Il était l’invité, hier vendredi 20 juillet, de la Cellule de réconciliation de Yopougon dans le cadre des journées de la cohésion sociale et de la fraternité, et il devrait prononcer une conférence sur le thème « Les défis liés au processus de réconciliation nationale et de cohésion sociale : rôle des hommes politiques ». Gervais Coulibaly Délinpelna, c’est de lui qu’il s’agit, ne s’est pas dérobé à la tâche. Dans la salle de la mairie de Yopougon, après un diagnostic clair de la situation en Côte d’Ivoire, le préfet Hors-grade a imputé le mal ivoirien aux hommes politiques, toutes tendances confondues. « Le point culminant de ce malheur, nous en conviendrons, est bien sûr la crise post-électorale que nous avons tous vécu, avec plus ou moins de bonheur ou si vous préférez, de malheurs et de misères, plus méchantes, sauvages, inhumaines, injustes, les unes que les autres. Tout le monde en a souffert. En tout état de cause, quelles que soient les causes que nous finirions par retenir, nous en sommes tous, à quelques niveaux que nous nous placions, coupables, mais les plus fautifs, cela ne fait l’ombre d’aucun doute, ce sont les hommes et les femmes politiques de ce pays, de quelque bords qu’ils soient. En effet, tout ce qui est arrivé à notre pays peut et doit être imputé aux hommes politiques ; autant ceux qui voulaient accéder au pouvoir, c’est légitime, que ceux qui y étaient et qui voulaient y rester, c’est tout aussi légitime », a martelé le président du Cap Unir pour la Démocratie et le Développement (Cap UDD). Ajoutant que les politiques ont rompu la cohésion sociale par leurs turpitudes et qu’ils devraient jouer un rôle important dans le processus de réconciliation nationale. « Ce sont des leaders d’opinion, et en tant que tels, ce sont eux qui forment les opinions, engendrent, façonnent et renforcent les convictions, il leur appartient alors de détruire le mal qu’ils ont semé et cela jusqu’à la racine, et de planter dans le cœur et l’esprit de leurs militants, admirateurs, sympathisants et que sais-je encore, la graine de l’amour de la tolérance en vue de réconcilier les habitants de ce pays et de renouer les fils de la Cohésion sociale, de la convivialité sociale », a-t-il indiqué. Cela passe, selon lui, par la normalisation de la vie socio-politique, avec la prise de décisions permettant à chaque citoyen de s’exprimer librement, vivre leurs convictions politiques, à travers leurs actions, dans le respect des lois et règlements du pays. « En un mot, que la vie politique retrouve sa normalité. Que personne ne soit inquiété du fait de son appartenance ethnique, religieuse ou politique. Que les exactions et les abus pour raisons politiques s’arrêtent. Par exemple, qu’on libère les prisonniers politiques et qu’on lève les mandats d’arrêt. Que des gestes simples mais forts soient posés », a énuméré l’ancien porte-parole de Laurent Gbagbo. Soulignant au passage qu’il faut « mettre fin aux injustices pour tuer le sentiment d’oppression que ressentent certaines couches sociales, et mettre fin à ce qu’on est en droit d’appeler la justice des vainqueurs, qui peut faire naître un ressentiment, père de réactions apeurées et incontrôlées ». Gervais Coulibaly estime également qu’il faut créer un climat de tolérance pour amener les Ivoiriens à se parler, à se tolérer, à réapprendre et à accepter de vivre à nouveau ensemble. Cela nécessite, note-t-il, un langage apaisé qui ne laisse pas de place à la diabolisation de l’adversaire d’hier ou leur coller tous les péchés d’Israël. « Accepter de tenir un langage de repentance de tous les côtés, être humble, avoir le triomphe modeste, pour les vainqueurs, et accepter par réalisme de faire preuve d’un peu d’humilité, l’humilité de celui qui après avoir été vaincu se donne les moyens intelligents et démocratiques de rebondir très rapidement », a exhorté Gervais Coulibaly. « L’humilité ne s’oppose pas à la dignité. Pour cela, il suffit de ne pas se renier. L’humilité qui allie à elle la dignité, est même un signe de sagesse. La sagesse, la modération ne sont pas lâcheté, bien au contraire. Dans un cas d’espèce comme celui que nous vivons aujourd’hui, faire preuve de modération, est un signe de sagesse, et requiert une bonne dose de courage », a ajouté le président du Cap. Il a lancé un appel aux partisans de l’ancien président ivoirien : « Ouattara Alassane est président. C’est un fait accompli. Acceptons le dialogue pour nous-mêmes, pour la Côte d’Ivoire. Laissons de côté ces histoires de "nous sommes les plus gros, nous pesons plus que ceux-ci ou ceux-là, nous voulons discuter seuls avec le Gouvernement ». Aux pro-Ouattara, il dit ceci : « Arrêtez de nous effrayer, de nous pourchasser, de nous maltraiter. Nous sommes tous Ivoiriens, laissez-nous travailler aussi pour la Côte d’Ivoire, elle nous appartient à tous, vivons ensemble, c’est vous qui l’avez toujours proclamé », a-t-il conclu. Notons qu’en plus de Gervais Coulibaly, deux autres personnalités ont prononcé des conférences, notamment Pr Nevry Roger, sur le thème « mandat et missions de la Cdvr », et le Commissaire Lézou, sur « quelle sécurité pour les concitoyens ». Ces journées de cohésion sociale et de fraternité, faut-il le souligner, étaient placées sous le parrainage de l’honorable député Alphonse Soro, représenté pour l’occasion par Coulibaly Fonona, secrétaire permanent de l’Alliance pour le changement (Apc).
Hamadou ZIAO
Hamadou ZIAO
