“La Côte d’Ivoire devient désormais crédible aux yeux des institutions internationales. C’est-à-dire qu’elle peut aller emprunter encore des ressources auprès de partenaires extérieurs. Mais, il s’agira cette fois-ci, d’un endettement intelligent, étant entendu que les partenaires au développement seront désormais très regardants sur la question. C’est pourquoi, depuis l’atteinte de ce programme, tous les pays se bousculent autour de la Côte d’Ivoire ». Ces propos du ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, tenus hier à l’occasion de la 5ème édition de la Tribune du Gepci (Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire), à l’hôtel Ivoire, démontrent l’importance de l’obtention du point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) pour la Côte d’Ivoire. Il en veut pour preuve les ratios dont bénéficie désormais le pays. Ainsi, au niveau des stocks de la dette extérieure sur le PIB, le ratio normal d’un pays est inférieur à 40%. Il est passé en Côte d’Ivoire, de 67% à 18% après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE. Le stock de la dette extérieure sur l’ensemble des recettes publiques qui devrait être inférieur à 250%, est passé de 351% avant le PPTE, à 99% actuellement. Au niveau de la dette intérieure sur l’exportation qui devait avoir un ratio inférieur à 150%, le ratio est passé de 148% à 36,1%. Le ratio de la dette publique qui ne devait être inférieur qu’à 70%, est passé de 79% à 36,2% après le PPTE. Mais pour le ministre Diby, il ne suffit pas d’avoir le point d’achèvement. Mieux, il faudrait que les populations jouissent de ces retombées. Autour du thème « Quelle relance économique après l’obtention du PPTE », le ministre a insisté sur la stratégie qui permettrait à la Côte d’Ivoire de ‘‘rendre effective une seconde période de prospérité économique’’. Cette stratégie a pour fondement, le Plan national de développement (PND) qui prévoit un niveau d’investissement de 11.000 milliards pour la période 2012-2015. Mais pour Diby, elle ne saurait se faire sans stabilité du cadre macroéconomique et des finances publiques qui prennent en compte les principes de la bonne gouvernance. Il faut y ajouter, l’amélioration du climat des affaires, la relance des investissements publics. Ce taux d’investissement public, à en croire le ministre de l’Economie et des Finances, devrait être en hausse pour s’établir à 5,3% en 2012, 7,1% en 2013 et 9,1% en 2015). L’accent sera également mis sur les Partenariats publics-privés pour le développement du pays. Et la diversification des sources de la croissance ne sera pas occultée pour l’atteinte de cette relance économique. Pour l’argentier du Gouvernement ivoirien, la stratégie ainsi décrite devrait permettre de renouer avec la croissance en 2012, avec un taux de 8,1%, après une contre performance de -4,7% en 2012. En 2013, le taux de croissance s’établirait à 9%, pour atteindre 10% à partir de 2014. C’est à ces conditions que la croissance ivoirienne sera inclusive, donc profitera à la population. Mais Diby a tenu à assurer que plus rien ne sera comme par le passé car la Côte d’Ivoire est devenue un pays normal. « La Brigade anti-corruption qui existe a commencé à sévir. Des personnes ont déjà été conduites devant la police économique. Pour éviter une spirale de surendettement, nous avons également créé le Comité national de la dette. Il favorisera un endettement intelligent », a souligné Diby. En ce qui concerne le Contrat de désendettement et de développement, (C2D), l’intervenant a relevé que rien n’a été imposé par la France à la Côte d’Ivoire qui a choisi les secteurs concernés. «C’est en toute liberté que cela a été fait et rien (l’argent) ne retournera en France », a dit Diby. Dans le cadre du PPTE, sur un stock de 6373,9 milliards de francs CFA, la Côte d’Ivoire a bénéficié de l’annulation de 4.090 milliards FCFA. Et le ministre d’indiquer : «Le PPTE est un instrument pouvant aider à atteindre l’objectif de restauration de la viabilité des finances publiques».
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA