« Charges d’Ocampo contre Gbagbo : Comment le RDR a tout fabriqué ». C’est la manchette qui barrait la Une du quotidien « Le Temps » hier. Le journal pro-Gbagbo montre sur sa première page, la photo d’un homme à quatre pattes luttant avec des flammes. A côté, la photo du supplicié est brandie par Mme Sogona Bamba, Conseillère en communication du président du RDR, aujourd’hui députée de Tafiré. La photo est du Sud-africain, Wadjah Yatte. Il l’a prise le 18 mai 2008 lors d’une manifestation xénophobe anti-mozambicaine et zimbabwéenne en Afrique du Sud. La photo est en réalité un Mozambicain qui a été brûlé vif ce jour-là par des manifestants. La photo a été utilisée au plus fort de la crise postélectorale par la députée de Tafiré sur le plateau de France 24 le 1er avril 2011 pour illustrer les horreurs commises par les adeptes de « l’article 125 » ici en Côte d’Ivoire. Et reprise plus tard par Le Patriote à sa Une du 23 janvier 2012. Et pour « Le Temps », cela suffit pour accuser le RDR d’avoir usé de montages et d’artifices pour tromper la Cour pénale internationale. Mieux, d’absoudre Laurent Gbagbo et sa meute d’assassins, de tout crime. Il est vrai que la photo en question ne vient pas de la Côte d’Ivoire. D’ailleurs, la députée Sogona Bamba a reconnu depuis janvier 2012, période où le démenti de l’auteur de la photo avait été publié par « Le Temps », qu’elle s’était trompée de bonne foi. Le Patriote également n’a plus fait usage de cette photo par la suite. Il est donc qu’en même gros de faire croire que le RDR a réussi à manipuler, à partir de cette seule méprise, le procureur de la Cour pénale internationale. L’écrire est vraiment faire preuve de mauvaise foi, de malhonnêteté professionnelle et intellectuelle. Car tout le monde sait en Côte d’Ivoire que de pauvres gens ont été suppliciés au feu à Koumassi, Port-Bouët et Yopougon. Chercher donc à réécrire l’Histoire à partir d’une photo que l’on a utilisée par erreur, montre l’ampleur du désarroi et de la panique qui règnent au sein du camp de l’ancien chef d’Etat. Le débat ici n’est pas l’authenticité de la photo qui a été utilisée par mégarde (nous le répétons encore une fois pour ceux qui font semblant de ne pas comprendre). Mais sur la véracité des faits. Est-ce que des êtres humains n’ont pas été brûlés vifs en Côte d’Ivoire ? La réponse à cette question ne souffre d’aucune contestation. « L’article 125 » n’est ni une invention ni une vue de l’esprit. L’expression « Pétrole 100 francs et allumettes 25 francs » n’a pas été créée par Ouattara et le RDR. Mais bel et bien, par les jeunes patriotes et les mercenaires à la solde de Laurent Gbagbo. La Cour pénale internationale qui a pris tout son temps pour enquêter en Côte d’Ivoire, le sait aujourd’hui grâce au travail remarquable abattu par son procureur sur le terrain. Ce n’est donc pas une simple affaire de photo qui va influencer son jugement. Mais il faut comprendre « Le Temps ». Aujourd’hui, avec les preuves irréfutables que le procureur de la CPI a en sa possession, il faut chercher à le discréditer en faisant croire à l’opinion qu’il a été manipulé par le RDR et le président Ouattara. Mais c’est peine perdue. Car comme aimait à le répéter Lénine : « Les faits sont les faits ». Les faits sont sacrés. Ils sont têtus. Et ce n’est pas en montant en épingle une photo utilisée par erreur qu’on arrivera à sauver Laurent Gbagbo et tous ceux qui ont orchestré la grave tuerie qu’a connue la Côte d’Ivoire. « Le Temps » peut ergoter sur tout ce qu’il veut. Mais la justice fera son travail. Et c’est cela l’essentiel.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly