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Politique Publié le samedi 16 juin 2012 | Le Patriote

Quand le FPI applaudit les assassinats à l’Ouest

«Un mort est un mort», aime à dire les sages. Pour montrer que devant la mort, il n’y a pas de distinction. Si la vie peut parfois diviser les êtres humains, tout le monde doit être autour de la mort, uni. Car quel que soit son rang social, son appartenance politique et religieuse, l’homme, qui est poussière, retournera à la poussière. C’est cette leçon d’humilité qu’enseignent les Saintes écritures. Cette vérité, dans la vie de tous les jours, doit guider les actes des uns et des autres. Et surtout faire comprendre à tout un chacun qu’il ne sert à rien de se réjouir du malheur des autres. Plus grave, de pousser le cynisme jusqu’à banaliser leur mort en cherchant en attribuer la paternité à des gens qui n’ont rien à voir avec la crise ivoirienne. «Les sept casques bleus ont été tués dans une embuscade tendue par les mercenaires burkinabé qui au nombre de quelque 3000, aidés par des dozos, opèrent sous les ordres d’Amadé Ourémi bien connu du régime Ouattara. Se sentant floué et non récompensés par Ouattara qu’ils ont mis au pouvoir, ils arrivent chaque jour en plus grand nombre pour réclamer leur dû et n’entendent en aucune manière se laisser désarmer. Les soldats nigériens de l’ONUCI ont été victimes du traquenard qui leur a été posé par les mercenaires burkinabé; massacre dont la responsabilité a été imputée aux prétendus milices pro-Gbagbo», a déclaré Mika Ouretto au cours d’une conférence de presse hier au QG de campagne de Laurent Gbagbo. Si ces propos venaient des élucubrations d’un journaliste en mal de publicité, on n’en aurait pas fait une fixation. Mais venant de l’actuel premier responsable de l’ancien parti au pouvoir, cela est très grave. A la lumière de ce discours, on se rend bien compte que le FPI applaudit des dix doigts l’assassinat crapuleux des sept soldats de la paix à l’Ouest. Mieux, il s’en délecte même. Miaka dit que les auteurs de cette boucherie ne sont ni les miliciens ni les mercenaires proches de l’ancien président. Pour lui, ce sont des mercénaires burkinabé mécontents de Ouattara. Toujours la même stratégie de la fuite en avant et de la banalisation de la mort lorsqu’on ne se sent pas concerné. Dans tous les drames qui ont endeuillé la Côte d’Ivoire, le FPI n’a jamais reconnu sa part de responsabilité. Le charnier de Yopougon. Ce n’était pas Gbagbo. Car il n’était pas encore au pouvoir. Le coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002 et la rébellion, ce n’est pas non plus Laurent Gbagbo et ses camarades qui dormaient tranquillement dans leur lit quand ils ont été attaqués. Le bombardement du camp français à Bouaké qui a fait 9 morts pendant la rébellion : «C’est un coup de Chirac. Si c’est vrai qu’on nous montre les corps des militaires tués», ont lancé en son temps le FPI et son chef Laurent Gbagbo. Les 3000 morts de la crise postélectorale. « Gbagbo n’a rien fait ; c’est la faute à Ouattara», disent le FPI et ses partisans. L’assassinat des sept femmes à Abobo pendant crise postélectorale: «C’est un complot. Le RDR a fait une grossière mise en scène en mettant du « bissap » sur une jeune fille à qui on a dit de faire le mort». Aujourd’hui, c’est le même cynisme devant la mort des autres qui est servi. «Ce sont des mercenaires burkinabé qui ont fait le coup», ose dire le président par intérim de ce parti. Faut-il laisser le FPI se moquer aussi longtemps des Ivoiriens qu’ils continuent de faire souffrir? Assurément pas. Miaka Ouretto dit que ce sont des mercénaires non récompensés proches de Ouattara qui ont assassiné les sept casques bleus du contingent nigérien. Alors pourquoi chercher midi à quatorze heures. Voilà une piste que les enquêteurs se doivent d’explorer. Il leur appartient d’interpeller le président du FPI, qui semble en savoir beaucoup sur cette affaire, pour le « cuisiner ». Puisqu’il connait déjà bien l’identité des assassins avant même les conclusions de l’enquête.
Jean-Claude Coulibaly
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