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Politique Publié le lundi 11 juin 2012 | L’expression

Le double jeu de Monrovia

Le dernier rapport de Human Rights Watch (HRW) était prémonitoire. Mercredi, l’organisation avait dénoncé la passivité des autorités de Monrovia devant de nombreux combattants qui franchissent la frontière libérienne avec des armes, sans être inquiétés. Pire, ces mercenaires libériens et miliciens ivoiriens qui, à la solde de l’ancien président ivoirien, sont entrés au Liberia depuis la fin de la crise postélectorale, font même preuve d’audace, en passant la frontière, pour mener des attaques meurtrières dans les villages de Côte d’Ivoire. On a en mémoire l’attaque du village de Sakré, dans le département de Tai, où huit personnes avaient été tuées le 25 avril par ces combattants, deux jours seulement après la visite du président Alassane Ouattara à l’Ouest du pays. Vendredi, ce sont sept casques bleus nigériens, des éléments Frci et des civils qui ont été la cible de ces tueurs. « Depuis plus d’un an, le gouvernement libérien pratique la politique de l’autruche face au flot de criminels de guerre qui ont franchi la frontière libérienne à la fin de la crise ivoirienne », déclarait dans ledit rapport, Matt Wells, chercheur Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch. Et de poursuivre : « Plutôt que d’assumer leur responsabilité en poursuivant en justice ou en extradant les personnes impliquées dans des crimes internationaux, les autorités libériennes sont restées passives alors que beaucoup de ces personnes recrutent des enfants soldats et conduisent des attaques transfrontalières meurtrières ». Selon HRW, au moins deux Libériens de triste réputation, vraisemblablement impliqués dans des atrocités en Côte d’Ivoire ont été libérés par les autorités libériennes après avoir été inculpés au départ pour « mercenarisme » ou mercenariat. L’un d’eux est Isaac Chegbo, mieux connu sous le nom de guerre de « Bob Marley », dont Human Rights Watch dit avoir constaté l’implication dans la supervision de deux massacres en Côte d’Ivoire, dans lesquels plus de 100 personnes ont été tuées. Monrovia a aussitôt réagi à ces accusations, niant tout soutien à ces assassins. Mais comment ne pas se fier aux reproches de HRW si Hélène Johnson Sirleaf et son gouvernement regardent faire ces tueurs sur son sol. C’est au pouvoir libérien de ne pas laisser aller et venir ces Libériens et Ivoiriens qui n’ont d’autres soucis que de déstabiliser le pouvoir d’Abidjan, dans la mesure où leurs camps d’entrainement et leurs dépôts d’armes et de munitions sont connus, à en croire les enquêteurs de HRW.

Ouattara Abdoul Karim
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