La Côte d’Ivoire est plongée depuis une dizaine de jours dans un cycle infernal de mauvaises nouvelles. Des nouvelles qui ont littéralement alourdi le climat sociopolitique qui n’était d’ailleurs pas aussi apaisé. Les vieux démons sont-ils de retour ? Les tensions, les morts, les blessés, le sang des innocents sont-ils décidément, le moteur des politiques ivoiriens ? Tout porte à croire désormais qu’ils n’ont que cela à proposer à un peuple meurtri par des années de guerre et qui attendant de ses élites de véritables politiques sociales, se voit servir encore et encore l’unique ‘’bouillabaisse’’ que ‘’les politiciens’’ savent concocter. Les pêcheurs en eaux troubles et ceux qui troublent eux-mêmes les eaux pour pêcher ont pignon sur rue actuellement. Au moment où les Ivoiriens attendent des solutions concrètes, ils sont gavés d’arrestations, d’inculpations et d’extraditions spectaculaires. Mais les moments d’euphories chimériques passés, les vraies et récurrentes questions reviennent à l’ordre du jour. A quand la fin de la pièce de théâtre politique pour cette bataille économique et sociale, qui est en vérité la seule où l’on attend autant les acteurs en herbe qu’ ‘’oscarisés ‘’. Car, c’est de cela qu’il s’agit et non de distraire continuellement les Ivoiriens avec des scénarios aussi abracadabrantes sur des déstabilisateurs que l’on sait en guenilles et affamés dans leur exil. En effet, la récente sortie du ministre Hamed Bakayoko a soulevé plus d’interrogations que de certitudes. Certains ont pu avaler ses couleuvres mais d’autres sont restés zen et sur leur faim. Parce qu’il ne fallait pas être un érudit en science politique pour percer le mystère de cette sortie, jamais vu en Côte d’Ivoire. Il s’agissait, à vrai dire, de rassurer une partie des Ivoiriens et non les Ivoiriens sur la capacité des dirigeants à garantir leur sécurité. Mais quelle sécurité au moment où l’insécurité dans la capitale et dans les villes de l’intérieur du pays sont désormais d’une banalité déconcertante ? Cela reste à savoir. Et aussi les Ivoiriens sont-ils habitués à ces dirigeants qui suivent tous les pas des putschistes et qui finalement arrivent à se faire surprendre, à collaborer avec ces derniers pour se faire renverser vers la fin du film. A ce niveau rien de nouveau sous le soleil. Ce qui est inquiétant dans cette affaire, c’est la stigmatisation et le ressentiment qu’a provoqué la sortie du ministre Bakayoko. Un ministre qui nargue ses opposants clochardisés, riant de leurs déboires d’exilés, menace de les avoir ‘’un à un’’ s’il ne leur demande quasiment pas de venir lui lécher les bottes, pour bénéficier du ‘’traitement particulier’’ que le chef de l’Etat accorde à ceux des exilés qui ont décidé de ne pas regimber. Le très influent et surpuissant ministre a enquêté, arrêté, jugé et condamné Lida Kouassi Moise et autres. Qui pourra le convaincre du contraire avec ses ‘’preuves concordantes’’, que ses hommes et femmes, à qui on fait boire le calice jusqu’à la lie, sont présumés non coupables avant un jugement qui garantisse leurs droits ? Le ministre Hamed Bakayoko, auréolé de sa grande influence auprès d’Alassane Ouattara n’est-il pas en train de se laisser aller, cristallisant sur lui toutes les récriminations de l’opposition ? Lui qui devrait pourtant avoir à l’esprit que les ministres incontournables, puissants et très proches des souverains, sont avant tout des humains. Il est de notoriété publique que les BQI (bulletins quotidiens d’information) de la police ainsi que les ‘’ tuyaux’’ de la DST et des Renseignements Généraux(RG), procurent un certain plaisir à tous les sécurocrates en ce sens qu’ils savent un peu de tout sur tout. Mais cela ne devrait aucunement griser. Pour aboutir à des ‘’ déculottées d’Etat ’’ comme l’arrestation imaginaire de Koné Katinan Justin. ‘’ Vanité des vanités, tout est vanité. Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? Une génération s’en va, une autre vient et la terre subsiste toujours. Tous ont été faits de la poussière et tous retournent à la poussière’’. Chacun devrait avoir à l’esprit ce passage biblique. Pour paraphraser le journaliste C. L Sulzberger, ‘’c’est là l’aboutissement du géant, du nain, du médiocre : Tous aboutissent de même à la terre.’’ A la semaine prochaine…
Par Valery Foungbé
Par Valery Foungbé
