Le week-end dernier, à Kingston, en Jamaïque, Usain Bolt, le champion des derniers jeux olympiques, aux 100 et 200 mètres, a été battu. La surprise a été totale dans le pays et dans le monde entier. On croyait Usain Bolt imbattable sur ces deux distances. Or, il a été véritablement distancé par le jeune Yohan Blake, de la même écurie que lui. D’ailleurs, c’est le grand qui donnait des conseils à son cadet en matière de course, de sprint. Comme quoi la valeur n’attend point le nombre des années.
Et surtout que la valeur ne se trouve pas dans un pays donné, que tous les pays du monde peuvent monter sur le podium. Dans chaque pays, on doit pouvoir trouver des leaders dans tous les domaines. C’est une question de travail inlassable, avec acharnement et ténacité. Dans moins d’un mois, nos yeux seront braqués sur Londres pour les jeux olympiques. C’est la plus grande manifestation télévisuelle du monde. La coupe du monde de football vient après. On dit que c’est le tour cycliste de France qui prend la troisième position. C’est dire que la race humaine est friande de compétition. Voir gagner son poulain et surtout assister à la défaite de l’ennemi est une marque déposée des hommes. Donc nous allons nous réjouir, bientôt, des victoires et des défaites de ceux que nous aimons ou détestons exactement comme dans la vie quotidienne. Le sprint et le marathon seront les plus regardés.
Dès qu’une compétition est lancée, le chauvinisme va s’emparer de tous les cœurs et de tous les esprits. Qui aura encore en tête la devise des jeux olympiques, à savoir que l’essentiel est de participer ? En Afrique, nos yeux seront fixés dès le départ de tous les athlètes du continent. Pour une fois l’unité africaine recherchée depuis de nombreuses années sera une évidence, une réalité. Une athlète camerounaise qui court sera supportée par tous les Africains. Sa course est la course de tout le continent. Mais sur les pistes et les salles de Londres, on va découvrir le fossé qui nous sépare de l’Occident. La honte va encore s’emparer de nous. Dans la plupart des compétitions où nos athlètes seront engagés, les dernières places nous seront réservées. Et comme dans nos habitudes, on va chanter encore que les prochains jeux seront mieux pour nous et qu’on va avoir un carton de médailles. Après la réception des athlètes qui n’ont pas démérité de la nation on passera à autre chose. Le développement ou la promotion du sport ne fait pas partie des exigences des bailleurs de fonds. Je vais encore et toujours me révolter en voyant nos sportifs distancés par les pays riches, puissants ou organisés. C’est à dessein que j’ai commencé par deux athlètes jamaïcains. Ce pays a de quoi plus que chaque pays africain ? Rien. Des quartiers de Kingston continuent de ressembler à ceux d’Adjamé ou de la Médina à Dakar. Pourquoi la Jamaïque gagne, et que la Côte d’Ivoire ou le Sénégal ne peuvent pas faire mieux ? Le succès des Kenyans, Ethiopiens ne doivent pas nous faire cacher la réalité.
En Afrique, on ne travaille pas du tout. Comment se faire battre à plate couture par des européens ou des asiatiques par la marche à pied ? Pourquoi ne pas obtenir la médaille d’or dans la marche ? Qui marche plus que l’Africain ? Ne disons pas que les moyens manquent pour s’entraîner. François Closet écrivait : « Pour décevant que cela puisse paraître, l’individu ne se donne le meilleur de lui-même qu’en poursuivant des buts égoïstes. » Alors, faut-il attendre le gouvernement pour s’entraîner dans la mesure où le premier gagnant c’est avant tout nous –même ? Non. On sait qu’on peut s’entraîner seul et suivre un régime alimentaire en évitant certains aliments. Pas besoin d’aller dans un institut de sport à l’étranger ou faire venir un entraîneur hongrois payé à des millions pour inculquer des techniques. Yohan Blake, à l’issue des deux courses a dit : «J’ai beaucoup travaillé pour en arriver là et je vois que ça paye». Yohan Blake a quoi de plus qu’un Diarrassouba, un Faye ou un Kwamé ? Seulement le travail en plus. Travailler signifie qu’il faut faire quatre heures de plus que le temps normal. Et c’est ainsi qu’on devient leader. Inutile de se plaindre ou de s’adonner à des plaisirs éphémères en délaissant ce qu’on doit faire. L’Afrique est un réservoir de jeunes talentueux dans tous les domaines du sport sauf certainement dans le ski, nous n’avons pas de neige ici. Il ne reste qu’une prise de conscience. Oublier le gouvernement et se battre tout seul et quand ça marchera le gouvernement viendra.
Ce n’est pas maintenant qu’on verra des lycées véritablement sport quoique que cela ne coûte rien. L’Afrique n’est pas encore prête pour une politique de sport tant que les bailleurs de fonds n’en feront pas une des priorités. Comme d’habitude, du 27 juillet au 12 Août, on regardera encore les athlètes des pays nantis nous damer le pion. Notre satisfaction sera de voir les noirs des Amériques ou d’Europe gagner des médailles d’or pour nous. On ne les oublie jamais. Ils sont partis des côtes africaines. Ils réussissent mieux que nous même s’ils vivent dans des ghettos. Au contact de leurs «maitres», ils ont appris que «trop parler c’est maladie», il faut simplement imiter les autres, c`est-à-dire travailler plus qu’eux. Il n’y a pas d’autres secrets. Ainsi va l’Afrique.
A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Et surtout que la valeur ne se trouve pas dans un pays donné, que tous les pays du monde peuvent monter sur le podium. Dans chaque pays, on doit pouvoir trouver des leaders dans tous les domaines. C’est une question de travail inlassable, avec acharnement et ténacité. Dans moins d’un mois, nos yeux seront braqués sur Londres pour les jeux olympiques. C’est la plus grande manifestation télévisuelle du monde. La coupe du monde de football vient après. On dit que c’est le tour cycliste de France qui prend la troisième position. C’est dire que la race humaine est friande de compétition. Voir gagner son poulain et surtout assister à la défaite de l’ennemi est une marque déposée des hommes. Donc nous allons nous réjouir, bientôt, des victoires et des défaites de ceux que nous aimons ou détestons exactement comme dans la vie quotidienne. Le sprint et le marathon seront les plus regardés.
Dès qu’une compétition est lancée, le chauvinisme va s’emparer de tous les cœurs et de tous les esprits. Qui aura encore en tête la devise des jeux olympiques, à savoir que l’essentiel est de participer ? En Afrique, nos yeux seront fixés dès le départ de tous les athlètes du continent. Pour une fois l’unité africaine recherchée depuis de nombreuses années sera une évidence, une réalité. Une athlète camerounaise qui court sera supportée par tous les Africains. Sa course est la course de tout le continent. Mais sur les pistes et les salles de Londres, on va découvrir le fossé qui nous sépare de l’Occident. La honte va encore s’emparer de nous. Dans la plupart des compétitions où nos athlètes seront engagés, les dernières places nous seront réservées. Et comme dans nos habitudes, on va chanter encore que les prochains jeux seront mieux pour nous et qu’on va avoir un carton de médailles. Après la réception des athlètes qui n’ont pas démérité de la nation on passera à autre chose. Le développement ou la promotion du sport ne fait pas partie des exigences des bailleurs de fonds. Je vais encore et toujours me révolter en voyant nos sportifs distancés par les pays riches, puissants ou organisés. C’est à dessein que j’ai commencé par deux athlètes jamaïcains. Ce pays a de quoi plus que chaque pays africain ? Rien. Des quartiers de Kingston continuent de ressembler à ceux d’Adjamé ou de la Médina à Dakar. Pourquoi la Jamaïque gagne, et que la Côte d’Ivoire ou le Sénégal ne peuvent pas faire mieux ? Le succès des Kenyans, Ethiopiens ne doivent pas nous faire cacher la réalité.
En Afrique, on ne travaille pas du tout. Comment se faire battre à plate couture par des européens ou des asiatiques par la marche à pied ? Pourquoi ne pas obtenir la médaille d’or dans la marche ? Qui marche plus que l’Africain ? Ne disons pas que les moyens manquent pour s’entraîner. François Closet écrivait : « Pour décevant que cela puisse paraître, l’individu ne se donne le meilleur de lui-même qu’en poursuivant des buts égoïstes. » Alors, faut-il attendre le gouvernement pour s’entraîner dans la mesure où le premier gagnant c’est avant tout nous –même ? Non. On sait qu’on peut s’entraîner seul et suivre un régime alimentaire en évitant certains aliments. Pas besoin d’aller dans un institut de sport à l’étranger ou faire venir un entraîneur hongrois payé à des millions pour inculquer des techniques. Yohan Blake, à l’issue des deux courses a dit : «J’ai beaucoup travaillé pour en arriver là et je vois que ça paye». Yohan Blake a quoi de plus qu’un Diarrassouba, un Faye ou un Kwamé ? Seulement le travail en plus. Travailler signifie qu’il faut faire quatre heures de plus que le temps normal. Et c’est ainsi qu’on devient leader. Inutile de se plaindre ou de s’adonner à des plaisirs éphémères en délaissant ce qu’on doit faire. L’Afrique est un réservoir de jeunes talentueux dans tous les domaines du sport sauf certainement dans le ski, nous n’avons pas de neige ici. Il ne reste qu’une prise de conscience. Oublier le gouvernement et se battre tout seul et quand ça marchera le gouvernement viendra.
Ce n’est pas maintenant qu’on verra des lycées véritablement sport quoique que cela ne coûte rien. L’Afrique n’est pas encore prête pour une politique de sport tant que les bailleurs de fonds n’en feront pas une des priorités. Comme d’habitude, du 27 juillet au 12 Août, on regardera encore les athlètes des pays nantis nous damer le pion. Notre satisfaction sera de voir les noirs des Amériques ou d’Europe gagner des médailles d’or pour nous. On ne les oublie jamais. Ils sont partis des côtes africaines. Ils réussissent mieux que nous même s’ils vivent dans des ghettos. Au contact de leurs «maitres», ils ont appris que «trop parler c’est maladie», il faut simplement imiter les autres, c`est-à-dire travailler plus qu’eux. Il n’y a pas d’autres secrets. Ainsi va l’Afrique.
A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly