Adama Bictogo, membre influent du bureau politique du Rassemblement des Républicains, ministre de l’Intégration africaine, facilitateur de la crise malienne ne fait plus partie du gouvernement ivoirien pour avoir détourner 600 millions de francs CFA. En Côte d’Ivoire, cela n’est pas nouveau. Ministres, maires, députés, que celui qui n’a jamais détourné des biens publics, surfacturé, ou vendu des sociétés d’Etat, lève le doigt. Ce qui est arrivé à Adama Bictogo, émerge déjà d’une ancienne pratique en Côte d’Ivoire et qui conserve toutes ses originalités dans la gestion des fonctions collectives. Les détournements, la surfacturation ou les sociétés d’Etat vendues ne sont rien d’autre que des faits divers, depuis plusieurs gouvernements. Le plus spectaculaire a été le détournement de fonds à la Banque Nationale de développement agricole (BNDA). Emmanuel Dioulo, le député-maire de la commune du Plateau a été le plus épinglé, parmi tant de députés, ministres d’Etat ou hommes d’affaires. Puis, ce fut le tour du ministre du Plan de l’époque, Mohamed Diawara accusé de détournement de 6 milliards de Francs Cfa à la Ceao. Félix Houphouët-Boigny s’est retrouvé coincé entre l’éthique politique de son gouvernement et la morale de la primauté politique de l’Etat de Côte d’Ivoire. En face, Emmanuel Dioulo, un poids lourd du PDCI-RDA qui avait engagé dans un livre ‘’blanc’’, un autre modèle économique pour la Côte d’Ivoire et Mohamed Diawara, ministre et membre influent du « Club de Paris » chargé de la promotion du plan-directeur de la Côte d’Ivoire sur le marché mondial du développement Félix Houphouët-Boigny n’a pas choisi le silence…Mohamed Diawara et Emmanuel Dioulo furent humiliés. En toute vérité, ce qui est arrivé à Adama Bictogo ressemble à ce schéma et passe comme une lettre à la poste. Adama Bictogo est une force politique au Rassemblement des républicains, connu pour sa contribution financière au rayonnement du politique du président Ouattara. Adama Bictogo, grand conseiller politique de l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny. De près c’est une véritable tragi-comédie politico-financière qui a eu raison de Adama Bictogo, ‘’ami’’ personnel du président Ouattara. En tout cas, ‘’l’affaire’’ Adama Bictogo est loin de la morale de la primauté de l’Etat ivoirien. C’est pourquoi, ‘’démis’’ ou démissionnaire’’ le gouvernement du président Ouattara est allé vite en besogne avec la thérapie de choc Jeune Afrique-Radio France internationale. Sur ce front ‘’d’arrangement’’ médiatique, le rassemblement des républicains, le parti du ministre Adama Bictogo, pinaille dans une déclaration sur le départ de Adama Bictogo du gouvernement. « C’est la gestion du gouvernement Gbagbo ». Si c’est le réel motif de la ‘’démission’’ du ministre Adama Bictogo, le parti politique du président Ouattara devrait avoir des mots justes pour apaiser l’opinion nationale ivoirienne. Parce que les déclarations à l’esprit de chapelle, traduisent un manque de courage politique. « C’est la gestion du régime Gbagbo ». Mais la gestion de l’Etat est une continuité. Ce n’est pas François Hollande, le chef de l’Etat français actuel, qui ‘’refusera’’ de sortir la France de sa mauvaise croissance économique ou diminuer le chômage, parce que le régime Sarkozy en est responsable. Pour parenthèse, je ne dis pas autre : ce qui arrive à Adama Bictogo n’est pas nouveau en Côte d’Ivoire. En politique, surtout en Côte d’Ivoire, chaque action a besoin de mots justes. Aujourd’hui, ‘’l’affaire’’ Adama Bictogo ressemble à celle du socialiste français, Bernard Tapie, à l’époque ministre de la Ville, du gouvernement François Mitterrand. Bernard Tapie était puissant, gênait énormément en 1993, Delors Rocard et tous les Eléphants du Parti socialiste français. Bernard Tapie était le plus puissant dirigeant sportif français, à la tête de l’équipe de Marseille, le seul club français à avoir remporté l’unique coupe d’Europe des clubs, pour le plaisir des Français. Mais, ce qui me choque dans ‘’l’affaire’’ Adama Bictogo, c’est que le gouvernement ivoirien a manqué à sa propre morale de la primauté de l’Etat. Je fus éprouvé que c’est « Jeune Afrique » qui donne l’information sur ‘’l’affaire’’ Adama Bictogo avant les médias nationaux. Ce qui me fait croire que c’est bien l’Etat de Côte d’Ivoire qui a transmis, le dossier ‘’Adama Bictogo à ‘’Jeune Afrique’’. De la honte pour la presse ivoirienne. Dans cette image de mépris pour la presse locale, j’ai regardé la télévision ivoirienne, reprenant les communiqués du RDR et du gouvernement. Je me suis voilé la face. L’Etat ivoirien n’a pas confiance en ses propres médias. Aujourd’hui, ce qui est un progrès, c’est assurément ce gouvernement qui compte 40 ministres refusant d’observer leur train de vie. Adama Bictogo n’est donc pas le seul : résultat : que celui n’a jamais détourné, ou surfacturé lève le doigt.
Par Ben Ismaël
Par Ben Ismaël