A 62 ans, Moftah Missouri, diplomate de haut niveau formé à la Sorbonne, est l’un des rares personnages à survivre avoir servi une quinzaine d’années aux côtés du Guide libyen. Tout en gardant une liberté de ton, contrairement à nombre de courtisans aujourd’hui poursuivis, l’homme a servi avec loyauté le Guide. Au parfum des grands dossiers, le miraculé de Tripoli tient à jouer un rôle important entre son pays et la communauté internationale.
Edgard Kaho
Dans son bureau situé non loin de celui du colonel Mouammar Kadhafi, il était l’homme toujours occupé à transcrire, résumer et même saisir les correspondances anglaises et françaises adressées au Guide. Et il était pratiquement de toutes les délégations du Guide y compris les pays arabes.
Ce rôle qu’il a joué pendant une quinzaine d’années avec dextérité et discernement fait de lui un homme très proche de Kadhafi. Ce qui faisait craindre pour sa vie à l’avènement de la révolution qui a fini par la mort de Kadhafi.
Mais ces actions intelligentes et éclairées l’ont mis hors de danger. Il se rappelle ce jour où les combattants ont fait irruption chez lui après la chute de Tripoli. Ils ne l’ont pas inquiété. Ils l’ont laissé tranquille. Les combattants cherchaient plutôt le Guide.
Craintif, de peur de se faire lyncher par des révolutionnaires surexcités, le diplomate, s’est tout de même enfermé chez lui jusqu’à récemment. En mai dernier, le voici en visite à Paris, soulagé d’avoir passé sans encombre le contrôle des miliciens qui tiennent l’aéroport de Tripoli.
Et l’ambassadeur Missouri se prend à envisager une nouvelle vie, où il mettrait à profit son expérience des deux cultures, de l’histoire commune et mouvementée de Paris et de Tripoli et au-delà de l’Europe. Le ministère des Affaires étrangères libyen lui a renouvelé sa carte. Mais il voudrait jouer un rôle à sa hauteur.
En attendant, Moftah Missouri a arpenté seul le Quartier latin, son paradis perdu : la Sorbonne où il obtint un doctorat d’histoire, le petit hôtel Excelsior de la rue Cujas où il logeait, les cafés du boulevard Saint-Michel et les bouquinistes des quais de la Seine.
Humble, Moftah Missouri est visiblement hostile au grand luxe. Seul natif de la région rebelle, la Cyrénaïque, dans l’équipe de Kadhafi, il n’avait pas accès à la pompe à finances. Lorsque le Guide lui offrit une voiture en 1999, ce ne fut pas une BMW, véhicule de base de la nomenklatura libyenne, mais une modeste Volkswagen Passat.
Elle est toujours dans le garage de sa maison de Tripoli. Moftah Missouri en privé était contre la corruption. «Ils ne pensent tous qu’à s’enrichir», murmure souvent l’interprète de Kadhafi. Il a même rédigé en 2006 un rapport sur la corruption à l’intention de Kadhafi, une initiative qui ne lui valut pas que des amis.
Alors que Tripoli croulait sous les bombes et que d’autres se seraient servis à la pompe à fric et ramasseraient des objets de grande valeur, le professeur a juste extrait de la bibliothèque du Guide, « L’Esprit des lois », de Montesquieu. Cette œuvre fondatrice de la démocratie avait été offerte par Jacques Chirac à l’auteur du «petit livre vert».
L’ambassadeur a donc sauvé Montesquieu des bombes de l’Otan. Moftah Missouri est aujourd’hui, croit-on savoir, la seule personnalité libyenne qui peut rassembler les différentes composantes nationales et être un pont entre deux cultures de part et d’autre de la Méditerranée.
Edgard Kaho
Dans son bureau situé non loin de celui du colonel Mouammar Kadhafi, il était l’homme toujours occupé à transcrire, résumer et même saisir les correspondances anglaises et françaises adressées au Guide. Et il était pratiquement de toutes les délégations du Guide y compris les pays arabes.
Ce rôle qu’il a joué pendant une quinzaine d’années avec dextérité et discernement fait de lui un homme très proche de Kadhafi. Ce qui faisait craindre pour sa vie à l’avènement de la révolution qui a fini par la mort de Kadhafi.
Mais ces actions intelligentes et éclairées l’ont mis hors de danger. Il se rappelle ce jour où les combattants ont fait irruption chez lui après la chute de Tripoli. Ils ne l’ont pas inquiété. Ils l’ont laissé tranquille. Les combattants cherchaient plutôt le Guide.
Craintif, de peur de se faire lyncher par des révolutionnaires surexcités, le diplomate, s’est tout de même enfermé chez lui jusqu’à récemment. En mai dernier, le voici en visite à Paris, soulagé d’avoir passé sans encombre le contrôle des miliciens qui tiennent l’aéroport de Tripoli.
Et l’ambassadeur Missouri se prend à envisager une nouvelle vie, où il mettrait à profit son expérience des deux cultures, de l’histoire commune et mouvementée de Paris et de Tripoli et au-delà de l’Europe. Le ministère des Affaires étrangères libyen lui a renouvelé sa carte. Mais il voudrait jouer un rôle à sa hauteur.
En attendant, Moftah Missouri a arpenté seul le Quartier latin, son paradis perdu : la Sorbonne où il obtint un doctorat d’histoire, le petit hôtel Excelsior de la rue Cujas où il logeait, les cafés du boulevard Saint-Michel et les bouquinistes des quais de la Seine.
Humble, Moftah Missouri est visiblement hostile au grand luxe. Seul natif de la région rebelle, la Cyrénaïque, dans l’équipe de Kadhafi, il n’avait pas accès à la pompe à finances. Lorsque le Guide lui offrit une voiture en 1999, ce ne fut pas une BMW, véhicule de base de la nomenklatura libyenne, mais une modeste Volkswagen Passat.
Elle est toujours dans le garage de sa maison de Tripoli. Moftah Missouri en privé était contre la corruption. «Ils ne pensent tous qu’à s’enrichir», murmure souvent l’interprète de Kadhafi. Il a même rédigé en 2006 un rapport sur la corruption à l’intention de Kadhafi, une initiative qui ne lui valut pas que des amis.
Alors que Tripoli croulait sous les bombes et que d’autres se seraient servis à la pompe à fric et ramasseraient des objets de grande valeur, le professeur a juste extrait de la bibliothèque du Guide, « L’Esprit des lois », de Montesquieu. Cette œuvre fondatrice de la démocratie avait été offerte par Jacques Chirac à l’auteur du «petit livre vert».
L’ambassadeur a donc sauvé Montesquieu des bombes de l’Otan. Moftah Missouri est aujourd’hui, croit-on savoir, la seule personnalité libyenne qui peut rassembler les différentes composantes nationales et être un pont entre deux cultures de part et d’autre de la Méditerranée.