Les Ivoiriens ont été abasourdis par les révélations faites, mardi 12 juin, sur les antennes de la Radiotélévision ivoirienne (RTI), par le ministre de l’Intérieur, sur les projets de déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Des preuves qui ont cloué le bec à ceux qui criaient à tue-tête que le pouvoir montait un complot contre ses adversaires d’hier, à savoir, les pro-Gbagbo. Les détails des éléments portés à la face de la nation par le ministre d’Etat, Hamed Bakayoko, font penser que les Ivoiriens marchent sur des mines, dont l’explosion peut, à tout moment, refaire basculer leur vie dans le chaos, si elle ne la leur enlève pas tout simplement. Pendant que le peuple aspire à la quiétude en encourageant les autorités à tendre la main à l’opposition pour celer la réconciliation qui reconstituerait le ciment de la Nation, certains de ses enfants (ils diront sans doute qu’ils ont encore été poussés par le Diable), travaillent à la déstabilisation du pays, sous le fallacieux prétexte qu’ils viennent libérer le peuple. De quel peuple parlent-ils ? En tout cas, l’on ne saurait l’identifier avec exactitude, tellement leur démarche parait illogique. En effet, avec tous les morts, les déplacés et toutes les frayeurs qu’a enregistrés la Côte d’Ivoire pendant le conflit postélectoral qui a frôlé la guerre civile, quel Ivoirien disposant de toutes ses facultés mentales aimerait revivre cette expérience cauchemardesque ? Quel citoyen souhaiterait encore entendre tonner les canons ou siffler les balles ? Certainement pas ces braves populations qui affrontent péniblement la vie, tous les jours, pour affirmer leur existence menacée par une crise militaro-politique qui n’a que trop duré. Libère-t-on un peuple en le maintenant perpétuellement dans la psychose d’un conflit armé ? Etant entendu que le pouvoir, dont ces sauveurs prétendent s’emparer, ne leur sera pas offert sur un plateau d’or. Les affrontements qui se déroulent ces derniers jours à l’Ouest du pays, avec leur corollaire de morts parmi les civils et de milliers de déplacés, sont une image claire de ce que serait l’ensemble du pays en cas d’un conflit généralisé. Que l’on se le dise, une tentative de coup d’Etat encore dans ce pays déclencherait indubitablement un affrontement généralisé. Ce qui est loin d’être à l’avantage du peuple que l’on prétend sauver. Si tant est que ces nombreux projets de déstabilisation visent à contester la légitimité du pouvoir, le meilleur endroit pour l’exprimer est le champ démocratique, où les populations attendent des débats contradictoires qui donnent à chaque prétendant au trône l’occasion de dérouler sa vision, sa solution pour les sauver. Tout commence par une implication franche et sincère de l’ensemble des filles et fils du pays dans le programme de réconciliation mis en place par le président de la République et conduite par le Premier ministre Charles Konan Banny, et non par un coup d’Etat.
ULRICH MOUAHET
ULRICH MOUAHET
