L’audience du 13 août avance à grands pas. Le RDR qui ne veut pas rater ce grand rendez-vous, a envoyé plusieurs délégations à l’intérieur du pays pour mobiliser ses militants. En marge de sa tournée à Mankono et Kounahiri, nous avons rencontré M. Blé Mamadou, chef de la délégation de la mission de la direction du RDR dans cette région. Dans cette interview, il nous parle de la tournée, de l’audience du 13 août, des événements de Duékoué et de la réconciliation nationale.
Le Patriote : Vous étiez dans le département de Mankono la semaine dernière, dans le cadre d’une mission de votre parti le RDR. A quoi répond cette tournée ?
Blé Mamadou Je voudrais, si vous me le permettez, remercier les militants de Mankono avec à leur tête, Me Youssouf FOFANA, le Secrétaire Départemental du RDR pour l’accueil chaleureux auquel la délégation qui m’accompagnait et moi-même avons eu droit. Il faut rappeler que la délégation hormis moi, était composée du colonel SAKO Karamoko, Président du Conseil Général de Touba qui a été remplacé au dernier moment par DIOMANDE Kanvali, député suppléant de Touba sous-préfecture, et du deuxième adjoint au maire d’Adjamé, M. FOFANA Inza. Nous avions pour mission d’aller entretenir les militants à Mankono et à Kounahiri. La mission s’est très bien passée malgré l’état défectueux de la route. La mission avait pour objectif de mobiliser les militants et sympathisants de notre parti et réclamer que le 13 août prochain lors de l’audience, les charges retenues contre Laurent Gbagbo soient confirmées et qu’il soit condamné pour les crimes qu’il a commis. Deuxièmement, nous avons parlé de réconciliation aux militants. Il est vrai que la justice fera son travail, mais après, il y a le processus de réconciliation. En troisième lieu, nous avons parlé de l’avenir de la Côte d’Ivoire avec le président Alassane Ouattara.
LP : Vous dites que vous effectuez ces tournées pour que Laurent Gbagbo soit condamné. Y a-t-il un risque qu’il soit libéré ?
BM : Il n’y a aucun risque pour cela. Mais vous savez, il y a ce qu’on appelle la bataille de l’opinion. Il y a des gens qui crient tous les jours qu’ils n’ont rien fait, et qu’on les a arrêtés pour rien. Et pendant ce temps, nous faisons quoi ? Nous devons nous mobiliser également pour montrer à l’opinion que le Président Alassane Ouattara a derrière lui des milliers et des milliers d’hommes et de femmes qui soutiennent le Président Ouattara et sa politique. Il y a des soi-disant intellectuels africains envoyés en mission par le camp Gbagbo et qui font croire que Gbagbo est le « Lumumba des temps modernes » ou encore « Gbagbo est un Mandela ». Nous voulons dire à ses pseudo-intellectuels que Laurent Gbagbo n’est pas Lumumba, encore moins Mandela. Gbagbo n’est rien du tout. Nous sommes allés dire cela à nos militants dans le cadre de cette lutte d’opinion. Des gens se permettent de salir le nom d’Alassane Ouattara, nous ne pouvons pas accepter cela. Voilà pourquoi, nous avons décidé de mobiliser nos militants pour montrer que le Président Ouattara est un homme exceptionnel aimé de son peuple. Le Président Ouattara est pour la réconciliation. C’est pourquoi, nous leur avons parlé de la réconciliation. Et nous leur avons dit que la réconciliation est un processus qui requiert la justice d’abord. Car c’est elle qui permettra d’établir qui est victime et qui est bourreau. Ensuite, il y a la repentance. Il faut que le bourreau reconnaisse qu’il a mal agi et puis il demande pardon devant la nation. Quand il a fini de demander pardon, on peut maintenant se réconcilier. Il ne faut donc pas mettre la charrue avant les b?ufs. Ce message a été reçu cinq sur cinq par les populations aussi bien à Mankono qu’à Kounahiri. Les populations sont sorties nombreuses pour écouter ce message. Nous avons, à cette occasion, écouté des témoignages émouvants des victimes et nous avons promis aux populations que les crimes commis ne resteront pas impunis.
LP : Nous savons qu’il y a une audience le 13 août prochain. Vous avez rencontré les populations. Quelles sont leurs attentes pour cette audience ?
BM : Les populations attendent que les charges portées contre Laurent Gbagbo soient confirmées. Elles attendent cela de pied ferme. A Kounahiri, on a été témoin d’une chose. Les populations nous ont rapporté que certains hauts responsables de l’administration continuent d’intimider les militants du RDR. Ils menacent même de radiation de l’administration certains militants et sympathisants du RDR. Nous avons trouvé cela ahurissant. C’est comme si Kounahiri ne faisait pas partie de la Côte d’Ivoire. Je leur dis qu’aujourd’hui, le Président de la République de Côte d’Ivoire s’appelle Alassane Ouattara et que Kounahiri fait partie de la Côte d’Ivoire. Vous savez, Laurent Gbagbo a trompé les Ivoiriens. Il s’est fait passer pour ce qu’il n’est pas. Le parti socialiste qui était le parrain du FPI au sein de l’Internationale socialiste, a fini par démasquer Laurent Gbagbo. Le parti socialiste le connait très bien aujourd’hui. Les dirigeants du PS français l’ont lâché. Et vous voyez qu’aujourd’hui, c’est le parti communiste français qui vole au secours du FPI. Un parti d’extrême-gauche qui vole au secours de Laurent Gbagbo, c’est tout un programme. Le parti socialiste français a fini par comprendre que Laurent Gbagbo est un malpropre qu’on ne peut fréquenter. Un tel individu ne peut qu’être condamné. Mais je dirai que Laurent Gbagbo n’a pas commis que des crimes contre l’humanité. Il est allé plus loin. Laurent Gbagbo a commis des crimes d’indignité nationale. En 1944, après la libération de Paris, il y a eu des procès contre les responsables du régime de Vichy. Ceux qui ont été accusés d’avoir collaboré avec les Nazis. La justice qui a été mise en place pour juger les criminels de guerre et les collabos comme on les appelait, a qualifié de crimes d’indignité nationale, les crimes qui portent atteinte aux fondements même de la Nation et qui rendent ceux qui les ont commis indignes d’appartenir à la communauté nationale. Les crimes qui ont été commis par Laurent Gbagbo et ses camarades, nous pouvons également les qualifier de crimes d’indignité nationale. Parce qu’il y a eu des déclarations politiques attentatoires à la cohésion nationale, il y a eu surtout l’ivoirité qui est l’équivalant de ce que les français ont connu lors de la seconde guerre mondiale. Ceux qui ont été reconnus coupables de ces crimes, ont été privés du droit de vote, d’élection, d’éligibilité. Or ces messieurs et dames du FPI ont voté. Ils ont même été candidats. Deuxièmement, en France, ces criminels ont été exclus de la magistrature. Or en Côte d’Ivoire, on les voit encore au palais de justice. La dernière sanction est que ces personnes ont été exclues de toutes les fonctions de l’administration : directeur, gérant d’entreprises de l’Etat, dans les établissements bénéficiant d’une subvention d’une collectivité publique. Les militaires ont été exclus de toutes les armées : l’armée de terre, de mer et de l’air. Ils n’avaient pas le droit d’ouvrir une école, d’enseigner et d’être employé dans un établissement d’instruction en qualité de professeur ou d’instituteur. Ils ont aussi été interdits de diriger une entreprise de presse, d’édition, de radiodiffusion ou de cinématographie. Ici, le FPI continue de parler. Leurs journaux continuent de paraitre. « Notre Voie » tire à boulets rouges sur Alassane Ouattara, et sur les cadres du RDR tous les jours. Et avec cela, on ose parler de justice des vainqueurs. Les crimes d’indignité nationale auraient pu les priver de tous les droits que nous venons de citer. Or ce n’est pas le cas. Au contraire, Alassane Ouattara leur a tendu la main. Il les a invités à prendre part aux élections législatives. Ils ont refusé. Mais en même temps, beaucoup d’entre eux se sont présentés en candidats indépendants. Avant cela, il les a appelés au gouvernement. Ils n’ont pas voulu participer. Le président l’a fait au nom de la réconciliation nationale. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo perd les élections et refusent de quitter le pouvoir. Il impose une guerre aux ivoiriens. Il y a eu plusieurs milliers de morts. La Cour Pénale Internationale s’est saisie de l’affaire et Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye. Soit on se dit démocrate, on se plie au verdict des urnes. Soit on estime que l’on est un révolutionnaire et on prend le pouvoir par les armes.
LP : L’actualité brûlante, ce sont les événements malheureux de Duékoué où le camp des déplacés internes de Nahibly a été attaqué et incendié avec à la clé des morts à la suite d’un braquage sanglant. Vous qui êtes un cadre de la région, que vous inspirent ces tristes événements?
BM : Je suis indigné. Vraiment indigné. Surtout lorsque j’entends les propos des dirigeants du Front populaire ivoirien après ces incidents malheureux. Il y a eu un braquage au quartier Kokoman qui s’est soldé par quatre morts. La population en furie décide de se venger en allant au camp des réfugiés de Nahibly où se sont refugiés les braqueurs. Le camp est incendié. Il y a des morts. Et qu’est-ce qu’on entend ? On nous parle d’un génocide des Wê. Vous voyez toujours l’ethnicisme. C’est cela le FPI. L’ethnicisme a été toujours au centre de leur politique. Le président de la République a dit qu’il y aura une enquête pour identifier et punis tous ceux qui ont commis des crimes. Car nul n’a le droit de se faire justice. A l’issue d’un braquage, la population réagit violemment et on parle de génocide de Wê. Est-ce à dire que les braqueurs sont des Wê ? C’est le lieu de parler de la stratégie du FPI qui est « l’agitation-propagande ». « Agit-prop » comme il aime le dire dans leur langage, qui consiste à se saisir du moindre événement pour en grossir les faits. C’est la méthode marxiste adoptée par le FPI.
LP : Nous constatons que ces événements sont récurrents dans cette partie de la Côte d’Ivoire. Pour vous, qui en sont les instigateurs ?
BM : Les instigateurs sont tout trouvés. Ce sont les cadres FPI de la région qui étaient aux ordres de Laurent Gbagbo. Ce sont ceux-là qui parlent de génocide des Wê. Il n’y a pas de génocide des Wê. C’est une pure manipulation. Il y a une instrumentalisation et une manipulation des populations de cette partie de la Côte d’Ivoire depuis le temps de Laurent Gbagbo. Et cela continue.
LP : Quelles sont les dispositions qu’il faut prendre pour mettre un terme à tout cela ?
BM : Pour moi, la première disposition est de juger Gbagbo et le condamner à une lourde peine. La deuxième disposition est que tous les agitateurs actuels comprennent enfin que ce pays est un pays de paix. Ils ont perdu les élections. Ils ont perdu la guerre. Que
veulent-ils encore ? Tout ce qu’ils font, est-ce pour ramener Gbagbo au pouvoir ? Je crois que quand on pose un acte, c’est pour atteindre un objectif. Gbagbo va revenir dans ce pays, mais pas pour le diriger. Encore s’il a la chance d’y revenir. S’il revient, ce sera tant mieux pour lui et sa famille. Mais il ne reviendra plus jamais à la tête de la Côte d’Ivoire pour la diriger.
LP : Avec tout ce qui se passe, comment trouvez-vous les perspectives ?
BM : Les perspectives sont bonnes. Tout le monde voit ce qui passe en Côte d’Ivoire. Sauf ceux qui refusent de voir. Il suffit de voir ce qui se passe à Abidjan pour s’en convaincre. Le président de la République vient d’effectuer une grande tournée mondiale pour mobiliser et inciter les hommes d’affaires à venir investir en Côte d’Ivoire. C’est l’occasion de féliciter le président Ouattara pour l’excellent travail qu’il abat en Côte d’Ivoire. Nous devons le soutenir. Evidemment, ce qui fait mal au c?ur, est que pour les gens du FPI, il ne faudrait pas que Ouattara réussisse. Parce que s’il réussit, eux, ils auront échoué. Le président est au travail. La Côte d’Ivoire est au travail. C’est cela l’essentiel.
LP : Avec tout ce qui se passe, peut-on espérer que le processus de réconciliation aille jusqu’au bout ?
BM : Le processus de réconciliation nationale a besoin de quelques réglages. Certains se plaignent des arrestations qui ont eu lieu et qui ont cours. Pour une vraie réconciliation, il faut une vraie justice. Pour terminer, j’aimerais réitérer mes remerciements aux populations de Mankono et Kounahiri qui nous ont bien accueillis durant cette tournée. Je leur demande de tendre davantage la main au FPI. Il y a eu tellement d’intoxication dans ce pays, je souhaite que les cadres de cette région continuent de tendre la main au FPI pour bâtir une Côte d’Ivoire meilleure.
Réalisée par Jean-Claude Coulibaly
Le Patriote : Vous étiez dans le département de Mankono la semaine dernière, dans le cadre d’une mission de votre parti le RDR. A quoi répond cette tournée ?
Blé Mamadou Je voudrais, si vous me le permettez, remercier les militants de Mankono avec à leur tête, Me Youssouf FOFANA, le Secrétaire Départemental du RDR pour l’accueil chaleureux auquel la délégation qui m’accompagnait et moi-même avons eu droit. Il faut rappeler que la délégation hormis moi, était composée du colonel SAKO Karamoko, Président du Conseil Général de Touba qui a été remplacé au dernier moment par DIOMANDE Kanvali, député suppléant de Touba sous-préfecture, et du deuxième adjoint au maire d’Adjamé, M. FOFANA Inza. Nous avions pour mission d’aller entretenir les militants à Mankono et à Kounahiri. La mission s’est très bien passée malgré l’état défectueux de la route. La mission avait pour objectif de mobiliser les militants et sympathisants de notre parti et réclamer que le 13 août prochain lors de l’audience, les charges retenues contre Laurent Gbagbo soient confirmées et qu’il soit condamné pour les crimes qu’il a commis. Deuxièmement, nous avons parlé de réconciliation aux militants. Il est vrai que la justice fera son travail, mais après, il y a le processus de réconciliation. En troisième lieu, nous avons parlé de l’avenir de la Côte d’Ivoire avec le président Alassane Ouattara.
LP : Vous dites que vous effectuez ces tournées pour que Laurent Gbagbo soit condamné. Y a-t-il un risque qu’il soit libéré ?
BM : Il n’y a aucun risque pour cela. Mais vous savez, il y a ce qu’on appelle la bataille de l’opinion. Il y a des gens qui crient tous les jours qu’ils n’ont rien fait, et qu’on les a arrêtés pour rien. Et pendant ce temps, nous faisons quoi ? Nous devons nous mobiliser également pour montrer à l’opinion que le Président Alassane Ouattara a derrière lui des milliers et des milliers d’hommes et de femmes qui soutiennent le Président Ouattara et sa politique. Il y a des soi-disant intellectuels africains envoyés en mission par le camp Gbagbo et qui font croire que Gbagbo est le « Lumumba des temps modernes » ou encore « Gbagbo est un Mandela ». Nous voulons dire à ses pseudo-intellectuels que Laurent Gbagbo n’est pas Lumumba, encore moins Mandela. Gbagbo n’est rien du tout. Nous sommes allés dire cela à nos militants dans le cadre de cette lutte d’opinion. Des gens se permettent de salir le nom d’Alassane Ouattara, nous ne pouvons pas accepter cela. Voilà pourquoi, nous avons décidé de mobiliser nos militants pour montrer que le Président Ouattara est un homme exceptionnel aimé de son peuple. Le Président Ouattara est pour la réconciliation. C’est pourquoi, nous leur avons parlé de la réconciliation. Et nous leur avons dit que la réconciliation est un processus qui requiert la justice d’abord. Car c’est elle qui permettra d’établir qui est victime et qui est bourreau. Ensuite, il y a la repentance. Il faut que le bourreau reconnaisse qu’il a mal agi et puis il demande pardon devant la nation. Quand il a fini de demander pardon, on peut maintenant se réconcilier. Il ne faut donc pas mettre la charrue avant les b?ufs. Ce message a été reçu cinq sur cinq par les populations aussi bien à Mankono qu’à Kounahiri. Les populations sont sorties nombreuses pour écouter ce message. Nous avons, à cette occasion, écouté des témoignages émouvants des victimes et nous avons promis aux populations que les crimes commis ne resteront pas impunis.
LP : Nous savons qu’il y a une audience le 13 août prochain. Vous avez rencontré les populations. Quelles sont leurs attentes pour cette audience ?
BM : Les populations attendent que les charges portées contre Laurent Gbagbo soient confirmées. Elles attendent cela de pied ferme. A Kounahiri, on a été témoin d’une chose. Les populations nous ont rapporté que certains hauts responsables de l’administration continuent d’intimider les militants du RDR. Ils menacent même de radiation de l’administration certains militants et sympathisants du RDR. Nous avons trouvé cela ahurissant. C’est comme si Kounahiri ne faisait pas partie de la Côte d’Ivoire. Je leur dis qu’aujourd’hui, le Président de la République de Côte d’Ivoire s’appelle Alassane Ouattara et que Kounahiri fait partie de la Côte d’Ivoire. Vous savez, Laurent Gbagbo a trompé les Ivoiriens. Il s’est fait passer pour ce qu’il n’est pas. Le parti socialiste qui était le parrain du FPI au sein de l’Internationale socialiste, a fini par démasquer Laurent Gbagbo. Le parti socialiste le connait très bien aujourd’hui. Les dirigeants du PS français l’ont lâché. Et vous voyez qu’aujourd’hui, c’est le parti communiste français qui vole au secours du FPI. Un parti d’extrême-gauche qui vole au secours de Laurent Gbagbo, c’est tout un programme. Le parti socialiste français a fini par comprendre que Laurent Gbagbo est un malpropre qu’on ne peut fréquenter. Un tel individu ne peut qu’être condamné. Mais je dirai que Laurent Gbagbo n’a pas commis que des crimes contre l’humanité. Il est allé plus loin. Laurent Gbagbo a commis des crimes d’indignité nationale. En 1944, après la libération de Paris, il y a eu des procès contre les responsables du régime de Vichy. Ceux qui ont été accusés d’avoir collaboré avec les Nazis. La justice qui a été mise en place pour juger les criminels de guerre et les collabos comme on les appelait, a qualifié de crimes d’indignité nationale, les crimes qui portent atteinte aux fondements même de la Nation et qui rendent ceux qui les ont commis indignes d’appartenir à la communauté nationale. Les crimes qui ont été commis par Laurent Gbagbo et ses camarades, nous pouvons également les qualifier de crimes d’indignité nationale. Parce qu’il y a eu des déclarations politiques attentatoires à la cohésion nationale, il y a eu surtout l’ivoirité qui est l’équivalant de ce que les français ont connu lors de la seconde guerre mondiale. Ceux qui ont été reconnus coupables de ces crimes, ont été privés du droit de vote, d’élection, d’éligibilité. Or ces messieurs et dames du FPI ont voté. Ils ont même été candidats. Deuxièmement, en France, ces criminels ont été exclus de la magistrature. Or en Côte d’Ivoire, on les voit encore au palais de justice. La dernière sanction est que ces personnes ont été exclues de toutes les fonctions de l’administration : directeur, gérant d’entreprises de l’Etat, dans les établissements bénéficiant d’une subvention d’une collectivité publique. Les militaires ont été exclus de toutes les armées : l’armée de terre, de mer et de l’air. Ils n’avaient pas le droit d’ouvrir une école, d’enseigner et d’être employé dans un établissement d’instruction en qualité de professeur ou d’instituteur. Ils ont aussi été interdits de diriger une entreprise de presse, d’édition, de radiodiffusion ou de cinématographie. Ici, le FPI continue de parler. Leurs journaux continuent de paraitre. « Notre Voie » tire à boulets rouges sur Alassane Ouattara, et sur les cadres du RDR tous les jours. Et avec cela, on ose parler de justice des vainqueurs. Les crimes d’indignité nationale auraient pu les priver de tous les droits que nous venons de citer. Or ce n’est pas le cas. Au contraire, Alassane Ouattara leur a tendu la main. Il les a invités à prendre part aux élections législatives. Ils ont refusé. Mais en même temps, beaucoup d’entre eux se sont présentés en candidats indépendants. Avant cela, il les a appelés au gouvernement. Ils n’ont pas voulu participer. Le président l’a fait au nom de la réconciliation nationale. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo perd les élections et refusent de quitter le pouvoir. Il impose une guerre aux ivoiriens. Il y a eu plusieurs milliers de morts. La Cour Pénale Internationale s’est saisie de l’affaire et Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye. Soit on se dit démocrate, on se plie au verdict des urnes. Soit on estime que l’on est un révolutionnaire et on prend le pouvoir par les armes.
LP : L’actualité brûlante, ce sont les événements malheureux de Duékoué où le camp des déplacés internes de Nahibly a été attaqué et incendié avec à la clé des morts à la suite d’un braquage sanglant. Vous qui êtes un cadre de la région, que vous inspirent ces tristes événements?
BM : Je suis indigné. Vraiment indigné. Surtout lorsque j’entends les propos des dirigeants du Front populaire ivoirien après ces incidents malheureux. Il y a eu un braquage au quartier Kokoman qui s’est soldé par quatre morts. La population en furie décide de se venger en allant au camp des réfugiés de Nahibly où se sont refugiés les braqueurs. Le camp est incendié. Il y a des morts. Et qu’est-ce qu’on entend ? On nous parle d’un génocide des Wê. Vous voyez toujours l’ethnicisme. C’est cela le FPI. L’ethnicisme a été toujours au centre de leur politique. Le président de la République a dit qu’il y aura une enquête pour identifier et punis tous ceux qui ont commis des crimes. Car nul n’a le droit de se faire justice. A l’issue d’un braquage, la population réagit violemment et on parle de génocide de Wê. Est-ce à dire que les braqueurs sont des Wê ? C’est le lieu de parler de la stratégie du FPI qui est « l’agitation-propagande ». « Agit-prop » comme il aime le dire dans leur langage, qui consiste à se saisir du moindre événement pour en grossir les faits. C’est la méthode marxiste adoptée par le FPI.
LP : Nous constatons que ces événements sont récurrents dans cette partie de la Côte d’Ivoire. Pour vous, qui en sont les instigateurs ?
BM : Les instigateurs sont tout trouvés. Ce sont les cadres FPI de la région qui étaient aux ordres de Laurent Gbagbo. Ce sont ceux-là qui parlent de génocide des Wê. Il n’y a pas de génocide des Wê. C’est une pure manipulation. Il y a une instrumentalisation et une manipulation des populations de cette partie de la Côte d’Ivoire depuis le temps de Laurent Gbagbo. Et cela continue.
LP : Quelles sont les dispositions qu’il faut prendre pour mettre un terme à tout cela ?
BM : Pour moi, la première disposition est de juger Gbagbo et le condamner à une lourde peine. La deuxième disposition est que tous les agitateurs actuels comprennent enfin que ce pays est un pays de paix. Ils ont perdu les élections. Ils ont perdu la guerre. Que
veulent-ils encore ? Tout ce qu’ils font, est-ce pour ramener Gbagbo au pouvoir ? Je crois que quand on pose un acte, c’est pour atteindre un objectif. Gbagbo va revenir dans ce pays, mais pas pour le diriger. Encore s’il a la chance d’y revenir. S’il revient, ce sera tant mieux pour lui et sa famille. Mais il ne reviendra plus jamais à la tête de la Côte d’Ivoire pour la diriger.
LP : Avec tout ce qui se passe, comment trouvez-vous les perspectives ?
BM : Les perspectives sont bonnes. Tout le monde voit ce qui passe en Côte d’Ivoire. Sauf ceux qui refusent de voir. Il suffit de voir ce qui se passe à Abidjan pour s’en convaincre. Le président de la République vient d’effectuer une grande tournée mondiale pour mobiliser et inciter les hommes d’affaires à venir investir en Côte d’Ivoire. C’est l’occasion de féliciter le président Ouattara pour l’excellent travail qu’il abat en Côte d’Ivoire. Nous devons le soutenir. Evidemment, ce qui fait mal au c?ur, est que pour les gens du FPI, il ne faudrait pas que Ouattara réussisse. Parce que s’il réussit, eux, ils auront échoué. Le président est au travail. La Côte d’Ivoire est au travail. C’est cela l’essentiel.
LP : Avec tout ce qui se passe, peut-on espérer que le processus de réconciliation aille jusqu’au bout ?
BM : Le processus de réconciliation nationale a besoin de quelques réglages. Certains se plaignent des arrestations qui ont eu lieu et qui ont cours. Pour une vraie réconciliation, il faut une vraie justice. Pour terminer, j’aimerais réitérer mes remerciements aux populations de Mankono et Kounahiri qui nous ont bien accueillis durant cette tournée. Je leur demande de tendre davantage la main au FPI. Il y a eu tellement d’intoxication dans ce pays, je souhaite que les cadres de cette région continuent de tendre la main au FPI pour bâtir une Côte d’Ivoire meilleure.
Réalisée par Jean-Claude Coulibaly