Sur le plateau de la télévision « nationale », le 12 juin dernier, le ministre de l’intérieur, Hamed Bakayoko, a accusé des ivoiriens en exil, proches du Président Laurent Gbagbo, d’avoir préparé un coup d’Etat. Que le pouvoir Ouattara dit avoir déjoué. Cité parmi les « auteurs » de ce présumé putsch, le journaliste Ben Zahoui Dégbou, ex-Directeur de la chaîne TV2 (devenue RTI 2 sous Ouattara), réagit depuis son exil ghanéen. Voici la lettre publique qu’il a adressée au ministre Hamed Bakayoko.
A monsieur Hamed Bakayoko, Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur à Abidjan.
Monsieur le Ministre d’Etat,
Au cours d’une émission télévisée le 12 juin dernier, vous avez cité mon nom sur une liste de personnes pro-Gbagbo vivant à Accra qui s’apprêteraient à déstabiliser la Côte d’Ivoire. Après cette émission qui a surpris beaucoup d’Ivoiriens et d’observateurs internationaux, sur la forme et sur le fond, vous avez confié en privé à des personnes que vous ferrez tout ce qui est possible pour avoir ma peau.
Cette information de source fiable m’est parvenue, le même soir. Vingt six ans de Télévision laissent forcement des amitiés partout, dans tous les milieux socio- politiques en Côte d’Ivoire et dans le monde. Monsieur le Ministre d’Etat, moi, je n’ai pas peur de la mort et je sais me défendre. Vous n’avez pas le monopole de la terreur.
Monsieur le Ministre d’Etat, sans une enquête, car cette affaire relève quand même d’une importante question d’atteinte à la sureté de l’Etat, sans des preuves et sans m’avoir entendu, vous me rendez coupable. Depuis maintenant deux semaines, des personnes identifiées me suivent dans tous mes mouvements.
Vous le savez, je suis dans l’information et je regarde certainement vos envoyés de tueurs à gage avec beaucoup de tristesse, parce que je n’ai tué personne pendant la crise postélectorale. Je n’ai fait que mon travail de journaliste d’une Télévision d’Etat comme le fait en ce moment Aka Sayé Lazare.
Sur les conseils de mon avocat, j’ai déposé une plainte contre X pour menace de mort auprès de la police ghanéenne et informé mes confrères dans mon pays d’accueil. J’ai également informé la direction de Reporters sans frontière dont je suis membre et des organisations des droits de l’homme sur cette affaire qui sent à mille lieux un règlement de compte.
Je ne suis pas un faiseur de coups d’Etat. Je suis journaliste et j’ai servi mon pays pendant vingt six ans. Ma position sur la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire est claire, ayant une haute idée de l’exercice du pouvoir d’Etat. Le régime actuelle est incapable de réconcilier les ivoiriens.
Par ses pratiques tribales, il ne fait qu’agrandir la fracture sociale entre les ressortissants du nord et ceux des autres régions du pays, notamment du grand ouest. Le régime actuel est incapable d’assurer la sécurité des populations et de leurs biens. Les exécutions extrajudiciaires FRCI sont devenues monnaie courante.
Si le penser et le dire est assimilable à une atteinte à la sureté de l’Etat, alors je suis prêt à mourir pour défendre cette vérité implacable. Je suis au Ghana, précisément à Accra où je suis arrivé en Avril 2011 avec un pantalon et une chemise qu’un pêcheur d’Assini Mafia a bien voulu m’offrir. Grâce à ma famille, mes conditions de vie sont redevenues presque normales.
En ce moment, Je suis des cours d’anglais dans un institut pour combler mes lacunes dans cette langue. Après ces cours d’anglais, je vais rejoindre ma femme et mes enfants qui vivent en Europe où j’ai des propositions de travail. Par ailleurs, je dirige Dignité et Souveraineté pour l’Afrique (DSA) mouvement d’intellectuels panafricanistes, dans ce sens je suis entre Abuja, Dakar, Libreville et Accra.
Dans mon agenda, il n’y a donc pas de projet de coup d’Etat et même de retour en Côte d’Ivoire pour au moins dix ans.
Naturellement, je souhaite que mes comptes bancaires soient dégelés, et que la RTI et la CGRAE me payent respectivement des droits pour licenciement abusif et ma pension de retraite anticipée forcée.
Naturellement, je souhaite que mes parents du grand ouest vivent en paix et reprennent leurs terres occupées illégalement par des Maliens et Burkinabè.
Naturellement, je souhaite que tous les réfugiés ivoiriens qui vivent difficilement en ce moment dans les pays de la sous région, notamment au Ghana, regagnent leur seul pays.
Naturellement, je souhaite que Laurent Gbagbo qui a gagné les élections, je sais de quoi je parle, son épouse, son fils et tous ses collaborateurs, retrouvent leur liberté pour amorcer une vraie réconciliation nationale en Côte d’Ivoire.
Monsieur le ministre d’Etat, c’est un conseil de grand frère, vous êtes ami à deux de mes petits frères, vous occupez un poste très important dans le gouvernement, n’oubliez jamais que c’est une position bien éphémère, par conséquent, je vous invite modestement à toujours essayer de rester juste et mesuré dans vos prises de décisions, car on ne sait jamais l’avenir.
Haute considération.
Accra, le 27Juin 2012
Ben Zahoui Dégbou
A monsieur Hamed Bakayoko, Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur à Abidjan.
Monsieur le Ministre d’Etat,
Au cours d’une émission télévisée le 12 juin dernier, vous avez cité mon nom sur une liste de personnes pro-Gbagbo vivant à Accra qui s’apprêteraient à déstabiliser la Côte d’Ivoire. Après cette émission qui a surpris beaucoup d’Ivoiriens et d’observateurs internationaux, sur la forme et sur le fond, vous avez confié en privé à des personnes que vous ferrez tout ce qui est possible pour avoir ma peau.
Cette information de source fiable m’est parvenue, le même soir. Vingt six ans de Télévision laissent forcement des amitiés partout, dans tous les milieux socio- politiques en Côte d’Ivoire et dans le monde. Monsieur le Ministre d’Etat, moi, je n’ai pas peur de la mort et je sais me défendre. Vous n’avez pas le monopole de la terreur.
Monsieur le Ministre d’Etat, sans une enquête, car cette affaire relève quand même d’une importante question d’atteinte à la sureté de l’Etat, sans des preuves et sans m’avoir entendu, vous me rendez coupable. Depuis maintenant deux semaines, des personnes identifiées me suivent dans tous mes mouvements.
Vous le savez, je suis dans l’information et je regarde certainement vos envoyés de tueurs à gage avec beaucoup de tristesse, parce que je n’ai tué personne pendant la crise postélectorale. Je n’ai fait que mon travail de journaliste d’une Télévision d’Etat comme le fait en ce moment Aka Sayé Lazare.
Sur les conseils de mon avocat, j’ai déposé une plainte contre X pour menace de mort auprès de la police ghanéenne et informé mes confrères dans mon pays d’accueil. J’ai également informé la direction de Reporters sans frontière dont je suis membre et des organisations des droits de l’homme sur cette affaire qui sent à mille lieux un règlement de compte.
Je ne suis pas un faiseur de coups d’Etat. Je suis journaliste et j’ai servi mon pays pendant vingt six ans. Ma position sur la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire est claire, ayant une haute idée de l’exercice du pouvoir d’Etat. Le régime actuelle est incapable de réconcilier les ivoiriens.
Par ses pratiques tribales, il ne fait qu’agrandir la fracture sociale entre les ressortissants du nord et ceux des autres régions du pays, notamment du grand ouest. Le régime actuel est incapable d’assurer la sécurité des populations et de leurs biens. Les exécutions extrajudiciaires FRCI sont devenues monnaie courante.
Si le penser et le dire est assimilable à une atteinte à la sureté de l’Etat, alors je suis prêt à mourir pour défendre cette vérité implacable. Je suis au Ghana, précisément à Accra où je suis arrivé en Avril 2011 avec un pantalon et une chemise qu’un pêcheur d’Assini Mafia a bien voulu m’offrir. Grâce à ma famille, mes conditions de vie sont redevenues presque normales.
En ce moment, Je suis des cours d’anglais dans un institut pour combler mes lacunes dans cette langue. Après ces cours d’anglais, je vais rejoindre ma femme et mes enfants qui vivent en Europe où j’ai des propositions de travail. Par ailleurs, je dirige Dignité et Souveraineté pour l’Afrique (DSA) mouvement d’intellectuels panafricanistes, dans ce sens je suis entre Abuja, Dakar, Libreville et Accra.
Dans mon agenda, il n’y a donc pas de projet de coup d’Etat et même de retour en Côte d’Ivoire pour au moins dix ans.
Naturellement, je souhaite que mes comptes bancaires soient dégelés, et que la RTI et la CGRAE me payent respectivement des droits pour licenciement abusif et ma pension de retraite anticipée forcée.
Naturellement, je souhaite que mes parents du grand ouest vivent en paix et reprennent leurs terres occupées illégalement par des Maliens et Burkinabè.
Naturellement, je souhaite que tous les réfugiés ivoiriens qui vivent difficilement en ce moment dans les pays de la sous région, notamment au Ghana, regagnent leur seul pays.
Naturellement, je souhaite que Laurent Gbagbo qui a gagné les élections, je sais de quoi je parle, son épouse, son fils et tous ses collaborateurs, retrouvent leur liberté pour amorcer une vraie réconciliation nationale en Côte d’Ivoire.
Monsieur le ministre d’Etat, c’est un conseil de grand frère, vous êtes ami à deux de mes petits frères, vous occupez un poste très important dans le gouvernement, n’oubliez jamais que c’est une position bien éphémère, par conséquent, je vous invite modestement à toujours essayer de rester juste et mesuré dans vos prises de décisions, car on ne sait jamais l’avenir.
Haute considération.
Accra, le 27Juin 2012
Ben Zahoui Dégbou