Samedi dernier, le Chef de l’Etat a rencontré ses compatriotes à Londres. Au cours de cette rencontre, le président Alassane Ouattara a dit ce qu’il a entrepris en 14 mois d’exercice du pouvoir et exposé sa vision pour la Côte d’Ivoire. Nous vous proposons l’intégralité de son discours.
Mes chers compatriotes, vous avez chanté l’hymne national tout à l’heure et vous avez dit « le pays nous appelle ». Il faut rentrer au pays pour répondre à son appel. Il y a de très vastes chantiers qui sont en cours. Le pays a traversé une période très difficile et très angoissante. Vous le savez et je n’ai pas besoin de revenir là dessus. Parce que c’est ouvrir des plaies et nous devons regarder vers l’avenir. Nous devons nous rassembler et nous dire que cette crise a été terrible pour tout le monde. La Côte d’Ivoire ne méritait pas cette situation. Mais je dis souvent que c’est l’histoire des nations. Toutes les grandes nations se construisent un peu dans la douleur. Je prends le cas des Etats Unis en son temps, il y a même eu une guerre de sécession. Ce n’était pas une guerre de sécession chez nous, mais une situation difficile après les élections démocratiques. En Europe, nous avons vu les mêmes situations et ailleurs en Asie. Quand une nation se construit avec tant de douleur, cela laisse des cicatrices. Mais aussi, on en tire des leçons. Et on fait en sorte que ce qui est arrivé ne nous arrive jamais à nouveau. C’est pourquoi je vous demande de nous rassembler. Considérons que le passé est derrière nous. Nous devions nous mettre ensemble pour le présent et travailler sur l’avenir. Et je voudrais compter sur vous. Je ne veux pas que vous vous rassemblez par région, par ethnie ou par religion ou encore par race. Je veux que vous vous disiez d’abord que vous êtes tous Ivoiriens sans distinction. Que vous soyez du centre, du sud, de l’Est, du nord, de l’Ouest, il faut vous dire que vous devez d’abord être ivoirien. Je suis allé aux Etats Unis à 19 ans. Et ce que j’ai retenu des Etats Unis, c’est que les gens soient d’origine asiatique, africaine, européenne ou d’ailleurs, ils sont d’abord américains. Et c’est ce que je veux inculquer à notre nation. Nous sommes d’abord ivoiriens avant toute chose. Je voudrais que l’on se détermine à le faire. Moi j’en ai déjà fait la preuve. Mon épouse est ivoirienne, mais elle est blanche. Je suis musulman et elle est catholique. Et cela ne nous gêne pas. Je sais que Londres a été un endroit où les Ivoiriens ont été très divisés. Je voudrais vous supplier. Pour la nation, rassemblez-vous. Oubliez les rancoeurs et faites en sorte que nous soyons d’abord tous Ivoiriens. C’est cela le plus important. Ivoiriens d’abord.
Ceci étant, après ces difficultés, le pays s’est remis au travail. J’ai formé une équipe de 13 ministres quand nous étions à l’hôtel du Golf. Personne n’a remarqué cela. Après l’hôtel du Golf et compte tenu des problèmes que j’ai trouvé, j’ai porté le gouvernement à 34 membres. Et on dit voilà il a fait un gouvernement de plein de ministres. Mais on aurait dû me donner du crédit pour le fait que j’ai commencé avec 13 ministres. Si nous sommes à 34 ministres aujourd’hui, c’est parce que nous avons trouvé des situations terribles. Je peux vous dire, par exemple, que j’aurais pu garder la Salubrité à l’intérieur du ministère de l’Environnement. Mais quand j’ai vu les problèmes qu’il y avait. Quatre mois d’ordures dans les rues d’Abidjan. Y compris qu’en quatre jours, nous avons ramassé plus de 1600 cadavres. Avec de telles situations nous avons formé ce gouvernement et je peux vous dire qu’il est au travail. Il a fait du bon travail avec Guillaume Soro et il est en train de continuer de faire du bon travail avec Ahoussou Jeannot. Faites-nous confiance, le pays avance. Avant-hier, j’ai eu l’occasion de diner avec des femmes et des hommes d’affaires britanniques et je leur ai dit qu’après quasiment 18 mois de fonction, nous avons une situation qui est parmi les meilleures en Afrique et même dans le monde. D’ailleurs, quand je faisais campagne, certains ne croyaient pas en moi. Je leur ai dit qu’ADO est un banquier, un financier et un économiste. Je leur ai dit qu’il pouvait me faire confiance, parce que j’allais mettre en oeuvre mon programme et j’allais apporter de l’argent pour développer notre pays. Je peux vous dire qu’en un an, selon les statistiques du FMI et de la Banque mondiale, nous avons un taux de croissance de 8%. Mieux que tous les pays européens. Il n’y a pas un seul pays en Europe qui a ce taux de croissance. Et très peu de pays en Afrique ont ce taux de croissance. Même pas l’Afrique du Sud ou le Nigeria. Ces grandes économies qui sont comparables à la nôtre. Nous n’avions presque pas d’inflation. Mais, je reviendrai sur le problème de l’inflation. Et grâce aux efforts que nous faisons, nous avons réussi à obtenir de la communauté internationale, notamment les grands pays, de l’annulation presque totale de notre dette extérieure. Et le mercredi dernier, le ministre des Finances, Charles Koffi Diby a signé avec le ministre français des Finances, Moscovici, l’annulation de la dette pour trois milliards d’euros. Ceci représente 2000 milliards de francs CFA d’annulation de dette. Chaque mois, nous devions payer pratiquement 250 à 300 milliards de francs CFA pour payer la dette extérieure. Ce qui ressort de cette annulation de la dette, c’est que nous allons utiliser cet argent à investir dans les routes, les infrastructures, les écoles les hôpitaux et ainsi de suite. Vous vous rendez compte que ceci va créer des emplois. Et pour cela que je vous demande de rentrer. C’est le moment du moment. Il faut rentrer parce que les grands projets d’infrastructures vont commencer. Que ce soient les routes, les ponts, la réhabilitation des chemins de fer, les exploitations de mines d’or, de mines de fer, la construction des nouveaux chemins de fer de San Pedro à Man pour exploiter les mines de fer du mont Klaho… le barrage hydroélectrique à Soubré dont nous avons déjà obtenu le financement avec les Chinois et la réhabilitation du chemin de fer Abidjan-Niger, la réhabilitation de l’ensemble du système électrique du pays qui va couter 700 milliards de francs CFA et nous avons déjà trouver le financement. Je peux continuer comme cela pour vous dire que dans les 18 mois à venir, nous aurons au moins trois grands hôtels de 300 à 600 chambres qui seront construites à Abidjan. Nous aurons du travail pour vous. Ce seront des entreprises, françaises, américaines, anglaises, et vous qui parlez l’anglais vous avez des opportunités. Ne restez pas dans le froid ici. Il faut rentrer au pays. Le ministre d’Etat Daniel Duncan a institué à ma demande au niveau du ministère des Affaires étrangères, un département de la diaspora. Ecrivez au ministère des Affaires étrangères, envoyez vos CV pour que nous puissions les examiner. Mêmes si vous n’avez pas de diplôme, l’expérience que vous avez est un diplôme. Venez aider le pays à se développer et je suis certain que vous apporterez beaucoup au pays. Je sais que vous aidez d’ici les parents en leur envoyer de l’argent. C’est très, très bien. Mais si vous êtes présents, non seulement vous aiderez, parce que vous aurez des emplois mais vous serez auprès d’eux. Nous sommes en train d’entreprendre un système où nous allons réhabiliter dans les deux ans à venir tous les CHU dans le pays. Dans tous les départements, nous allons réhabiliter ou construire de nouveaux hôpitaux. Dans tous les villages, toutes les sous-préfectures, nous allons construire des centres de santé. Nous prévoirons de l’eau potable, de l’électricité dans tous les villages. C’est pour vous dire que nous avons un vaste programme de reconstruction de la Côte d’Ivoire. Je l’ai dit. Quand Alassane Ouattara prend un engagement, il le tient. Vous pouvez me faire confiance. Nous voulons développer la Côte d’Ivoire. Quand j’étais Premier ministre sous l’autorité de notre père, feu le Président Félix Houphouët Boigny, la Côte d’Ivoire était la troisième puissance économique africaine après l’Afrique du Sud et le Nigeria. Aujourd’hui, nous sommes huitièmes ou neuvièmes. Je vous promets qu’à l’horizon 2020 nous serons un pays émergeant et nous allons reprendre notre place de troisième sur le continent. C’est pour cela que je vous invite à rentrer. Je veux que nous soyons tous ensemble avec ceux d’autres partis politiques. Je veux qu’avec mes frères et s?urs du FPI qui sont ici, nous soyons tous ensemble. Je ne veux pas de discrimination et quand j’ai formé le gouvernement j’ai demandé au FPI de rentrer au gouvernement. Certains avaient dit oui, mais je crois qu’ensemble entre eux ils ne se sont pas entendus et ils n’ont pu participer au gouvernement. Pour les législatives, j’ai reçu une forte délégation du FPI avec Laurent Akoun et d’autres personnes et je leur dit de participer aux élections législatives. Parce que le RDR a boycotté les élections législatives en 2000 et cela a été une erreur. Ils m’ont qu’ils ont compris et qu’ils allaient le faire. Mais des dissensions internes ne leur ont pas permis de le faire. Nous sommes en discussion et je veux que les uns et les autres le comprennent. Vous ici en Angleterre, dans ce qu’on appelle le temple de la démocratie, vous savez combien le parlement est important dans ce pays. C’est dans le parlement que les choses se règlent et non pas dans la rue et dans la violence. Ils ont raté le parlement, mais nous aurons des élections locales. C’est-à-dire les municipales et les régions. C’est également la démocratie à la base. Je fais appel à vous tous. Parlez à tous nos frères, quel que soit le parti dans lequel ils sont, qu’ils aillent à ces élections. Car, c’est comme cela que les uns et les autres feront entendre leur voix dans les municipalités. Nous avons décidé de décentraliser la Côte d’Ivoire d’une façon beaucoup plus autonome. Nous avons créé 12 districts, plus celui d’Abidjan et de Yamoussoukro. Et chacun de ces districts aura un grand projet d’au moins 100 milliards de francs CFA pour chaque région. C’est dans ce cadre que j’envisage cette année de terminer les universités de Cocody et de Bouaké. Ce qui va nous coûter plus de 100 milliards de réhabilitation. Nous allons faire les universités de Korhogo et de Daloa l’année prochaine. Et 2014-2015, les universités de San Pedro et de Bondoukou. Nous avons des choses précises pour vous et pour vos parents. Ce ne sont pas des paroles en l’air, parce que nous avons déjà le financement. Nous avons déjà signé les trois milliards d’abandon de paiement de la dette avec la France qui fait deux tiers de notre dette. Il reste à peu 1,5 à 2 milliards d’euros de dette avec l’Allemagne et d’autres pays et je vais procéder à la signature. Les autres, le FMI et la Banque mondiale ont déjà annulé notre dette. Ensuite, je suis allé en Chine où nous avons des perspectives de financement important. Avec les Américains, nous travaillons sur le Millenium Challenge Corporation. Nous espérons que cela nous procurera entre 800 millions et un milliard de dollars. L’Angleterre enverra des opérateurs privés, des hommes et des femmes d’affaires en Côte d’Ivoire. Nous avons reçu, il y a deux semaines à Abidjan, des hommes d’affaires de Turquie, du Japon, du Medef et d’Israël. Nous recevrons des Allemands début août et ainsi de suite. Nous travaillons sur des choses concrètes. Nous avons un programme et chaque fois, nous nous organisons en fonction de nos capacités. Je considère que la première chose c’est d’abord d’améliorer les conditions de vie de nos compatriotes. Quand vous allez sur le net et quand vous parlez aux parents, tout le monde dit que la vie est chère. Quand je vais au Benin, au Togo, au Nigeria, les chefs d’Etat me disent la même chose. Le problème que nous avons, c’est la cherté du coût de la vie. Pourquoi ? Parce que beaucoup de produits sont importés et nous n’avons pas mené une politique de substitution. C’est-à-dire de produire ce que nous consommons. Mais, nous y travaillons. Par exemple, pour le riz, nous consommons 1,5 millions de tonnes et nous n’avons produit l’année dernière que 500 mille tonnes. Nous sommes déjà à 700 mille tonnes cette année. Et nous allons, dans trois ans, faire en sorte qu’il n’y ait plus d’importation de riz. Nous serons en mesure de faire de l’autosuffisance. Et il sera pareil pour toutes les productions. Nous allons après exporter ces produits dans les pays voisins. Quant aux problèmes des bananes, des tomates, des aubergines, il faut créer les pistes et les routes pour facilement les acheminer vers les villes, dans les chefs-lieux de département. Nous avons engagé un programme de plus de 20 milliards au niveau du Conseil du café et cacao pour gratter les pistes pour que dans les trois mois à venir, on puisse transporter ces produits des lieux de production jusque dans les villes. C’est vous dire que nous faisons des choses précises qui auront leur impact, parce que je veux que la population se nourrisse convenablement comme c’était le cas du temps de feu Félix Houphouët-Boigny. Nous ferons en sorte également d’améliorer les infrastructures. Les centres de santé, les écoles, les universités. Et tout cela se fera avec une création d’emploi pour les jeunes. Donc, vous devez rentrer. J’insiste sur cela parce que je ne veux pas que des Ivoiriens soient ici et qu’ils se fassent expulser comme en Israël et ailleurs comme si nous étions des indésirables. L’Ivoirien est digne et nous devons sauvegarder notre dignité. Je vous demande de vous préparer. Ces emplois sont disponibles bientôt. Le ministre des Affaires étrangères a un recueil de toutes les possibilités. Au fur et à mesure que vous lui écrirez, il vous répondra pour vous dire ce qui est possible de faire.
Chers frères et sœurs, j’étais venu d’abord pour vous remercier pour le soutien que vous m’avez apporté et que vous apportez à la Côte d’Ivoire. Et vous dire que nous devons aller de l’avant, mais nous devons le faire tous ensemble. Je suis venu aussi vous dire que nous avons des opportunités très grandes pour notre pays. La confiance est revenue en Côte d’Ivoire et la confiance en la Côte d’Ivoire est revenue partout dans le monde. Vous voyez, sans que je ne le demande, mes homologues de la sous-région sans me consulter ont demandé que je prenne la tête de la CEDEAO. C’est la première que cela se fait au niveau de notre pays. En un an, j’ai été reçu par le Président Sarkozy, le Président Obama, le Président Hu Jintao, par la Reine d’Angleterre etc. Je veux redonner à notre pays sa crédibilité, sa véritable place. Pas seulement en Afrique, mais aussi dans le monde. Je voudrais terminer en vous disant que chacun de vous doit se comporter comme un ambassadeur. Dans votre comportement, dans la manière de vous conduire dans ce pays, dites-vous à chaque instant que c’est la Côte d’Ivoire que vous représentez. Je compte sur vous et à bientôt en Côte d’Ivoire.
Recueillis par Koné Lassiné, envoyé spécial à Londres
Mes chers compatriotes, vous avez chanté l’hymne national tout à l’heure et vous avez dit « le pays nous appelle ». Il faut rentrer au pays pour répondre à son appel. Il y a de très vastes chantiers qui sont en cours. Le pays a traversé une période très difficile et très angoissante. Vous le savez et je n’ai pas besoin de revenir là dessus. Parce que c’est ouvrir des plaies et nous devons regarder vers l’avenir. Nous devons nous rassembler et nous dire que cette crise a été terrible pour tout le monde. La Côte d’Ivoire ne méritait pas cette situation. Mais je dis souvent que c’est l’histoire des nations. Toutes les grandes nations se construisent un peu dans la douleur. Je prends le cas des Etats Unis en son temps, il y a même eu une guerre de sécession. Ce n’était pas une guerre de sécession chez nous, mais une situation difficile après les élections démocratiques. En Europe, nous avons vu les mêmes situations et ailleurs en Asie. Quand une nation se construit avec tant de douleur, cela laisse des cicatrices. Mais aussi, on en tire des leçons. Et on fait en sorte que ce qui est arrivé ne nous arrive jamais à nouveau. C’est pourquoi je vous demande de nous rassembler. Considérons que le passé est derrière nous. Nous devions nous mettre ensemble pour le présent et travailler sur l’avenir. Et je voudrais compter sur vous. Je ne veux pas que vous vous rassemblez par région, par ethnie ou par religion ou encore par race. Je veux que vous vous disiez d’abord que vous êtes tous Ivoiriens sans distinction. Que vous soyez du centre, du sud, de l’Est, du nord, de l’Ouest, il faut vous dire que vous devez d’abord être ivoirien. Je suis allé aux Etats Unis à 19 ans. Et ce que j’ai retenu des Etats Unis, c’est que les gens soient d’origine asiatique, africaine, européenne ou d’ailleurs, ils sont d’abord américains. Et c’est ce que je veux inculquer à notre nation. Nous sommes d’abord ivoiriens avant toute chose. Je voudrais que l’on se détermine à le faire. Moi j’en ai déjà fait la preuve. Mon épouse est ivoirienne, mais elle est blanche. Je suis musulman et elle est catholique. Et cela ne nous gêne pas. Je sais que Londres a été un endroit où les Ivoiriens ont été très divisés. Je voudrais vous supplier. Pour la nation, rassemblez-vous. Oubliez les rancoeurs et faites en sorte que nous soyons d’abord tous Ivoiriens. C’est cela le plus important. Ivoiriens d’abord.
Ceci étant, après ces difficultés, le pays s’est remis au travail. J’ai formé une équipe de 13 ministres quand nous étions à l’hôtel du Golf. Personne n’a remarqué cela. Après l’hôtel du Golf et compte tenu des problèmes que j’ai trouvé, j’ai porté le gouvernement à 34 membres. Et on dit voilà il a fait un gouvernement de plein de ministres. Mais on aurait dû me donner du crédit pour le fait que j’ai commencé avec 13 ministres. Si nous sommes à 34 ministres aujourd’hui, c’est parce que nous avons trouvé des situations terribles. Je peux vous dire, par exemple, que j’aurais pu garder la Salubrité à l’intérieur du ministère de l’Environnement. Mais quand j’ai vu les problèmes qu’il y avait. Quatre mois d’ordures dans les rues d’Abidjan. Y compris qu’en quatre jours, nous avons ramassé plus de 1600 cadavres. Avec de telles situations nous avons formé ce gouvernement et je peux vous dire qu’il est au travail. Il a fait du bon travail avec Guillaume Soro et il est en train de continuer de faire du bon travail avec Ahoussou Jeannot. Faites-nous confiance, le pays avance. Avant-hier, j’ai eu l’occasion de diner avec des femmes et des hommes d’affaires britanniques et je leur ai dit qu’après quasiment 18 mois de fonction, nous avons une situation qui est parmi les meilleures en Afrique et même dans le monde. D’ailleurs, quand je faisais campagne, certains ne croyaient pas en moi. Je leur ai dit qu’ADO est un banquier, un financier et un économiste. Je leur ai dit qu’il pouvait me faire confiance, parce que j’allais mettre en oeuvre mon programme et j’allais apporter de l’argent pour développer notre pays. Je peux vous dire qu’en un an, selon les statistiques du FMI et de la Banque mondiale, nous avons un taux de croissance de 8%. Mieux que tous les pays européens. Il n’y a pas un seul pays en Europe qui a ce taux de croissance. Et très peu de pays en Afrique ont ce taux de croissance. Même pas l’Afrique du Sud ou le Nigeria. Ces grandes économies qui sont comparables à la nôtre. Nous n’avions presque pas d’inflation. Mais, je reviendrai sur le problème de l’inflation. Et grâce aux efforts que nous faisons, nous avons réussi à obtenir de la communauté internationale, notamment les grands pays, de l’annulation presque totale de notre dette extérieure. Et le mercredi dernier, le ministre des Finances, Charles Koffi Diby a signé avec le ministre français des Finances, Moscovici, l’annulation de la dette pour trois milliards d’euros. Ceci représente 2000 milliards de francs CFA d’annulation de dette. Chaque mois, nous devions payer pratiquement 250 à 300 milliards de francs CFA pour payer la dette extérieure. Ce qui ressort de cette annulation de la dette, c’est que nous allons utiliser cet argent à investir dans les routes, les infrastructures, les écoles les hôpitaux et ainsi de suite. Vous vous rendez compte que ceci va créer des emplois. Et pour cela que je vous demande de rentrer. C’est le moment du moment. Il faut rentrer parce que les grands projets d’infrastructures vont commencer. Que ce soient les routes, les ponts, la réhabilitation des chemins de fer, les exploitations de mines d’or, de mines de fer, la construction des nouveaux chemins de fer de San Pedro à Man pour exploiter les mines de fer du mont Klaho… le barrage hydroélectrique à Soubré dont nous avons déjà obtenu le financement avec les Chinois et la réhabilitation du chemin de fer Abidjan-Niger, la réhabilitation de l’ensemble du système électrique du pays qui va couter 700 milliards de francs CFA et nous avons déjà trouver le financement. Je peux continuer comme cela pour vous dire que dans les 18 mois à venir, nous aurons au moins trois grands hôtels de 300 à 600 chambres qui seront construites à Abidjan. Nous aurons du travail pour vous. Ce seront des entreprises, françaises, américaines, anglaises, et vous qui parlez l’anglais vous avez des opportunités. Ne restez pas dans le froid ici. Il faut rentrer au pays. Le ministre d’Etat Daniel Duncan a institué à ma demande au niveau du ministère des Affaires étrangères, un département de la diaspora. Ecrivez au ministère des Affaires étrangères, envoyez vos CV pour que nous puissions les examiner. Mêmes si vous n’avez pas de diplôme, l’expérience que vous avez est un diplôme. Venez aider le pays à se développer et je suis certain que vous apporterez beaucoup au pays. Je sais que vous aidez d’ici les parents en leur envoyer de l’argent. C’est très, très bien. Mais si vous êtes présents, non seulement vous aiderez, parce que vous aurez des emplois mais vous serez auprès d’eux. Nous sommes en train d’entreprendre un système où nous allons réhabiliter dans les deux ans à venir tous les CHU dans le pays. Dans tous les départements, nous allons réhabiliter ou construire de nouveaux hôpitaux. Dans tous les villages, toutes les sous-préfectures, nous allons construire des centres de santé. Nous prévoirons de l’eau potable, de l’électricité dans tous les villages. C’est pour vous dire que nous avons un vaste programme de reconstruction de la Côte d’Ivoire. Je l’ai dit. Quand Alassane Ouattara prend un engagement, il le tient. Vous pouvez me faire confiance. Nous voulons développer la Côte d’Ivoire. Quand j’étais Premier ministre sous l’autorité de notre père, feu le Président Félix Houphouët Boigny, la Côte d’Ivoire était la troisième puissance économique africaine après l’Afrique du Sud et le Nigeria. Aujourd’hui, nous sommes huitièmes ou neuvièmes. Je vous promets qu’à l’horizon 2020 nous serons un pays émergeant et nous allons reprendre notre place de troisième sur le continent. C’est pour cela que je vous invite à rentrer. Je veux que nous soyons tous ensemble avec ceux d’autres partis politiques. Je veux qu’avec mes frères et s?urs du FPI qui sont ici, nous soyons tous ensemble. Je ne veux pas de discrimination et quand j’ai formé le gouvernement j’ai demandé au FPI de rentrer au gouvernement. Certains avaient dit oui, mais je crois qu’ensemble entre eux ils ne se sont pas entendus et ils n’ont pu participer au gouvernement. Pour les législatives, j’ai reçu une forte délégation du FPI avec Laurent Akoun et d’autres personnes et je leur dit de participer aux élections législatives. Parce que le RDR a boycotté les élections législatives en 2000 et cela a été une erreur. Ils m’ont qu’ils ont compris et qu’ils allaient le faire. Mais des dissensions internes ne leur ont pas permis de le faire. Nous sommes en discussion et je veux que les uns et les autres le comprennent. Vous ici en Angleterre, dans ce qu’on appelle le temple de la démocratie, vous savez combien le parlement est important dans ce pays. C’est dans le parlement que les choses se règlent et non pas dans la rue et dans la violence. Ils ont raté le parlement, mais nous aurons des élections locales. C’est-à-dire les municipales et les régions. C’est également la démocratie à la base. Je fais appel à vous tous. Parlez à tous nos frères, quel que soit le parti dans lequel ils sont, qu’ils aillent à ces élections. Car, c’est comme cela que les uns et les autres feront entendre leur voix dans les municipalités. Nous avons décidé de décentraliser la Côte d’Ivoire d’une façon beaucoup plus autonome. Nous avons créé 12 districts, plus celui d’Abidjan et de Yamoussoukro. Et chacun de ces districts aura un grand projet d’au moins 100 milliards de francs CFA pour chaque région. C’est dans ce cadre que j’envisage cette année de terminer les universités de Cocody et de Bouaké. Ce qui va nous coûter plus de 100 milliards de réhabilitation. Nous allons faire les universités de Korhogo et de Daloa l’année prochaine. Et 2014-2015, les universités de San Pedro et de Bondoukou. Nous avons des choses précises pour vous et pour vos parents. Ce ne sont pas des paroles en l’air, parce que nous avons déjà le financement. Nous avons déjà signé les trois milliards d’abandon de paiement de la dette avec la France qui fait deux tiers de notre dette. Il reste à peu 1,5 à 2 milliards d’euros de dette avec l’Allemagne et d’autres pays et je vais procéder à la signature. Les autres, le FMI et la Banque mondiale ont déjà annulé notre dette. Ensuite, je suis allé en Chine où nous avons des perspectives de financement important. Avec les Américains, nous travaillons sur le Millenium Challenge Corporation. Nous espérons que cela nous procurera entre 800 millions et un milliard de dollars. L’Angleterre enverra des opérateurs privés, des hommes et des femmes d’affaires en Côte d’Ivoire. Nous avons reçu, il y a deux semaines à Abidjan, des hommes d’affaires de Turquie, du Japon, du Medef et d’Israël. Nous recevrons des Allemands début août et ainsi de suite. Nous travaillons sur des choses concrètes. Nous avons un programme et chaque fois, nous nous organisons en fonction de nos capacités. Je considère que la première chose c’est d’abord d’améliorer les conditions de vie de nos compatriotes. Quand vous allez sur le net et quand vous parlez aux parents, tout le monde dit que la vie est chère. Quand je vais au Benin, au Togo, au Nigeria, les chefs d’Etat me disent la même chose. Le problème que nous avons, c’est la cherté du coût de la vie. Pourquoi ? Parce que beaucoup de produits sont importés et nous n’avons pas mené une politique de substitution. C’est-à-dire de produire ce que nous consommons. Mais, nous y travaillons. Par exemple, pour le riz, nous consommons 1,5 millions de tonnes et nous n’avons produit l’année dernière que 500 mille tonnes. Nous sommes déjà à 700 mille tonnes cette année. Et nous allons, dans trois ans, faire en sorte qu’il n’y ait plus d’importation de riz. Nous serons en mesure de faire de l’autosuffisance. Et il sera pareil pour toutes les productions. Nous allons après exporter ces produits dans les pays voisins. Quant aux problèmes des bananes, des tomates, des aubergines, il faut créer les pistes et les routes pour facilement les acheminer vers les villes, dans les chefs-lieux de département. Nous avons engagé un programme de plus de 20 milliards au niveau du Conseil du café et cacao pour gratter les pistes pour que dans les trois mois à venir, on puisse transporter ces produits des lieux de production jusque dans les villes. C’est vous dire que nous faisons des choses précises qui auront leur impact, parce que je veux que la population se nourrisse convenablement comme c’était le cas du temps de feu Félix Houphouët-Boigny. Nous ferons en sorte également d’améliorer les infrastructures. Les centres de santé, les écoles, les universités. Et tout cela se fera avec une création d’emploi pour les jeunes. Donc, vous devez rentrer. J’insiste sur cela parce que je ne veux pas que des Ivoiriens soient ici et qu’ils se fassent expulser comme en Israël et ailleurs comme si nous étions des indésirables. L’Ivoirien est digne et nous devons sauvegarder notre dignité. Je vous demande de vous préparer. Ces emplois sont disponibles bientôt. Le ministre des Affaires étrangères a un recueil de toutes les possibilités. Au fur et à mesure que vous lui écrirez, il vous répondra pour vous dire ce qui est possible de faire.
Chers frères et sœurs, j’étais venu d’abord pour vous remercier pour le soutien que vous m’avez apporté et que vous apportez à la Côte d’Ivoire. Et vous dire que nous devons aller de l’avant, mais nous devons le faire tous ensemble. Je suis venu aussi vous dire que nous avons des opportunités très grandes pour notre pays. La confiance est revenue en Côte d’Ivoire et la confiance en la Côte d’Ivoire est revenue partout dans le monde. Vous voyez, sans que je ne le demande, mes homologues de la sous-région sans me consulter ont demandé que je prenne la tête de la CEDEAO. C’est la première que cela se fait au niveau de notre pays. En un an, j’ai été reçu par le Président Sarkozy, le Président Obama, le Président Hu Jintao, par la Reine d’Angleterre etc. Je veux redonner à notre pays sa crédibilité, sa véritable place. Pas seulement en Afrique, mais aussi dans le monde. Je voudrais terminer en vous disant que chacun de vous doit se comporter comme un ambassadeur. Dans votre comportement, dans la manière de vous conduire dans ce pays, dites-vous à chaque instant que c’est la Côte d’Ivoire que vous représentez. Je compte sur vous et à bientôt en Côte d’Ivoire.
Recueillis par Koné Lassiné, envoyé spécial à Londres