A Bouaké, la ville qui l’a vue naître le 15 novembre 1977, le nom de dame Sanogo Mahoua épouse Soumahoro Soumaïla est évoqué avec amertume depuis 2008 par ses proches. Soumise à des règlements de compte et menaces de mort par les ex-Forces nouvelles dans la capitale du Centre, elle a dû quitter Bouaké sans laisser de trace. Et depuis, les parents et les amis étaient sans nouvelles d’elle. La petite lueur d’espoir viendra l’année dernière, où un Ivoirien résidant en France leur apprendra que cette dernière a rejoint son conjoint au pays de De Gaulle. Après avoir fui la Côte d’Ivoire pour échapper aux tueurs qui voulaient lui faire la peau en lieu et place de son époux, soupçonné par les Forces nouvelles d’être complice dans l’attentat contre l’avion de l’ex-Premier ministre Guillaume Soro en 2007, elle s’est donc exilée auprès de son homme qui a, lui aussi, échappé de justesse à la mort. Mais, bien que hors du pays, elle demeure une ‘’wanted’’ pour des caciques de l’ex-rebellion. Dans ces conditions, son retour au pays s’annonce suicidaire. Et pourtant, depuis la fin de la crise, le président Alassane Ouattara ne cesse de prôner le pardon, la réconciliation et la paix. Comment pour de simples soupçons peut-on soumettre toute une famille à un tel traitement ? De passage récemment à Bouaké, un proche de la famille Sanogo, témoin de la fuite de Mahoua, a révélé qu’elle était « soumise à des pressions et menaces de mort très fortes ». Il a ajouté qu’elle doit son salut à une connaissance d’origine malienne. Après son départ, son fils, Soumahoro Vassiriki, qui a été enrôlé de force à 17 ans par les ex-Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), a dû quitter le pays en catastrophe pour les rejoindre en France, parce qu’objet, lui aussi, des mêmes menaces. Désormais hors de portée de leurs ennemis, ils n’ont plus qu’un seul rêve : trouver protection auprès des autorités françaises. Il faut noter que des cas de ce genre sont légion en Côte d’Ivoire depuis plus d’une décennie. Si les plus chanceux ont pu échapper aux griffes des tueurs à gage, les moins ont été simplement liquidés, torturés ou incarcérés injustement. Et c’est à tout cela que le président Ouattara tente de mettre fin depuis son accession au pouvoir, par le pardon et la réconciliation.
MASS DOMI
MASS DOMI