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Société Publié le jeudi 21 juin 2012 | L’expression

Abengourou/Vêtements, draps, serviettes… : Les populations se ruent vers la friperie

Dans la cité de l’Indenié, tout le monde s’habille chez les vendeurs de friperie au grand dam des couturiers qui sont menacés de fermer boutique faut de clients.

Le quartier château à Abengourou, est connu pour être le haut lieu de vente de la friperie appelée « yougou yougou ». A partir de 18h, les étals installés sur une longueur d’environ 1 km attirent du monde à la recherche de draps de lit, serviettes, pantalons jeans, chaussures, body, tee-shirts etc. Du fonctionnaire en passant par l’homme d’affaires, des élèves aux sans emploi, tout le monde « plonge ». Ouattara Amy, élève en terminale A au lycée moderne, une habituée des lieux, est attirée par les prix bas. « Ici, tout est déjà cousu et moins cher. Avec 10.000Fcfa, je peux m’offrir 2 à 3 pantalons jeans plus 4 tee-shirts.

Lorsque je les lave soigneusement, ils n’on rien à envier aux vêtements des magasins des grandes boutiques. Si vous achetez un pagne à 8.000Fcfa, le tailleur vous prend 10.000Fcfa. Cela vous fait un total de 18.000Fcfa. Or, avec cette somme, vous pouvez vous faire une valise ici avec des tenues de bonne qualité. En plus, la friperie fait plus tendance», affirme la candidate au bac. Même son de cloche chez Amonki Désiré, conseillère médicale dans une Ong de la place. « Je préfère venir dans la friperie parce les vêtements sont des prêts-à-porter qui font habiller. Mais ce qui est énervant, c’est qu’il ya des couturiers qui ratent votre modèle sans oublier les faux rendez-vous. On ne vit pas tous ces malheurs avec friperie, » se défend cette dame. « Je n’ai jamais cousu de pagne. De nos jours, la tendance vestimentaire, ce sont les pantalons jeans, les body, et c’est dans la friperie qu’on peut mieux s’habiller dans ce style. Le port des pagnes est un peu dépassé », renchérit, Jaki Laure, sans emploi. Il n’y a pas que les femmes qui fréquentent le marché aux puces. Jean Kanga Bedel, professeur d’espagnol, un fan du prêt-à-porter, a déserté les grands magasins à cause des prix excessifs. L’hispanophone a trouvé son bonheur au marché du quartier château. « Dans les friperies, on trouve souvent des habits qui ne sont pas usagers. Il y a des articles originaux, alors que dans les magasins, de plus en plus, il ya une tendance à la contrefaçon. Alors lorsque vous avez l’original dans la friperie », explique cet enseignant, d’où la raison pour lui de se détourner des boutiques pour le « yougou yougou ». Pour avoir ces vêtements importés de meilleure qualité, il faut passer commande. C’est ce que nous explique Mian Akoua Félicité, vendeuse de friperie et qui affirme avoir une clientèle composite.

Les tailleurs broient du noir

« Mes clients me donnent leurs numéros de téléphone et ils sont les premiers à êtres informés à chaque arrivage. Ils ont le privilège d’ouvrir les balles et font le tri des vêtements de leur gout. Après eux, je liquide le reste des vêtements à des couts dérisoires. Pour ce qui est des vêtements pour enfants par exemple, lorsque les parents finissent de choisir, le reste que j’expose se négocie entre 200 et 500fcfa », soutient le commerçant. Le boom de la friperie a tué les couturiers dont beaucoup ont mis la clé sous le paillasson. Ibrahima Kamissoko, styliste modéliste de renom dans la capitale de l’Indenié, a dans son palmarès plusieurs défilés de mode sur le plan national dont « Afrik Flashions » et « Tendance ». Il a participé également à des défilés au plan continental. Mais le styliste est très amer face au phénomène de la friperie qui constitue à ses yeux un danger pour le milieu de la couture. « La friperie détruit le système de la mode africaine et même de son économie. Parce que les couturiers et stylistes créateurs, paient des impôts ; nous payons le personnel. Nous payons aussi le magasin et l’électricité. Nous contribuons de ce fait à l’évolution et à l’économie du pays. Les friperies que vous voyez partout, c’est d’abord la contrefaçon, parce que ce n’est pas original. Ensuite les vendeurs ne payent pas de taxe comme nous le faisons à l’Etat. Les personnes qui se tournent vers les friperies au motif que c’est moins cher, n’ont rien compris. Sinon, ceux qui ont compris préfèrent aller chez un couturier. Ceux qui disent qu’ils n’ont pas assez de moyens doivent comprendre qu’il y a tous les prix chez un couturier », affirme-t-il. Puis d’ajouter : « Nous sommes plusieurs, certains sont chers et d’autres moins.

Tout se discute avec le client. Mais le travail bien fait, c’est le couturier d’abord et cela à un prix. Ce phénomène a eu une conséquence sur mes activités. C’est le cas des élèves. Ils préfèrent aller à la friperie acheter les tenues scolaires et l’envoyer chez un tailleur pour le rajuster. Mais en général, cela revient plus cher que le tissu qu’on envoie chez un tailleur pour le confectionner. Parce les retouches nécessitent souvent qu’on reprenne tout le travail à zéro, et cela prend plus de temps au tailleur. Me concernant, je ne fais pas de retouche quelque soit le vêtement », nous a confié pour sa part IB.

Bomo Ange, correspondant régional
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