Ils ne sont pas contents. Ils sont même très fâchés. 300 commerçants de la ville de Guibéroua, dans la région du Fromager ont signé, récemment, une pétition contre les autorités municipales et pour cause. Le maire intérimaire leur a donné jusqu’au 2 juin prochain pour rejoindre le nouveau site du marché reconstruit. En cas de refus, ce dernier compte utiliser la force pour les contraindre au déménagement. Rejoindre le marché refait aurait été une bonne nouvelle pour ces opérateurs économiques. Ils retrouveraient alors leurs anciens emplacements et étals. Mais voilà, ce qui devait être une délivrance se transforme en un cauchemar. Dans une ville comme Guibéroua, le maire demande aux commerçants de verser des cautions d’un million pour les petits magasins et 1,5 million pour les grands. On croit rêver. Et ce n’est pas tout. Pour les étals d’une superficie de seulement 2m2, la mairie exige une caution de 100 mille francs. Les autres métiers ne sont pas mieux logés. Relégués à l’extérieur du marché, il leur est demandé, avant de s’installer, la somme de 115 mille francs, la construction d’un magasin dont ils devront verser le loyer mensuel dans les caisses de la mairie une fois les travaux achevés. Inutile de dire que les commerçants trouvent ces sommes extrêmement élevées et souhaitent que les autorités municipales reviennent à des proportions acceptables qui tiennent compte de la conjoncture économique et du niveau du volume des affaires de la ville de Guibéroua. Pour soutenir leurs propositions, les autorités municipales évoquent la nécessité de rembourser les emprunts effectués auprès d’une banque de la place pour financer les travaux de réfection du marché. Bâti sur une superficie de 13OO m2, la réhabilitation de ce marché aurait coûté la bagatelle de 400 millions de FCFA, presqu’un demi-milliard. Scandale, s’écrient donc les commerçants qui ne comprennent pas que la mairie ait englouti tant d’argent dans un ouvrage qui, visiblement, ne paie pas de mine. En plus, ces commerçants reprochent au maire Michel Zadi aujourd’hui en exil au Ghana, d’avoir initié ces travaux sans se donner la peine de prendre langue avec les opérateurs qu’ils sont, ne serait-ce qu’à titre consultatif, ce qui aurait permis de ne pas engloutir tant d’argent dans les travaux. Ils considèrent alors les propositions de la municipalité comme une tentative d’extorsion de fonds. Ils voient leurs activités menacées, parce qu’ils ne peuvent pas débourser les sommes exigées. Devant la gravité du problème et la grande menace qui pèse sur eux, ils ont rencontré, récemment, une fille de la région qui a toujours été à l’écoute des populations, Mme Colette Pellaud Lakpé, pour qu’elle serve d’interface entre la mairie et eux. Tout en souhaitant qu’un audit du financement de ces travaux soit réalisé, cette dernière a promis de faire triompher le dialogue entre ces opérateurs économiques et les autorités municipales.
D.K. Bah
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