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Politique Publié le lundi 25 juin 2012 | Le Patriote

Alassane et Dominique Ouattara en Israël, pendant quatre jours : Les quatre leçons d’une visite qui a séduit l’Etat hébreu

© Le Patriote Par DR
Conférence israélienne "Facing Tomorrow 2012": le Président Alassane Ouattara au Panel
Mercredi 20 juin 2012. Jerusalem (Israël). Le chef de l`Etat ivoirien, SEM Alassane Ouattara au Panel de la Conférence présidentielle «Facing Tomorrow 2012»
“La Côte est l’amie de tous et l’ennemie de personne». C’est sur cette pensée désormais célèbre du Président Houphouët-Boigny, que le chef de l’Etat actuel a assis sa philosophie. En Afrique, au Moyen-Orient, dans le monde Arabe, en Asie ou en Amérique, la diplomatie ivoirienne opère. Alassane Ouattara l’a dit. Il se rendra partout dans le monde, pour vendre les potentialités de son pays et expliquer aux investisseurs les avantages que leur offre la destination ivoire.
Du 16 au 20 juin dernier, le Chef de l’Etat, accompagné de son épouse Dominique Ouattara, s’est rendu en visite officielle en Israël. Cette visite était consacrée au renforcement des relations bilatérales entre l’Etat d’Israël et la Côte d’Ivoire mais aussi à promouvoir les opportunités d’investissements dans notre pays. Quelles sont les leçons qui peuvent en être tirées?

1. Diplomatie réchauffée

D’abord, le chef de l’Etat ivoirien s’est rendu en Israël pour réchauffer les relations diplomatiques engourdies depuis la disparition du Président Houphouët-Boigny. Le premier Président de la Côte d’Ivoire avait effectué un voyage mémorable en Israël en 1962. Cela avait permis de donner la position de ce pays de dialogue, sur la crise au Proche-Orient. Israël, par la suite, avait fait beaucoup d’investissements en Côte d’Ivoire dans les routes, l’hôtellerie et le logement. Depuis, plus rien. La Côte d’Ivoire est donc de retour en Israël. Et le Chef de l’Etat ivoirien a été reçu par tous les grands de ce pays hôte. Le Président Shimon Peres, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères et le Président de l’Assemblée Nationale sans oublier le leader de l’opposition, Shelly Yechmovich avec qui il a échangé. Tous ces politiques, sans exception, ont dit leur disponibilité face à la Côte d’Ivoire, un pays qui s’est toujours montré «ami d’Israël». C’est un réchauffement des relations diplomatiques qui est net. Laurent Gbagbo, autoproclamé pro-Israël avait pourtant mis à mal ces relations diplomatiques décennales au profit de réseaux parallèles. Il a fallu beaucoup de tacts au Chef de l’Etat, Alassane Ouattara pour rassurer ses hôtes que la Côte d’Ivoire est vraiment de retour et leur expliquer que la démocratie est en marche dans le pays après l’élection présidentielle qui l’a porté au pouvoir. «La démocratie est une valeur qui fait désormais partie du quotidien des Ivoiriens, en témoignent les avancées notables constatées sur le chemin du retour à la normalité, a souligné le Chef de l’Etat.

2. Opportunités économiques

Mais cette visite avait avant tout, des visées économiques. On le sait désormais, la diplomatie sous Ouattara a créé un nouveau vocable qui est «l’éco-diplomatie». Au cours de son voyage, le Chef de l’Etat s’est fait accompagner d’éminents hommes d’affaires ivoiriens. Des industriels, des banquiers, le responsable du Centre de promotion des investissements. L’économie, à la vérité fut l’épine dorsale du déplacement du Chef de l’Etat à Tel-Aviv et à Jérusalem. Durant tout son séjour, Alassane Ouattara n’a pas manqué de dire aux investisseurs israéliens que la «Côte d’Ivoire is back». Il leur a indiqué surtout que notre pays s’affirme de jour en jour comme l’une des économies les plus performantes de la sous-région avec un taux de croissance de l’ordre de 8%. A ceci, s’ajoutent d’énormes opportunités d’affaires dans différents domaines porteurs dans lesquels les investisseurs peuvent prospérer. Entre autres, les Mines, la Santé, la Recherche scientifique, l’Agriculture, l’Energie, etc. «Venez en Côte d’Ivoire et vous ne le regretterez pas», a insisté le Chef de l’Etat au cours de nombreuses rencontres qu’il a eues avec les opérateurs économiques israéliens conduits par Mickael Federmann, consul honoraire de Côte d’Ivoire en Israël, lui-même homme d’affaires. «Je sens que nous recommençons à bâtir les relations comme elles étaient dans les années 70 et 80», a-t-il dit. En tout cas, Alassane Ouattara a dressé un tableau plus qu’alléchant aux investisseurs qui se sont mobilisés pour l’écouter: «Je voudrais vous inviter à venir nombreux investir en Côte d’Ivoire en faisant confiance à notre pays qui a renoué avec la paix et la stabilité. Je suis un libéral et un démocrate. Je suis donc convaincu que les investissements privés et la création d’entreprises sont l’ossature d’une économie.». Déjà, la moisson semble prometteuse. L’on annonce pour les 18 prochains mois, la construction d’une centrale thermique de plus de 350 mégawatts pour renforcer la capacité énergétique de notre pays. Plusieurs hommes d’affaires dans d’autres domaines sont annoncés. Le logement, l’agriculture, la lutte comme la cybernétique ont particulièrement intéressés les investisseurs israéliens. Une délégation d’hommes d’affaires israéliens est annoncée à Abidjan autour du 9 juillet prochain. Les quinze accords de coopération entre les deux Etats, sont donc sur le point d’être réactivés.

3. Une vision de l’Afrique

L’une des activités marquantes du séjour d’Alassane Ouattara en Israël, fut la conférence qu’il a prononcée au Forum «Facing Tomorrow 2012» à Jérusalem. Seul chef d’Etat africain invité à ce forum de haute portée pour l’Etat hébreu, Alassane Ouattara a parlé au monde de sa vision de demain. Devant un parterre de personnalités du monde politique et financier, comme Shimon Peres, Henry Kissinger, Tony Blair ou Stanley Fischer, le président de la CEDEAO a dit sa foi en la démocratie qui est «irréversible en Afrique». Pour Alassane Ouattara, «les temps ont bien changé. Les lions d’Afrique sont aujourd’hui à la poursuite des tigres asiatiques». L’ancien Directeur général adjoint du FMI, dans un discours de rupture, n’a pas versé dans l’afro-pessimisme ou la «guerre contre l’impérialisme», attaquant les grandes puissances. Alassane Ouattara a été plutôt concret et optimiste, mettant les Africains devant leurs responsabilités. Chiffres à l’appui, l’avocat du continent a démontré que l’Afrique a des raisons d’espérer dans l’avenir. Ce qui lui fait dire que «l’Afrique est en passe de réussir son décollage économique tout comme la Chine il y a 30 ans et l’Inde il y a 20 ans». Mais, poussant son analyse lucide jusqu’au bout, le Chef de l’Etat ivoirien a mis en garde le continent africain contre les écueils qui se dressent sur le chemin de la démocratie. Aussi, devait-il appeler la communauté internationale à prendre ses responsabilités pour appuyer les leaders locaux à assurer la sécurité menacée dans certaines zones comme au Nord du Mali. En tout cas, pour sa vision de demain, Alassane Ouattara pense qu’un «nouveau monde est en train de naître». Il a appelé au dialogue et à la paix entre Israël et ses voisins arabes pour la mise en place de deux Etats.
4. Des visites édifiantes. Enfin, il serait difficile pour des personnalités présentes en Israël de ne pas se soumettre à un certain protocole. D’où la visite du musée de l’holocauste et des lieux saints de la ville. Des sites historiques pour rappeler à l’humanité combien souvent, elle peut être inhumaine. La leçon à tirer à ce sujet, est la prise de conscience des uns et des autres, face aux martyrs du peuple juif afin que nulle part ailleurs sur cette terre, certains ne veuillent rééditer le nazisme aussi bien dans sa philosophie que dans ses pratiques. La Première Dame, de son côté, poursuit sa croisade contre l’enfance en souffrance. Promotrice du projet de construction d’un grand hôpital à Bingerville, Dominique Ouattara est allée dans la banlieue de Tel-Aviv, s’imprégner d’un exemple, celui de l’hôpital Schneider pour enfants. Ce centre médical de très haut niveau technologique symbolise à lui seul, la politique sociale de l’Etat hébreux. La Première Dame, après une visite guidée, a pris beaucoup de notes et promis s’inspirer de l’exemple du Centre médical Schneider.
En tout, on peut le dire, la visite d’Alassane Ouattara et son épouse, en terre sainte et à Jérusalem a porté plus que des fruits. Elle aura permis aux leaders politiques de l’Etat hébreu de faire revivre Houphouët-Boigny. Mais, en Alassane Ouattara, ils ont tous vu «un leader parmi les leaders», «un grand africain qui pourra ramener l’espoir à l’Afrique». Israël a été séduit par le fils d’Houphouët-Boigny. C’est peu de le dire.
Charles Sanga
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