Sauf revirement de dernière minute,Laurent Gbagbo comparaitra à nouveau le 13 août prochain devant les juges de La Haye. A cette audience, il s’agira pour la Cour pénale internationale de dire si les charges qui pèsent sur l’ex-chef d’Etat sont avérées ou pas. Laurent Gbagbo est poursuivi pour crimes contre l’humanité en tant que co-auteur indirect dans les massacres et tueries qui ont eu cours durant la crise postélectorale. Beaucoup de ces partisans disent ne pas comprendre ces accusations. Pour eux, leur mentor n’est pour rien dans toutes les atrocités qui ont été perpétrées après le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2010. Mieux, c’est selon, il serait victime d’un complot ourdi par la communauté internationale qui a décidé de le punir à travers sa justice. Et pourtant, à la lumière des faits et de la loi, l’on se rend rapidement compte que ces récriminations ne tiennent pas la route. Tout le monde sait le rôle que l’ancien président de la République a joué dans le grand gâchis qui eu lieu entre décembre 2010 et avril 2011. Le candidat de LMP pouvait éviter à la Côte d’Ivoire le drame qu’elle a vécu au cours de cette période. En tout simplement reconnaitre sa défaite. Mais il ne l’a pas voulu. Pis, il a cautionné, voire encouragé par son silence, les inhumanités que la Côte d’Ivoire a connues en cette période trouble. S’il ne les a pas organisés et exécutés directement, les viols, massacres et tueries se sont faits sous sa bénédiction. Les auteurs des actes criminels observés et constatés par les Ivoiriens et la communauté internationale reconnaissent avoir agi en son nom. Lors des ses investigations en Côte d’Ivoire, après les autorités ivoiriennes leur aient donné le feu vert, les enquêteurs de la Cour pénale internationale disent avoir réuni suffisamment de preuves qui prouvent que l’ancien président de la République n’était étranger à tout ce qui se passait. Même si s’il ne ‘est pas engagé directement dans la commission des crimes, il n’en demeure pas moins qu’il est considéré comme l’un de ceux qui ont contribué à leur exécution. C’est la raison pour laquelle, la Cour pénale internationale a décidé de le poursuivre en tant que coauteur indirect des actes criminels qui ont été posés par les ex-FDS, les mercénaires et miliciens qui lui sont proches. Laurent Gbagbo est accusé d’avoir commandité des actes criminels constitutifs de crime contre l’humanité. Ce qui fait jaser beaucoup de ses partisans. Or que dit le Statut de Rome : « On entend par crime contre l’humanité lorsque l’un des actes visés par l’article 7-1 a été commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute la population civile et en toute connaissance de cause ». Les actes visés par l’article 7-1 sont entre autres le meurtre, le viol, l’emprisonnement ou autres formes de privation grave de liberté physique, disparition forcée ou la torture. Des actes criminels posés par les forces pro-Gbagbo. Que ce soit à Abobo, Yopougon, Cocody, Koumassi, Treichville, Adjamé ou Port-Bouët, des innocents ont été enlevés et assassinés à des barrages ou chez eux. Des viols ont été commis sur des femmes par des miliciens à Yopougon et à Cocody. A la suite de leur enlèvement et emprisonnement, certaines personnes n’ont plus réapparu. Leurs familles jusqu’aujourd’hui sont sans nouvelles en ce qui les concerne. La plupart de ces personnes portées disparues ont été torturées avant d’être exécutées, selon des témoignages. La commission de ces crimes s’est faite dans des attaques généralisées, comme ce fut le cas lors de la marche du 16 décembre 2010, les 18 et 19 janvier 2011, le 19 février 2011 et tout au long du mois de mars 2011. Plusieurs raids ont été menés par les forces pro-Gbagbo à l’Ouest et dans des quartiers d’Abidjan réputés proches du RHDP. Au cours de ces attaques, les forces proches de Gbagbo ont utilisé des chars, des mitraillettes lourdes, des obus et des mortiers contre des populations civiles. De miliciens pro-Gbagbo et des forces de sécurité ont installé des barrages et des postes militaires auxquels des gens ont été tués. Ces atrocités se sont déroulées dans un plan d’acte général. Laurent Gbagbo et ses comparses déroulaient un logiciel funeste conçu plusieurs mois d’avance. Malgré sa défaite, l’ancien chef d’Etat avait encore une emprise sur une bonne partie de l’appareil militaire et administratif. La Garde républicaine, le CECOS, la BAE, les CRS et la FESCI ont beaucoup contribué, selon les enquêtes menées par le procureur de la CPI, à ses tueries. 4500 mercenaires ont même été recrutés pour mener cette politique d’extermination. Les meurtres, viols, emprisonnements, disparitions forcées et tortures répondaient donc à une politique de répression bien organisée pilotée depuis le sommet du régime FPI. Ce sont tous ces faits l’un mis dans l’autre qui ont emmené la Cour pénale internationale à délivrer un mandat d’arrêt contre Laurent Gbagbo pour crime contre l’humanité en tant que coauteur indirect des actes criminels commis au cours de l’après élection présidentielle de 2010.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly