De même qu’il a contribué à la chute de Konan Bédié en soutenant le controversé concept de l’ivoirité, Venance Konan veut aider à précipiter Alassane Ouattara dans le trou en soutenant la politique d’exclusion du « rattrapage ».
«Chassez le naturel, il revient au galop», dit l’adage. On croyait que les nouvelles fonctions de directeur général du quotidien gouvernemental «Fraternité matin» qu’il occupe conduiraient notre confrère Venance Konan à ravaler sa haine pour Gbagbo, le Fpi et les millions d’ivoiriens qui soutiennent l’ex-chef de l’Etat. Que non ! L’homme agit comme si ce poste qu’il occupe dans le journal financé par tous les contribuables ivoiriens est, pour lui, une tribune offerte gracieusement pour mener un combat politique d’un camp contre un autre. Et pourtant « Fraternité Matin », qui est l’organe de l’Etat de Côte d’Ivoire vit grâce à l’argent des ivoiriens y compris les partisans du président Gbagbo. Progressivement, Venance Konan est en train d’ôter à «Fraternité Matin», l’esprit de rassembleur que lui avait inculqué Honorat De Yedagne et que Jean-Baptiste Akrou avait poursuivi. Jamais sous ces deux ex-directeurs généraux, on a lu dans «Fraternité Matin» des éditoriaux appelant, à mots à peine couverts, à liquider physiquement Bédié, Ouattara et leurs partisans. Sous Gbagbo, «Fraternité Matin» n’a jamais ainsi dérapé parce que, bien qu’ils soutenaient la rébellion armée déclenchée en septembre 2002, ces deux leaders politiques et leurs partisans ne demeuraient pas moins ivoiriens que les pro-Gbagbo. Selon les résultats de Choi et Youssouf Bakayoko, l’ex-chef de l’Etat a obtenu 46% à l’élection présidentielle 2010.
Sur une population électorale de 5 millions de personnes, ça fait environ la moitié. Peut-on raisonnablement diriger un pays contre la moitié de l’électorat ? Croire que cela serait possible, est totalement insensé. A l’échelle des 20 millions d’habitants de la Côte d’Ivoire, on se rend compte que les partisans de Gbagbo sont si nombreux. Aucune réconciliation nationale véritable, aucun redécollage du pays ne pourra se faire en les excluant. L’affirmer, c’est faire de la realpolitik. Venance Konan en sa qualité de Directeur général et éditorialiste de « Fraternité Matin » devrait le savoir. Malheureusement, ce n’est visiblement pas le cas.
Puisqu’il ressuscite les vieux démons et arbore ses vieilles habitudes qui ont été un adjuvant à la chute d’Aimé Henri Konan Bédié. Comme hier avec le concept controversé de l’ivoirité qu’il défendait avec d’autres thuriféraires dont Nyamké Koffi, Venance Konan embouche la trompette de la politique de division et d’exclusion dénommée « rattrapage » prônée par Alassane Dramane Ouattara. Sans doute, consciemment ou inconsciemment, pour précipiter Ouattara dans le trou, notre confrère justifie et conceptualise les nombreux impairs que le nouvel homme fort du pays commet dans le cadre de sa gouvernance depuis avril 2011.
Venance Konan va plus loin en frappant d’interdit dans la « nouvelle » Côte d’Ivoire sous Ouattara, tous ceux qui ne pensent pas comme les partisans du nouveau régime. En bonne place figurent les militants et sympathisants du Fpi à qui il demande d’ «oublier Gbagbo». Et évidemment de rallier Ouattara, s’ils veulent encore rester en vie, pourrait-on dire. Parce que Venance Konan croit savoir que pour «Gbagbo, c’en est fini». Parce que, sans doute, pour le militant du Pdci, allié du Rdr, qu’il est à la tête de «Fraternité Matin», la Cour pénale internationale constitue un voyage de non retour. Même si on y est injustement détenu comme Laurent Gbagbo, depuis le 30 novembre 2011. «Le Fpi fera-t-il un jour son deuil de Laurent Gbagbo ? Apparemment non. En tout cas, il n’en prend pas le chemin. Certes, Laurent Gbagbo est encore vivant, et il n’a pas encore été jugé et encore condamné. Il est tout à fait normal que ceux qui le soutiennent espèrent qu’il sera un jour libéré et reviendra au pays. L’espoir fait vivre », écrit Venance Konan dans son éditorial daté du lundi 25 juin 2012.
En d’autres termes, pour le Directeur général/éditorialiste de « Fraternité Matin », les partisans de Gbagbo doivent le considérer comme mort et faire comme s’il n’avait jamais existé. Comment peut-on aller à la réconciliation si certains ivoiriens appartenant à un des deux camps ex-belligérants possèdent une telle conception surannée de l’avenir du pays ?
Venance Konan ne rend pas service à Alassane Dramane Ouattara en développant de telles idées. L’exclusion n’a jamais été le gage de la pérennité d’un pouvoir. Ni le retour au parti unique, encore moins l’instauration d’un climat de peur contre l’opposition. Si cela marchait dans les années 60, c’est totalement impossible aujourd’hui. On l’a vu avec le printemps arabe en Tunisie et en Egypte. Si la Côte d’Ivoire doit tourner la page de la grave crise qu’elle a vécue, c’est ensemble, avec tous les fils et filles du pays que cela doit se faire. Les ex-camps belligérants avec leurs différents leaders que sont Ouattara, Bédié et Gbagbo. C’est avec Nelson Mandela conduisant les Noirs et Frederik De Klerk devant les Blancs que l’Afrique du Sud a tourné la page de l’apartheid. Mais avant, Mandela est sorti de prison…
Didier Depry et Boga Sivori
«Chassez le naturel, il revient au galop», dit l’adage. On croyait que les nouvelles fonctions de directeur général du quotidien gouvernemental «Fraternité matin» qu’il occupe conduiraient notre confrère Venance Konan à ravaler sa haine pour Gbagbo, le Fpi et les millions d’ivoiriens qui soutiennent l’ex-chef de l’Etat. Que non ! L’homme agit comme si ce poste qu’il occupe dans le journal financé par tous les contribuables ivoiriens est, pour lui, une tribune offerte gracieusement pour mener un combat politique d’un camp contre un autre. Et pourtant « Fraternité Matin », qui est l’organe de l’Etat de Côte d’Ivoire vit grâce à l’argent des ivoiriens y compris les partisans du président Gbagbo. Progressivement, Venance Konan est en train d’ôter à «Fraternité Matin», l’esprit de rassembleur que lui avait inculqué Honorat De Yedagne et que Jean-Baptiste Akrou avait poursuivi. Jamais sous ces deux ex-directeurs généraux, on a lu dans «Fraternité Matin» des éditoriaux appelant, à mots à peine couverts, à liquider physiquement Bédié, Ouattara et leurs partisans. Sous Gbagbo, «Fraternité Matin» n’a jamais ainsi dérapé parce que, bien qu’ils soutenaient la rébellion armée déclenchée en septembre 2002, ces deux leaders politiques et leurs partisans ne demeuraient pas moins ivoiriens que les pro-Gbagbo. Selon les résultats de Choi et Youssouf Bakayoko, l’ex-chef de l’Etat a obtenu 46% à l’élection présidentielle 2010.
Sur une population électorale de 5 millions de personnes, ça fait environ la moitié. Peut-on raisonnablement diriger un pays contre la moitié de l’électorat ? Croire que cela serait possible, est totalement insensé. A l’échelle des 20 millions d’habitants de la Côte d’Ivoire, on se rend compte que les partisans de Gbagbo sont si nombreux. Aucune réconciliation nationale véritable, aucun redécollage du pays ne pourra se faire en les excluant. L’affirmer, c’est faire de la realpolitik. Venance Konan en sa qualité de Directeur général et éditorialiste de « Fraternité Matin » devrait le savoir. Malheureusement, ce n’est visiblement pas le cas.
Puisqu’il ressuscite les vieux démons et arbore ses vieilles habitudes qui ont été un adjuvant à la chute d’Aimé Henri Konan Bédié. Comme hier avec le concept controversé de l’ivoirité qu’il défendait avec d’autres thuriféraires dont Nyamké Koffi, Venance Konan embouche la trompette de la politique de division et d’exclusion dénommée « rattrapage » prônée par Alassane Dramane Ouattara. Sans doute, consciemment ou inconsciemment, pour précipiter Ouattara dans le trou, notre confrère justifie et conceptualise les nombreux impairs que le nouvel homme fort du pays commet dans le cadre de sa gouvernance depuis avril 2011.
Venance Konan va plus loin en frappant d’interdit dans la « nouvelle » Côte d’Ivoire sous Ouattara, tous ceux qui ne pensent pas comme les partisans du nouveau régime. En bonne place figurent les militants et sympathisants du Fpi à qui il demande d’ «oublier Gbagbo». Et évidemment de rallier Ouattara, s’ils veulent encore rester en vie, pourrait-on dire. Parce que Venance Konan croit savoir que pour «Gbagbo, c’en est fini». Parce que, sans doute, pour le militant du Pdci, allié du Rdr, qu’il est à la tête de «Fraternité Matin», la Cour pénale internationale constitue un voyage de non retour. Même si on y est injustement détenu comme Laurent Gbagbo, depuis le 30 novembre 2011. «Le Fpi fera-t-il un jour son deuil de Laurent Gbagbo ? Apparemment non. En tout cas, il n’en prend pas le chemin. Certes, Laurent Gbagbo est encore vivant, et il n’a pas encore été jugé et encore condamné. Il est tout à fait normal que ceux qui le soutiennent espèrent qu’il sera un jour libéré et reviendra au pays. L’espoir fait vivre », écrit Venance Konan dans son éditorial daté du lundi 25 juin 2012.
En d’autres termes, pour le Directeur général/éditorialiste de « Fraternité Matin », les partisans de Gbagbo doivent le considérer comme mort et faire comme s’il n’avait jamais existé. Comment peut-on aller à la réconciliation si certains ivoiriens appartenant à un des deux camps ex-belligérants possèdent une telle conception surannée de l’avenir du pays ?
Venance Konan ne rend pas service à Alassane Dramane Ouattara en développant de telles idées. L’exclusion n’a jamais été le gage de la pérennité d’un pouvoir. Ni le retour au parti unique, encore moins l’instauration d’un climat de peur contre l’opposition. Si cela marchait dans les années 60, c’est totalement impossible aujourd’hui. On l’a vu avec le printemps arabe en Tunisie et en Egypte. Si la Côte d’Ivoire doit tourner la page de la grave crise qu’elle a vécue, c’est ensemble, avec tous les fils et filles du pays que cela doit se faire. Les ex-camps belligérants avec leurs différents leaders que sont Ouattara, Bédié et Gbagbo. C’est avec Nelson Mandela conduisant les Noirs et Frederik De Klerk devant les Blancs que l’Afrique du Sud a tourné la page de l’apartheid. Mais avant, Mandela est sorti de prison…
Didier Depry et Boga Sivori