x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Editorial Publié le lundi 9 juillet 2012 | Soir Info

Editorial : De la nécessité d’une justice punitive…

Où va, au juste, la justice ivoirienne avec le procès des barons de la filière Café-Cacao ? C’est la principale question que se posent, dans leur grande majorité, les Ivoiriens qui suivent avec l’espoir de voir la vérité triompher, les audiences relatives au détournement de fonds, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, faux et usage de faux en écriture privée de banque pour lesquels sont poursuivis depuis 2008 d’anciens responsables de plusieurs structures de gestion de la filière café-cacao de Côte d’Ivoire. Depuis l’ouverture du procès au mois de mars 2012, ils sont une trentaine qui défile à la barre. Les prévenus qui bénéficient de la liberté provisoire que leur a accordée le président Ouattara, sur la base, certainement, de la garantie de représentativité, sont presque tous passés aux aveux, pour reconnaître leur forfait en même temps qu’ils ont enfoncé de supposés complices dont certains ministres en fonctions dans l’actuel gouvernement. Ils ont fait des révélations sur leur ripaille dans la filière qui donnent tout simplement froid dans le dos. De Tapé Doh, ex -patron de la Bcc à Henri Amouzou, ex-président du Fdpcc en passant par Angeline Kili, ex- présidente du Frc, Okaigni Okaigni, ex-vice-président du Frc et ex-responsable de l’usine de Fulton aux Etats Unis, Théophile Kouassi, ex-secrétaire exécutif du Fdpcc, tous sont passés à table pour dire qu’il y a eu bel et bien détournement dans la filière. Ils ont reconnu qu’ils s’étaient fixé des salaires, avec à la clé, des bonus annuels, allant au-delà du raisonnable économique. Pendant plusieurs années, l’on a assisté à un usage abusif de la filière café-cacao. Le principe, dit-on, de gestion d’un bon père de famille n’a pas du tout été respecté. Au bout du compte, ce sont des centaines de milliards qui ont été carottés pendant que les vrais producteurs meurent dans les forêts sans pouvoir même quelquefois s’acheter un cachet de paracétamol pour soulager un mal de tête. Le crime économique ici porte d’autant plus son nom qu’un Ivoirien moyen ne peut pas se payer le luxe d’épargner 50 millions jusqu’à la fin de ses jours. Comment peut-on expliquer le financement de meetings politiques à hauteur de plusieurs centaines de millions puisés dans les caisses des paysans ? Que dire de ces voyages en Europe que s’offraient ces barons sur le dos des planteurs à des frais qui donnent du tournis ? Comment expliquer des «projets» dont le financement s’élève à des milliards qui n’ont jamais pu voir le jour, alors que la totalité des fonds a été décaissée comme, par exemple, ce projet de construction par l’une des structures, de 2000 pompes hydrauliques, évalués à 10 milliards de Fcfa, mais où 57 pompes seulement ont été construites ? Il y a aussi cette «usine de Fulton » où plus de 100 milliards ont été engloutis sans parler de la reprise des sociétés en faillite et des dons de véhicules issus du patrimoine des planteurs à des artistes… Le crime économique ici est palpable, révoltant et les Ivoiriens attendent beaucoup de leur justice. Que va-t-elle faire au terme des auditions ? Va-t-elle renvoyer les ex-barrons derrière les barreaux pour une seconde fois ou va-t-elle se contenter de situer les responsabilités après que ceux-ci aient avoué leurs crimes ? Que non ! Ces gens que certains qualifient, pour la plupart d’arrivistes se sont amusés avec l’argent des producteurs. Le temps est arrivé pour eux de rendre les comptes. Au moins, sur leur gestion, ils doivent être punis, à la mesure de leurs crimes. Au nom des producteurs, ils doivent payer pour ces crimes. Ici, deux types de justices doivent s’appliquer à eux. D’abord, la justice répressive, pour ne pas dire punitive. Ils doivent être punis, sévèrement, et ce sera une leçon pour la postérité. D’ailleurs, cela participe de la bonne gouvernance. En outre, à ces délinquants à col blanc, il faut la justice réparatrice, celle qui restaure, qui se centre sur le préjudice et rétablit l’équilibre. Il faut les condamner et saisir leurs biens qu’ils ont mal acquis. Au nom de la justice sociale, ils doivent payer, car certains parmi eux n’ont pas encore pris conscience des dégâts et du tort qu’ils ont fait aux planteurs et à l’économie ivoirienne. Ils ont quelquefois l’outrecuidance de boycotter les procès ou de venir narguer les juges avec des malles de «preuves». On le sait, les juges interprètent la loi, évaluent les preuves dont ils sont saisis avant de trancher. Mais, ce qui les caractérise surtout, c’est leur indépendance, ce d’autant qu’ils sont, comme on le dit, des décideurs impartiaux à la recherche de la justice. Une justice qui répare… C’est ce que tous les Ivoiriens ou presque attendent du tribunal, du juge Coulibaly Ahmed. Les preuves versées à la barre par l’Etat de Côte d’Ivoire sont crédibles et il est établi, de l’avis de tous que les témoins ont dit la vérité, corroborées d’ailleurs par les prévenus eux-mêmes. Il ne reste plus qu’à appliquer le droit aux faits en question, ce d’autant qu’aucun doute raisonnable ne peut être admis. La sanction doit être proportionnelle à la gravité des infractions commises. Dans ce procès des barons, il est constant qu’il y a eu bel et bien des détournements massifs et les enquêtes menées sous l’ancien pouvoir Gbagbo sont, on ne peut plus, formelles. Ce qui avait justifié leur emprisonnement. Mais, il ne faut pas perdre de vue un aspect, d’une importance cardinale, dans ce procès. D’anciens ministres du régime Gbagbo, issus de tous les bords politiques, ont été formellement mis en cause, soit directement, soit indirectement, d’avoir pris part à la faillite de la filière. Le tribunal doit éviter une justice biaisée ou sélective. Que tous ceux, à quelque niveau que se soit, qui ont participé, d’une manière ou d’une autre, aux pillages de la filière, répondent de leurs actes pour ne pas donner le sentiment d’une justice à double vitesse.

COULIBALY Vamara
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ