concertation avec le Gouvernement, une Stratégie de Partenariat pour la Côte d’Ivoire qui couvre la période 2010 – 2013. Cette Stratégie est portée par quatre piliers que sont (i) le renforcement de la Gouvernance et des Institutions ; (ii) l’amélioration des performances du secteur agricole ; (iii) le renforcement du secteur privé et l’assainissement du climat des affaires ; (iv) la renaissance des infrastructures et le rétablissement des services sociaux de bases. Les quatre piliers sont assis sur un socle, une fondation constituée de deux éléments que sont (i) la création d’emplois et (ii) l’égalité de genre. Chacun des projets contenus dans le portefeuille est lié à au moins un des piliers et concoure à l’atteinte des objectifs du ou des piliers auxquels il est lié. Cette stratégie a fait l’objet d’une large concertation tant avec le Gouvernement qu’avec toutes les forces vives de la nation et les populations à la base. Elle s’inspire des priorités du Gouvernement inscrites dans le DSRP.
Par ailleurs, afin de garantir un suivi en temps réel et une réactivité efficiente des équipes de la Banque mondiale, j’ai personnellement mis un point d’honneur à conditionner la position de Chef de Projet à des critères de compétences et de résidence effective à Abidjan. C’est pourquoi la Côte d’Ivoire est l’un des pays pas nombreux dont tous les Chefs de Projets financés par la Banque mondiale sont basés sur le terrain c`est-à-dire proche du théâtre des opérations. Plus aucun TTL comme on les appelle à la Banque mondiale, ne réside à Washington et vient à Abidjan deux ou trois fois par an pour des supervisions qui durent à peine 10 jours. C’est un indéniable avantage pour les Unités de Coordination et pour la Côte d’Ivoire.
C’est dire, Excellences Mesdames et Messieurs, que les interventions de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire ont pris le contour de l’histoire récente de pays. Ces interventions ont également servi de catalyseur permettant ainsi de rassurer d’autres partenaires au développement et des investisseurs privés pour qui la qualité de notre partenariat avec un pays est un facteur de crédibilité et de garantie. Certes, notre Stratégie élaborée en 2010 n’avait pas anticipé la crise post-électorale, mais les piliers et les objectifs de cette stratégie restent pertinents et d’actualité. Des réglages pourraient être envisagés, mais ils porteraient non pas sur la substance de la stratégie, mais sur des considérations telles la programmation des projets et l’allocation sectorielle des ressources et ce en fonction des priorités du Gouvernement désormais inscrites dans le Plan National de Développement (PND).
Sans préjudice des conclusions et recommandations qui émaneront de nos travaux, je voudrais dire toute la satisfaction qui a été la mienne et celle de l’équipe que je dirige, pendant ces quatre dernières années de partenariat entre la Banque mondiale et la Côte d’Ivoire. Certes tout n’a pas été parfait. Nous avons eu six mois de rude épreuve avec à la clé la suspension de notre portefeuille entre décembre 2010 et mai 2011. Nos projets en ont souffert notamment en termes de décaissement et surtout d’atteinte des résultats. En concertation avec le Ministère de l’Economie et de Finances et les tutelles respectives, nous avons pris des mesures correctives en procédant entre autres, à la restructuration de certains projets en vue de tenir compte des exigences du moment. Même si nous n’avons pas pu effectuer une revue formelle du portefeuille pendant ces quatre ans, je dois à la vérité de reconnaitre qu’un suivi permanent était néanmoins fait sous la diligence et le dévouement d’un tandem constitué du Directeur de Cabinet et de Mme le Conseiller Spécial du Ministre de l’Economie et des Finances, M. Emmanuel Ahoutou et Mme Madeleine Yao. Je voudrais également saluer l’abnégation des Coordonnateurs des projets et de leurs équipes qui ont la difficile tâche de mettre en œuvre les projets parfois dans des conditions difficiles. C’est peut être le lieu de les interpeller sur l’absolue obligation de faire preuve d’un sens élevé de l’éthique et d’une probité à toute épreuve. Vous devez, Messieurs les Coordonnateurs, faire de la bonne gouvernance et de la primauté de la chose publique le crédo de votre mission. Certains d’entre vous ont la responsabilité de gérer des budgets supérieurs à ceux de leur ministère de tutelle. Vous avez des facilités notamment logistiques qui vous sont enviées par certains hauts cadres des administrations publiques et privés. Vous gérez des contrats importants de travaux, de fournitures et de consultants…Tout cela peut être tentant et même très tentant. Sachez qu’en matière de Gouvernance et de Corruption, la sacro-sainte règle de la Banque mondiale c’est Tolérance ZERO.
Je ne saurais terminer sans exalter, Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finance et cher frère, votre abnégation et votre détermination à tirer le meilleur parti de l’assistance de la Banque mondiale dans l’intérêt de votre pays. C’est le lieux de saluer la mise en place de l’Instruction 192 qui est une mesure d’exception et d’urgence que vous avez bien voulu prendre en 2008 en vue de faciliter l’exécution des projets financés par la Banque mondiale.
Vive la Coopération internationale
Je vous remercie de votre attention
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C’est avec une joie que je ne saurais dissimuler que je prends la parole en cette circonstance. Plusieurs fois programmée et autant de fois reportée pour des raisons diverses, la revue du portefeuille des projets financés par la Banque mondiale est un exercice statutaire conjointement organisé avec le Gouvernement. D’après les normes de notre institution, un tel exercice doit être réalisé au moins une fois par an et dans l’intervalle de deux revues, le suivi du portefeuille est ponctué d’appui permanent à la mise en œuvre des projets, des supervisions périodiques et de mini-revues du portefeuille qui peuvent se faire sur une base trimestrielle.
S’agissant particulièrement de la Côte d’Ivoire, depuis la levée de la suspension du portefeuille et le dégel des relations en Avril 2008, une revue formelle du dit portefeuille n’a pu se faire à ce jour, ce qui me fonde à penser que la cérémonie d’aujourd’hui participe elle aussi du retour à la normalité en Côte d’Ivoire qui, il faut le souligner avec force, a bénéficié de la part de la Banque mondiale, d’une attention toute particulière et dans certains cas, de mesures dérogatoires qui ont fait dire à certains que ce pays est le Chouchou de la Banque mondiale.
A titre d’exemple, en 2007, alors que les relations avec la Côte d’Ivoire étaient suspendues du fait d’accumulation des arriérés de dette, le Conseil d’Administration de notre institution a néanmoins approuvé en faveur de ce pays, un Don de 120 millions de dollars (60 milliards de F CFA) pour le financement du Project d’Assistance Post Conflit (PAPC) dont l’objectif majeur était l’accompagnement de la mise en œuvre de l’Accord Politique de Ouagadougou. Fait rare dans les anales de la Banque mondiale, seul quatre pays dont la Côte d’Ivoire, sur les 187 que compte l’institution, ont pu bénéficier d’une telle sollicitude en marge des règles de fonctionnement de l’institution.
Par ailleurs, en 2008, alors que la Côte d’Ivoire était toujours au ban de la communauté financière internationale du fait de son incapacité à faire face au service de sa dette, la Banque mondiale a accordé à ce pays, un autre don sous forme d’un appui budgétaire de 308 millions de dollars (154 milliards de F CFA) qui ont permis entre autres, d’éponger une partie des arriérés du service de la dette et d’accompagner le processus de préparation du premier Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) dont l’adoption par le Gouvernement en janvier 2009 a permis à la Côte d’Ivoire de franchir le point de décision de l’Initiative PPTE en mars de la même année, échéance sans laquelle, et on l’oublie souvent, le point d’achèvement annoncé pour juin prochain, c`est-à-dire dans quelques semaines, n’aurait jamais été même envisagé.
Depuis lors et grâce au paiement des arriérés que je viens d’évoquer, ce sont plus de 800 millions de dollars (400 milliards de F CFA) de dons que la Banque mondiale a accordés à la Côte d’Ivoire sous forme à la fois d’appui budgétaire et de financement de divers projets qui vous seront présentés tout à l’heure.
Les financements et les projets sont certes importants, mais ils le sont davantage quand ils rentrent dans le cadre d’une stratégie, d’une vision au service d’objectifs et de résultats tangibles. C’est ce principe qui a guidé la Banque mondiale à élaborer en 2008 une Note de Stratégie Intérimaire et en 2010, en concertation avec le Gouvernement, une Stratégie de Partenariat pour la Côte d’Ivoire qui couvre la période 2010 – 2013. Cette Stratégie est portée par quatre piliers que sont (i) le renforcement de la Gouvernance et des Institutions ; (ii) l’amélioration des performances du secteur agricole ; (iii) le renforcement du secteur privé et l’assainissement du climat des affaires ; (iv) la renaissance des infrastructures et le rétablissement des services sociaux de bases. Les quatre piliers sont assis sur un socle, une fondation constituée de deux éléments que sont (i) la création d’emplois et (ii) l’égalité de genre. Chacun des projets contenus dans le portefeuille est lié à au moins un des piliers et concoure à l’atteinte des objectifs du ou des piliers auxquels il est lié. Cette stratégie a fait l’objet d’une large concertation tant avec le Gouvernement qu’avec toutes les forces vives de la nation et les populations à la base. Elle s’inspire des priorités du Gouvernement inscrites dans le DSRP.
Par ailleurs, afin de garantir un suivi en temps réel et une réactivité efficiente des équipes de la Banque mondiale, j’ai personnellement mis un point d’honneur à conditionner la position de Chef de Projet à des critères de compétences et de résidence effective à Abidjan. C’est pourquoi la Côte d’Ivoire est l’un des pays pas nombreux dont tous les Chefs de Projets financés par la Banque mondiale sont basés sur le terrain c`est-à-dire proche du théâtre des opérations. Plus aucun TTL comme on les appelle à la Banque mondiale, ne réside à Washington et vient à Abidjan deux ou trois fois par an pour des supervisions qui durent à peine 10 jours. C’est un indéniable avantage pour les Unités de Coordination et pour la Côte d’Ivoire.
C’est dire, Excellences Mesdames et Messieurs, que les interventions de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire ont pris le contour de l’histoire récente de pays. Ces interventions ont également servi de catalyseur permettant ainsi de rassurer d’autres partenaires au développement et des investisseurs privés pour qui la qualité de notre partenariat avec un pays est un facteur de crédibilité et de garantie. Certes, notre Stratégie élaborée en 2010 n’avait pas anticipé la crise post-électorale, mais les piliers et les objectifs de cette stratégie restent pertinents et d’actualité. Des réglages pourraient être envisagés, mais ils porteraient non pas sur la substance de la stratégie, mais sur des considérations telles la programmation des projets et l’allocation sectorielle des ressources et ce en fonction des priorités du Gouvernement désormais inscrites dans le Plan National de Développement (PND).
Sans préjudice des conclusions et recommandations qui émaneront de nos travaux, je voudrais dire toute la satisfaction qui a été la mienne et celle de l’équipe que je dirige, pendant ces quatre dernières années de partenariat entre la Banque mondiale et la Côte d’Ivoire. Certes tout n’a pas été parfait. Nous avons eu six mois de rude épreuve avec à la clé la suspension de notre portefeuille entre décembre 2010 et mai 2011. Nos projets en ont souffert notamment en termes de décaissement et surtout d’atteinte des résultats. En concertation avec le Ministère de l’Economie et de Finances et les tutelles respectives, nous avons pris des mesures correctives en procédant entre autres, à la restructuration de certains projets en vue de tenir compte des exigences du moment. Même si nous n’avons pas pu effectuer une revue formelle du portefeuille pendant ces quatre ans, je dois à la vérité de reconnaitre qu’un suivi permanent était néanmoins fait sous la diligence et le dévouement d’un tandem constitué du Directeur de Cabinet et de Mme le Conseiller Spécial du Ministre de l’Economie et des Finances, M. Emmanuel Ahoutou et Mme Madeleine Yao. Je voudrais également saluer l’abnégation des Coordonnateurs des projets et de leurs équipes qui ont la difficile tâche de mettre en œuvre les projets parfois dans des conditions difficiles. C’est peut être le lieu de les interpeller sur l’absolue obligation de faire preuve d’un sens élevé de l’éthique et d’une probité à toute épreuve. Vous devez, Messieurs les Coordonnateurs, faire de la bonne gouvernance et de la primauté de la chose publique le crédo de votre mission. Certains d’entre vous ont la responsabilité de gérer des budgets supérieurs à ceux de leur ministère de tutelle. Vous avez des facilités notamment logistiques qui vous sont enviées par certains hauts cadres des administrations publiques et privés. Vous gérez des contrats importants de travaux, de fournitures et de consultants…Tout cela peut être tentant et même très tentant. Sachez qu’en matière de Gouvernance et de Corruption, la sacro-sainte règle de la Banque mondiale c’est Tolérance ZERO.
Je ne saurais terminer sans exalter, Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finance et cher frère, votre abnégation et votre détermination à tirer le meilleur parti de l’assistance de la Banque mondiale dans l’intérêt de votre pays. C’est le lieux de saluer la mise en place de l’Instruction 192 qui est une mesure d’exception et d’urgence que vous avez bien voulu prendre en 2008 en vue de faciliter l’exécution des projets financés par la Banque mondiale.
Vive la Coopération internationale
Je vous remercie de votre attention