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Politique Publié le jeudi 26 juillet 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Accusé de pratiquer ‘‘la justice des vainqueurs’’, Alassane Ouattara à ses détracteurs : ‘‘On ne peut pas traiter en égalité des gens qui ont tué et des gens qui sont accusés d’avoir tué’’

© L’intelligent d’Abidjan Par Service Communication
Arrivée du Président de la République SEM Alassane Ouattara en France
Le président de la République, Alassane Ouattara, a accordé un entretien le mercredi 25 juillet 2012 à la chaine française TV5-Monde. Le chef de l’Etat Ivoirien s’est prononcé à cette occasion sur plusieurs sujets dont le décès du président ghanéen John Atta-Mills et les événements survenus récemment à Duékoué.

Comment réagissez-vous à la triste disparition de John Atta-Mills au Ghana ?
John Atta-Mills est un ami, un proche qui m’a bien soutenu pendant la crise postélectorale. Nous étions pratiquement en contact tout le temps, et ce jusqu’ à deux mois avant sa maladie. Le Ghana et l’Afrique perdent un grand démocrate, un grand homme d’Etat. Je voudrais présenter à toute la famille de John, son frère Kdeman, son épouse et à tous les Ghanéens mes condoléances les plus attristées. C’était un ami à moi.

La réconciliation, vaste concept est un vain mot pour l’instant. Est-ce que la Commission dialogue, vérité et réconciliation a vraiment les moyens de travailler depuis un an ?
Tout à fait. La réconciliation est une chose complexe. Ça ne se décrète pas. Il faut la vouloir. En ce qui me concerne, je fais tout ce que je peux. J’ai demandé au Fpi d’entrer au gouvernement, ils ont refusé. Je les ai reçus pour les encourager d’aller aux élections législative, ils n’ont pas accepté. Nous avons crée un cadre de dialogue auquel ils ont participé comme étant des observateurs. Mais nous continuons. Moi, je continuerai de tendre la main. Je suis le président de tous les Ivoiriens. Je ne veux pas de distinction entre Ivoiriens. Je continuerai ma volonté de réconciliation.

Elle doit avoir quelle forme cette réconciliation selon vous ?
La réconciliation doit d’abord partir par l’engagement de chacun de nous de le pratiquer. Et cela demande le pardon du côté des victimes, mais également de la repentance du côté de ceux qui ont commis des actes criminels. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, c’est que le Fpi, ne veut pas aller dans ce processus. Toutes les intentions qu’ils sont en train de décrire sont fausses. Nous, nous souhaitons que le Fpi rentre dans ce processus. Nous sommes condamnés à vivre ensemble. Moi, je souhaite que nous vivions ensemble.

Avec quelle forme ?
Nous avons la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. Nous avons tenté de faire représenter toutes les régions de Côte d’Ivoire. Dans cette commission, nous avons des religieux, des chefs coutumiers et tout le monde. Je souhaite qu’ils y entrent.

Justement à propos de réconciliation, la ville de Duékoué est devenue un vrai symbole. Cette ville a été à nouveau théâtre de sanglants affrontements.
Je suis d’accord avec elle. (Répondant à une femme ressortissante de l’Ouest qui vit en France et qui a dit ceci : ‘‘ (Nous sommes tous nés libres et égaux. On a besoin de sécurité. La loi est faite pour tout le monde. Aujourd’hui on donne un certain pouvoir à un groupe d’agir comme il veut)’’. Les Ivoiriens doivent être traités sur un même pied d’égalité. Il n’y a pas plusieurs catégories d’ivoiriens. Je suis contre cela et je pense que je l’ai démontré. Maintenant, ce qui s’est passé à Duekoué , c’est partir d’un acte criminel que je condamne. Ensuite, un groupe de populations a voulu se venger. Ceci est inadmissible. On ne peut pas se faire justice soi-même. Donc, je condamne la violence. J’ai mis en place une commission d’enquête. Nous aurons ses conclusions. Nul ne sera épargné. Je le répète, la Commission d’enquête que j’ai créée il y a six mois va rendre ses conclusions dans quelques jours. Et nous allons en tirer toutes les leçons. Tout le monde passera devant la justice sans aucune exception.

Reste qu’aujourd’hui ne sont impliqués que des pro-Gbagbo. Certains de vos partisans sont accusés d’exactions. Pourtant, aucun n’a été inquiété. Est-ce qu’il n’y a pas deux poids, deux mesures ?
Je ne suis pas d’accord. On ne peut pas traiter en égalité des gens qui ont tué et des gens qui sont accusés d’avoir tué. Il faut que la justice fasse son travail. Ceux qui sont détenus, ceux qui sont jugés maintenant sont des gens qui ont été pris en flagrant délit de crimes, de vols de la Banque centrale, de tortures et ainsi de suite. Ils ont été pris sur les faits. Maintenant, nous avons mis en place cette Commission d’enquête pas seulement pour Duékoué, mais pour l’ensemble de la Côte d’Ivoire. Cette commission a travaillé pendant six mois. Elle est indépendante. Elle a fait son rapport. Lequel devait être rendu public le 18 juillet, mais ce sera fait dans les prochains jours puisque je suis en déplacement. Je le répète, il n’ y aura pas d’exception.

D’après certaines Ong dites indépendantes, je pense à la Ligue des droits de l’homme, à Human Rights Watch, les violences, les exactions se dérouleraient sous l’œil presque bienveillant de l’armée régulière. Est-ce qu’il y a comme une forme de laxisme au sein de l’armée ?
Certaines de ses structures sont crédibles. Mais, nous nous avons mené des enquêtes. Nous travaillons avec l’Onuci , les soldats des Nations unies. Personne n’a dit qu’il y avait de tels comportements. Par exemple, certaines personnes accusent l’Onuci de n’avoir pas réagi. Mais, leur mandat ne leur permet pas de le faire. Ils ont le premier cordon de sécurité. C’est ensuite que viennent les forces républicaines. Il faut simplifier les choses. Chacun joue son rôle et nous faisons en sorte que ces populations refugiées retournent dans leurs villages et soient sécurisées une fois retournées dans leurs localités. Ce qui leur arrive n’est pas normal. Je le condamne parce que je veux que les Ivoiriens vivent ensemble et dans la paix. La région de l’ouest est la première que j’ai visitée. J’y ai passé cinq jours. C’est la première région dans laquelle j’ai déployé des véhicules pour les préfets et sous-préfets. J’y ai reconstruit des écoles, des centres de santé. J’ai reconstruit les préfectures. Tout cela parce que je veux la sécurité dans cette région de l’Ouest.

Demain, vous rencontrez le président Hollande. Il se dit que le président français aurait posé ses conditions avant de vous accorder cette entrevue.
Non, point du tout.

Conditions parmi lesquelles Il y aurait l’éviction de plusieurs conseillers français mis en place à l’époque Sarkozy.
Attendez. Je n’ai pas compris. Qu’est ce que vous avez dit ?

Parmi les conditions on évoque…
Aucune condition ne m’a été posée. J’ai eu un entretien téléphonique avec le président Hollande à sa demande. J’étais dans l’avion en route pour une mission. Nous nous sommes entretenus pendant 20 mn. Il m’a ensuite invité à venir en France. Je suis en France pour le rencontrer.

Est-ce qu’il y a un changement de ton entre Paris et Abidjan depuis le changement de président français ?
Non, point du tout. La France est une grande nation. Les choses continuent. Il n’y a aucune interruption, aucun changement d’aucune sorte. J’ai rencontré hier (mardi 24 juillet 2012) le ministre des Finances Moscovici. Je rencontrerai le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qui est un ami. Je rencontrerai le ministre de la Défense. Et ensuite, nous aurons notre entretien avec le président François Hollande. Nous parlerons de la Côte d’Ivoire, de la sous-région, notamment du Mali. Nous avons un emploi du temps, un ordre du jour très chargé. Je me réjouis de cette rencontre.

Quel rôle la Côte d’ Ivoire peut-elle jouer dans le règlement de la crise malienne ?
Nous faisons beaucoup. Je suis le président en exercice de la Cedeao. Dès que j’ai été porté à cette fonction en mi-février, en mi-mars nous avons eu la crise au Mali. Ensuite ce fut celle de la Guinée-Bissau. Nous avons tenu sept réunions depuis cette date en trois mois. Nous avons progressé. C’est vrai qu’au Mali les choses sont complexes, lentes, mais ça évolue. Nous pensons que dans les jours à venir nous aurons un gouvernement de large union en place. Nous émettons également une requête pour que les Forces de la Cedeao et les forces de la communauté internationale puissent venir à Bamako et puissent à partir de la capitale malienne aider les Maliens à reconquérir le Nord. Nous attendons dans les prochains jours une résolution des Nations unies à cet effet.
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