L'initiative Pays pauvres très endettés (PPTE) est un programme lancé par l'action conjointe du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), qui vise à assister les pays les plus pauvres du monde en rendant leurs dettes internationales « soutenables ». Le programme comprend un processus en deux étapes, dont la première est le point de décision et la deuxième le point d’achèvement. Au cours de ce processus, une œuvre parfois de longue haleine, le pays doit satisfaire à des critères contraignants. Lorsqu’un pays a satisfait à ces critères, il peut atteindre le point d’achèvement, ce qui lui permet de recevoir l’intégralité de l’allègement de la dette promise au point de décision. La Côte d’Ivoire a atteint le point d’achèvement le 26 juin 2012. Dès lors, on peut se demander quels sont les pays qui en ont bénéficié avant nous, et quels sont, avec le PPTE, les nouveaux défis pour la Côte d’Ivoire ?
I-Liste des pays ayant atteint le point d'achèvement
Les 33 pays suivants (27 en Afrique et 6 ailleurs) bénéficient à ce jour de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE) :
-En Afrique : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, RCA, Congo, RDC, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Ouganda, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Tanzanie, Togo, Zambie.
-Ailleurs: Afghanistan, Bolivie, Guyana, Haïti, Honduras, Nicaragua.
II- Le PPTE et les défis pour la Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire a atteint le point d’achèvement de l’Initiative PPTE dans le cadre du programme économique et financier 2012-2014. Elle bénéficie, à ce titre, d’une réduction de sa dette extérieure de 60 %, représentant un allègement de 7 milliards de dollars US, au niveau du FMI et de la BM. Le reste de la dette, soit 40 % maintenue, est considéré comme parfaitement supportable pour le pays. Au regard des énormes potentialités de celui-ci. Il s’agit donc de réduction de dette et non d’effacement total de celle-ci. Selon Mme Denis Ross, chargée de mission du FMI pour la Côte d’Ivoire, pour atteindre le point d’achèvement, la Côte d’Ivoire a pu satisfaire à une dizaine de critères dont les principaux sont : l’adoption et l’application stricte d’un DSRP depuis 2009 ; la bonne gestion de l’économie ; une meilleure gestion du budget de l’Etat ; la transparence des opérations du Gouvernement, à travers la publication des informations de gestions fiables, etc. ; l’amélioration du système d’éducation, de santé publique, etc. ; la réforme de la filière café-cacao etc. La Côte d’Ivoire est le 33ème pays à bénéficier de l’Initiative PPTE. Il convient de noter que d’autres avantages lui sont accordés, comme mesures d’accompagnement. Ainsi, la Côte d’Ivoire a vu sa dette alléger par les autres créanciers. Au titre du PPTE (FMI et BM), plus de 2.000 milliards FCFA, correspondant à une annulation de 60 %. En ce qui concerne le Club de Paris, 3.248 milliards FCFA, soit une annulation de 99,5%. Au plan du CDD (Contrat de désendettement et de développement), plus de 1.300 milliards FCFA d’annulation attendue, etc. Les ressources importantes dégagées par tous ces allègements et mesures d’accompagnement sont destinées à être réinvesties dans l’économie pour propulser celle-ci, accélérer le développement et créer les conditions de la prospérité pour tous. La tâche est immense et les ressources nécessaires sont colossales, quand on considère d’abord les travaux de reconstruction ou de réparation préalables liés aux dégâts de la guerre et ensuite les travaux de mise à niveau et de développement. Le ballet d’hommes d’affaires et d’investisseurs privés venus de l’étranger que l’on observe depuis peu annonce une relance et une montée certaine de l’activité économique. Le privé national a là l’occasion rêvée de jouer pleinement son rôle au sein du secteur privé fortement positionné comme le moteur de la croissance économique. Il convient de rappeler, cependant, que selon de nombreux analystes la Côte d’Ivoire reste encore dans la catégorie des Etats dits fragiles. A cause notamment de la forte dépendance de son économie des matières premières agricoles, du niveau de pauvreté très élevé, des risques de tensions sociales liées notamment au foncier et à la surenchère revendicative, de l’équilibre social fragile du pays en situation post-conflit, de l’insécurité et des risques de conflits armés, de la corruption et du racket, etc.
La Côte d’Ivoire a besoin, outre les réformes politiques, d’une période de paix durable pour organiser la croissance.
Ces facteurs de fragilité sont autant de défis à relever pour la Côte d’Ivoire. En outre, la question de l’indemnisation des victimes de guerre doit être réglée au plus vite, pour apaiser les cœurs et les esprits. Atteindre le niveau d’un pays émergent à l’horizon 2015-2020 est un objectif réalisable, pour notre pays aux énormes potentialités. Pour y parvenir, la Côte d’Ivoire a besoin, outre les réformes politiques appropriées, d’une période de paix sociale durable pour organiser la croissance économique et amorcer son développement dans les meilleures conditions. Pour cela, l’esprit de responsabilité et la rigueur doivent prévaloir, tant au niveau des gouvernants que des gouvernés. Le monde entier nous regarde, y compris nos créanciers et leurs investisseurs qui sont déjà là. Malgré, nos efforts, les résultats obtenus seront fonction à la fois des moyens mis en jeu et du temps. Sachons faire des sacrifices, dans l’intérêt supérieur de la nation. Ne l’oublions pas, plusieurs pays, 32 avant nous, ont bénéficié du PPTE, mais certains, les plus nombreux, sont restés inexpressifs et pauvres. Aussi certains analystes préviennent-ils : « la Côte d’Ivoire, à l’horizon 2015, est guettée par trois scénarios : le triomphe, le réveil ou le départ manqué ». La Côte d’Ivoire, pays phare, locomotive de la sous-région, réussira, sans aucun doute et connaîtra le triomphe. Cette réussite sera celle de tous et non de quelques uns ! Les enjeux consignés dans le plan national de développement (PND) sont importants pour le pays et pour toute l’Afrique de l’Ouest.
Nous avons l’obligation de réussir, ensemble !
Alain Cocauthrey
(Ancien ministre)
I-Liste des pays ayant atteint le point d'achèvement
Les 33 pays suivants (27 en Afrique et 6 ailleurs) bénéficient à ce jour de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE) :
-En Afrique : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, RCA, Congo, RDC, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Ouganda, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Tanzanie, Togo, Zambie.
-Ailleurs: Afghanistan, Bolivie, Guyana, Haïti, Honduras, Nicaragua.
II- Le PPTE et les défis pour la Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire a atteint le point d’achèvement de l’Initiative PPTE dans le cadre du programme économique et financier 2012-2014. Elle bénéficie, à ce titre, d’une réduction de sa dette extérieure de 60 %, représentant un allègement de 7 milliards de dollars US, au niveau du FMI et de la BM. Le reste de la dette, soit 40 % maintenue, est considéré comme parfaitement supportable pour le pays. Au regard des énormes potentialités de celui-ci. Il s’agit donc de réduction de dette et non d’effacement total de celle-ci. Selon Mme Denis Ross, chargée de mission du FMI pour la Côte d’Ivoire, pour atteindre le point d’achèvement, la Côte d’Ivoire a pu satisfaire à une dizaine de critères dont les principaux sont : l’adoption et l’application stricte d’un DSRP depuis 2009 ; la bonne gestion de l’économie ; une meilleure gestion du budget de l’Etat ; la transparence des opérations du Gouvernement, à travers la publication des informations de gestions fiables, etc. ; l’amélioration du système d’éducation, de santé publique, etc. ; la réforme de la filière café-cacao etc. La Côte d’Ivoire est le 33ème pays à bénéficier de l’Initiative PPTE. Il convient de noter que d’autres avantages lui sont accordés, comme mesures d’accompagnement. Ainsi, la Côte d’Ivoire a vu sa dette alléger par les autres créanciers. Au titre du PPTE (FMI et BM), plus de 2.000 milliards FCFA, correspondant à une annulation de 60 %. En ce qui concerne le Club de Paris, 3.248 milliards FCFA, soit une annulation de 99,5%. Au plan du CDD (Contrat de désendettement et de développement), plus de 1.300 milliards FCFA d’annulation attendue, etc. Les ressources importantes dégagées par tous ces allègements et mesures d’accompagnement sont destinées à être réinvesties dans l’économie pour propulser celle-ci, accélérer le développement et créer les conditions de la prospérité pour tous. La tâche est immense et les ressources nécessaires sont colossales, quand on considère d’abord les travaux de reconstruction ou de réparation préalables liés aux dégâts de la guerre et ensuite les travaux de mise à niveau et de développement. Le ballet d’hommes d’affaires et d’investisseurs privés venus de l’étranger que l’on observe depuis peu annonce une relance et une montée certaine de l’activité économique. Le privé national a là l’occasion rêvée de jouer pleinement son rôle au sein du secteur privé fortement positionné comme le moteur de la croissance économique. Il convient de rappeler, cependant, que selon de nombreux analystes la Côte d’Ivoire reste encore dans la catégorie des Etats dits fragiles. A cause notamment de la forte dépendance de son économie des matières premières agricoles, du niveau de pauvreté très élevé, des risques de tensions sociales liées notamment au foncier et à la surenchère revendicative, de l’équilibre social fragile du pays en situation post-conflit, de l’insécurité et des risques de conflits armés, de la corruption et du racket, etc.
La Côte d’Ivoire a besoin, outre les réformes politiques, d’une période de paix durable pour organiser la croissance.
Ces facteurs de fragilité sont autant de défis à relever pour la Côte d’Ivoire. En outre, la question de l’indemnisation des victimes de guerre doit être réglée au plus vite, pour apaiser les cœurs et les esprits. Atteindre le niveau d’un pays émergent à l’horizon 2015-2020 est un objectif réalisable, pour notre pays aux énormes potentialités. Pour y parvenir, la Côte d’Ivoire a besoin, outre les réformes politiques appropriées, d’une période de paix sociale durable pour organiser la croissance économique et amorcer son développement dans les meilleures conditions. Pour cela, l’esprit de responsabilité et la rigueur doivent prévaloir, tant au niveau des gouvernants que des gouvernés. Le monde entier nous regarde, y compris nos créanciers et leurs investisseurs qui sont déjà là. Malgré, nos efforts, les résultats obtenus seront fonction à la fois des moyens mis en jeu et du temps. Sachons faire des sacrifices, dans l’intérêt supérieur de la nation. Ne l’oublions pas, plusieurs pays, 32 avant nous, ont bénéficié du PPTE, mais certains, les plus nombreux, sont restés inexpressifs et pauvres. Aussi certains analystes préviennent-ils : « la Côte d’Ivoire, à l’horizon 2015, est guettée par trois scénarios : le triomphe, le réveil ou le départ manqué ». La Côte d’Ivoire, pays phare, locomotive de la sous-région, réussira, sans aucun doute et connaîtra le triomphe. Cette réussite sera celle de tous et non de quelques uns ! Les enjeux consignés dans le plan national de développement (PND) sont importants pour le pays et pour toute l’Afrique de l’Ouest.
Nous avons l’obligation de réussir, ensemble !
Alain Cocauthrey
(Ancien ministre)