Ils ont sorti leurs sabres et leurs fléchettes empoisonnées. Ils ont retrouvé leurs dictionnaires bourrés de mots couleur rouge-sang qui tuent plus vite que les armes à feu. Ils ont repris le métier, celui qu’ils savent faire le plus et qu’ils font depuis bientôt dix-neuf ans. Inciter à la haine et à la violence. Ils, ce sont ceux qui disent qu’ils se battent pour le bonheur du peuple et qui se sont donnés le titre de politiciens. Depuis quelques temps, comme non encore suffisamment satisfaits des flots de sang innocent qui ont arrosé le sol ivoirien, ils ont de nouveau retroussé leurs manches et s’apprêtent à en découdre. L’arrogance, la suffisance et l’irresponsabilité sur leur visage, le verbe haut et la poitrine bombée, ils ont repris les discours qui ont plongé le pays dans le chaos, qui ont conduit à la mort des autres et des enfants des autres. Ils multiplient déclarations et conférences de presse à un rythme diabolique. Leurs journaux ont recommencé à utiliser les mots qui ont fait tant de mal hier. Certains accusent un camp de s’adonner au terrorisme. En réponse, l’autre camp parle de génocide. Et les « Unes » sont illustrées d’images insoutenables de corps calcinés, de cadavres déterrés, de personnes exécutées, d’armes de guerre, bref ; c’est le retour à la folie. Un an à peine après la grande folie. Et tout ça, dans un pays qui dit-on, est en plein processus de réconciliation nationale. Processus de réconciliation nationale qui lui-même est en pleine agonie. Un an à peine après l’explosion, les ingrédients d’une nouvelle explosion, sous nos yeux, se remettent de nouveau en place, jour après jour. Dans un communiqué rendu public avant-hier, l’Onuci s’est inquiétée du retour de la violence dans certains discours politiques: «L’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) est préoccupée par le retour d’une nouvelle vague de dérives de langue et de propos virulents de certains acteurs politiques relevés dans les médias ivoiriens (…) le chef de l’Onuci enjoint tant la classe politique que les représentants des médias à éviter les excès de langage qui pourraient remettre en cause les acquis démocratiques, la réconciliation nationale et donc nuire à l’intérêt général...» Peut-on lire dans ledit communiqué. « Nuire à l’intérêt général » ? Comme si ce concept avait un sens dans ce pays. Depuis la mort du président Houphouët-Boigny, les ressources de ce pays ne servent qu’à nourrir et à entretenir les intérêts privés des hommes politiques, à éteindre les foyers de tension qu’ils allument par leurs compromissions et autres turpitudes, sur toute l’étendue du territoire national. Les préoccupations de ces millions de malheureux Ivoiriens qui n’en peuvent plus de souffrir de toutes sortes de privations, ils s’en fichent comme de leurs premières paires de basket. Les Ivoiriens meurent dans les hôpitaux publics (lire page 4) comme des mouches ? Tout va bien ! Quatre millions de jeunes chômeurs ne savent plus à quelle chimère s’accrocher ? Tout va bien ! Il suffit d’annoncer après un conseil des ministres que 250 mille emplois seront désormais créés chaque année pour les trois années à venir et le problème est réglé ! On n’arrive pas depuis deux ans à faire baisser le prix du riz, de l’huile, de la farine, etc ? Tout va bien !
Il suffit d’annoncer que le gouvernement est en train de réfléchir à une baisse du prix du sucre et le problème est réglé. Et puis, pour tous les miséreux qui n’en peuvent plus et qui pensent de plus en plus au suicide, le Ppte arrive. Et si tout ça ne suffit pas, eh bien, revenons à la bonne vieille méthode, la diminution des pauvres par la division et l’incitation à la haine : «Troisième et dernière phase, l’extermination des pro-Gbagbo qui a déjà commencé à l’Ouest et qu’on envisage de poursuivre avec la dissolution du Fpi et sa décapitation programmée, tout cela sans en aucun moment, pendant la crise comme aujourd’hui aucune enquête sérieuse et crédible préalablement mise en œuvre». «Arrêtez votre jeu favori et celui de votre parti le Fpi qui consiste à être de mauvaise foi même quand les évènements sont graves: faire tuer des casques bleus par ceux que vous avez armés et vous en défendre de manière honteuse, c'est inhumain». Comme on le voit, pour leur propre bonheur, les politiciens ivoiriens sont décidément prêts à tout.
A.T
Il suffit d’annoncer que le gouvernement est en train de réfléchir à une baisse du prix du sucre et le problème est réglé. Et puis, pour tous les miséreux qui n’en peuvent plus et qui pensent de plus en plus au suicide, le Ppte arrive. Et si tout ça ne suffit pas, eh bien, revenons à la bonne vieille méthode, la diminution des pauvres par la division et l’incitation à la haine : «Troisième et dernière phase, l’extermination des pro-Gbagbo qui a déjà commencé à l’Ouest et qu’on envisage de poursuivre avec la dissolution du Fpi et sa décapitation programmée, tout cela sans en aucun moment, pendant la crise comme aujourd’hui aucune enquête sérieuse et crédible préalablement mise en œuvre». «Arrêtez votre jeu favori et celui de votre parti le Fpi qui consiste à être de mauvaise foi même quand les évènements sont graves: faire tuer des casques bleus par ceux que vous avez armés et vous en défendre de manière honteuse, c'est inhumain». Comme on le voit, pour leur propre bonheur, les politiciens ivoiriens sont décidément prêts à tout.
A.T