De passage à Abidjan dans le cadre de la signature de l’Accord tripartite Mali-HCR-Côte d’Ivoire en faveur des réfugiés ivoiriens au Mali, le Colonel Moussa Sinko Coulibaly, un proche du Capitaine Sanogo Haya Amadou s’est confié à L’Intelligent d’Abidjan. Dans cette interview, le ministre malien de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire (MATDAT) explique les raisons de sa présence en Côte d’Ivoire et fait le point de la situation socio-politique dans son pays.
Qu’est-ce qui justifie votre présence en Côte d’Ivoire ?
Je suis ici dans le cadre de la gestion des réfugiés ivoiriens qui sont au Mali. Nous avons préparé, le Mali et la Côte d’Ivoire, avec l’aide du Haut Commissariat pour les Réfugiés, un accord tripartite Mali-HCR-Côte d’Ivoire. Cet accord doit nous permettre de nous occuper des réfugiés ivoiriens qui sont au Mali. En gros, il s’agira pour nous de pouvoir les gérer comme s’ils étaient des Maliens, de faciliter toute l’assistance que la partie ivoirienne souhaiterait leur apporter.
Quelle est la situation globale au Mali, avec tous les événements qui s’y sont déroulés dernièrement ?
Comme vous suivez les événements à Bamako, le président de la République fait des consultations actuellement en vue de mettre en place un gouvernement d’union nationale. Nous espérons que ce gouvernement va pouvoir résoudre tout ce qui constitue l’aspect institutionnel de la crise que nous connaissons actuellement au Mali. Je pense que toute l’énergie sera ensuite consacrée à gérer l’aspect sécuritaire dans les trois régions de Gao, Kidal et Tombouctou.
Au plan économique, quelle est la situation ?
Bien évidemment depuis janvier, quand il y a eu les premières attaques jusqu’à maintenant, la situation sécuritaire n’a pas permis d’avoir une activité économique normale dans les trois régions de Gao, Tombouctou et Kidal. La crise institutionnelle et sécuritaire a aussi installé à Bamako beaucoup d’incertitudes. Mais nous sommes presqu’en phase de gérer cette crise institutionnelle. L’économie est en train de reprendre et nous espérons qu’avec la mise en place du gouvernement d’union nationale l’économie va reprendre totalement.
En tant que ministre de l’Administration du territoire, à quel niveau se situe les négociations entre Bamako et le Nord-Mali ?
Pour le moment, les contacts sont à des niveaux assez faibles. La commission de négociation que le président a souhaité mettre en place n’est pas encore effective, néanmoins, des organisations sont en contact avec ces mouvements armés. Une fois que cette commission sera mise en place, je pense que les contacts seront officiels.
Parlant de gouvernement d’union, est-ce que le président a pris langue avec les islamistes du Nord ? Est-ce que le Nord-Mali sera pris en compte dans ce gouvernement ?
Il est évident que toutes les régions du Mali seront concernées. Déjà même dans le gouvernement en place actuellement, toutes les régions du Mali sont représentées. Il s’agit de prendre en compte les partis politiques et les organisations de la société civile qui avaient été « oubliés » pendant la formation du gouvernement actuel, pour permettre à chaque sensibilité de s’exprimer.
Il a été question, à un moment donné, d’une partition du territoire malien, qu’en est-il ?
Je pense que les autorités maliennes ont été claires dès le départ. Il y a deux choses sur lesquelles nous n’allons pas négocier. Il s’agit de l’unité et de la laïcité du pays. Ces deux sujets ne sont pas choses que nous allons négocier. Pour le reste, on verra bien ce que les mouvements armés vont mettre sur la table, mais il est hors de question que le pays soit divisé et que la forme laïque du pays soit remise en cause.
Est-ce que l’option militaire reste toujours de mise ?
Quand le président a pris fonction, il a été clair dans son premier discours en disant qu’il privilégie la négociation. Mais si jamais la négociation n’aboutissait pas, toutes autres solutions sont envisagées. Il est clair que la priorité c’est d’abord d’essayer de gérer cette question par les négociations.
Des jeunes Maliens se préparent à aller affronter les islamistes du Nord. Est-ce que ces jeunes ont la caution du gouvernement malien ?
Non. Mais c’est tout simplement, à mon avis, une forme d’expression du sentiment d’une partie de la population qui désire vivement que ce problème soit résolu assez rapidement et qui exprime sa disponibilité et sa volonté d’apporter son concours. Certains apportent leur concours sur le plan politique, d’autres par l’aide humanitaire. Je pense que le mode d’expression que ces jeunes ont eu, c’est de dire nous, nous sommes disponibles pour apporter notre concours sur l’aspect sécuritaire. C’est au gouvernement de canaliser toutes ces énergies pour que cela aille dans la bonne direction.
Il y a eu récemment une rencontre entre le facilitateur Djibril Bassolé et la rébellion du Nord. Approuvez-vous ce genre de rencontres ?
Toute initiative tendant à trouver une solution à la crise que nous traversons actuellement doit être saluée. Si ces rencontres peuvent nous permettre d’arriver à une solution, il faut les encourager.
De nombreux déplacés font mouvements vers certains pays frontaliers du Mali, quel est le point au plan humanitaire ?
Nous avons effectivement beaucoup de Maliens qui ont quitté Gao, Kidal et Tombouctou et qui sont venus dans d’autres régions comme Bamako, Sikasso, Ségou, Mopti… Il y a aussi beaucoup de Maliens qui ont quitté le Mali et qui sont allés en Mauritanie, en Algérie, au Burkina Faso, au Niger… Nous essayons d’accompagner ces Maliens en leur apportant des dons en nature. Cette semaine d’ailleurs, le ministre de l’Action humanitaire était au Niger pour prendre contact avec les Maliens qui se sont refugiés dans ce pays. Nous leur avons apporté des dons en nature, nous commençons une identification de ces populations pour nous permettre de savoir exactement leurs besoins et le type d’assistance à leur apporter.
Pouvez-vous dire le nombre exact de refugiés maliens dans le pays et à l’extérieur ?
Les recensements sont en cours. Mais nous savons par exemple qu’à Bamako, il faut chiffrer le nombre de déplacés à 3000. Dans les autres pays comme la Mauritanie, cela se chiffre en dizaine de milliers, au Burkina et au Niger aussi. Le recensement est en cours, nous aurons des chiffres précis dans quelques jours.
Au-delà du soutien en nature, à quoi doivent s’attendre ces Maliens qui sont loin de chez eux ?
L’objectif premier, c’est de pouvoir permettre à ces populations de retourner assez rapidement au Mali et de retrouver leurs activités habituelles. C’est à cela que nous travaillons, mais en attendant de mettre en place les conditions permettant à ces refugiés de retourner chez eux, nous sommes obligés de les assister sur le plan humanitaire et de nous assurer que les enfants continuent une éducation normale. C’est ce type de programmes que nous sommes en train de mettre en place pour permettre à ces réfugiés d’avoir toutes les commodités et facilités leur permettant de vivre comme s’ils étaient au Mali.
Depuis son retour de France, le président Dioncounda et son Premier ministre Modibo Diarra ne parlent plus le même langage. Est-ce que cette situation est de nature à arranger les choses au Mali ?
Le président a un rôle à jouer, le Premier ministre aussi. Je pense que tous les deux sont conscients que les priorités actuelles, c’est la libération et la sécurisation des trois régions du Nord, mais aussi la normalisation de la situation institutionnelle. Je pense que sur ces points, il y a convergence de vue et pour moi, c’est l’essentiel.
Le Premier ministre Modibo disait qu’il était inamovible. Est-ce que la nomination d’un nouveau Premier ministre ne va pas entraîner le Mali dans le gouffre ?
Des forces ont exprimé leur point de vue, disant que le Premier ministre doit partir, d’autres ont exprimé le contraire. Il appartient au président Traoré de juger de l’opportunité de prendre telle ou telle décision. Il est en train de faire des consultations et les conclusions de ces consultations seront connues très bientôt.
Comment se porte aujourd’hui le capitaine Sanogo ?
Il va très bien, il se porte à merveille. Il n’y a aucun problème.
Est-ce qu’il constitue encore une menace pour la paix à Bamako ?
A mon avis, il n’a jamais constitué une menace pour la paix. Au contraire, il a tout le temps œuvré et contribué à la stabilisation et à la normalisation de la situation. Rappelez-vous, c’est lui qui a fait la déclaration solennelle du 1er avril, pour s’engager à un retour à l’ordre constitutionnel, c’est lui qui a signé l’accord cadre du 6 avril, qui a permis l’installation du président par intérim et la mise en place du gouvernement. Je pense qu’à toutes les étapes, il a montré la preuve qu’il veut la normalisation et la stabilisation à Bamako.
Le capitaine Sanogo est pressenti pour être deuxième vice-président du Mali. Qu’attendez-vous de la réaction de la CEDEAO ?
Je pense que la CEDEAO a apporté son soutien aux propositions faites par le président Traoré. Une fois que ces propositions seront validées par la classe politique et la société civile maliennes, j’espère que la CEDEAO apportera son soutien à cette architecture.
Quand prendra fin la crise malienne, à votre avis ?
En ce qui concerne la crise institutionnelle, je pense que les choses ont été déjà faites. La dernière étape serait peut-être la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Pour ce qui concerne la sécurisation de Gao, Kidal et Tombouctou, comme je l’ai dit tantôt, le président a décidé de mettre en place une commission de négociation. Une fois que cette commission va commencer à travailler et va prendre contact avec les différentes parties, nous aurons une vision plus claire des délais que cela pourrait nous prendre. Mais, d’une façon générale nous essayons de mettre toutes ces questions sur un plan politique. On se dit que ce sont des questions qui peuvent être résolues du jour au lendemain. Je suis optimisme et j’espère que le délai de 12 mois qui a été donné pour la transition, nous permettra de faire des progrès significatifs quant à la résolution de la question dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
Est-ce que le Mali est prêt à recevoir une force étrangère sur son territoire ?
Le Mali est prêt à recevoir toute aide, toute contribution qui permettrait d’aider à résoudre les crises que nous traversons et nous l’avons demandé. Nous avons demandé toute aide, toute contribution de quelque nature que ce soit qui nous aiderait à faire face aux défis que nous affrontons actuellement.
N’est-ce pas une incapacité pour le Mali de régler les problèmes qui se posent à lui ?
On dit que l’union fait la force. Si nous avons créé la CEDEAO et d’autres organisations, c’est pour nous permettre d’utiliser ces organisations quand on en a besoin pour nous sortir des crises. Chaque pays aurait pu mettre en place sa façon de voir les choses. Mais, je pense que ceux qui ont réfléchi à la CEDEAO bien des années avant ont compris que c’est dans l’union que nous pourrons résoudre certaines questions. Si on a ces instruments, pourquoi ne pas en profiter ? Ce n’est pas un aveu de faiblesse, peut-être que c’est ce cadre qui se prête mieux à la résolution de cette crise. N’oubliez pas qu’il y a des refugiés maliens en Mauritanie, au Burkina et ailleurs. Donc, ce n’est pas seulement une question malienne. Cette crise doit trouver une solution au Mali, mais aussi au Niger, au Burkina et ailleurs. On doit avoir une approche globale pour gérer cette crise et non une vision intérieure de la crise.
Pour finir Monsieur le ministre…
Nous devons rester unis, solidaires. Tous les moyens sont en train d’être mis en œuvre pour que le Mali revienne à un rythme normal. Cette crise affecte tout le pays, donc nous allons travailler pour que toutes les régions retrouvent une stabilité et une vie normale.
Réalisée par Dosso Villard
Qu’est-ce qui justifie votre présence en Côte d’Ivoire ?
Je suis ici dans le cadre de la gestion des réfugiés ivoiriens qui sont au Mali. Nous avons préparé, le Mali et la Côte d’Ivoire, avec l’aide du Haut Commissariat pour les Réfugiés, un accord tripartite Mali-HCR-Côte d’Ivoire. Cet accord doit nous permettre de nous occuper des réfugiés ivoiriens qui sont au Mali. En gros, il s’agira pour nous de pouvoir les gérer comme s’ils étaient des Maliens, de faciliter toute l’assistance que la partie ivoirienne souhaiterait leur apporter.
Quelle est la situation globale au Mali, avec tous les événements qui s’y sont déroulés dernièrement ?
Comme vous suivez les événements à Bamako, le président de la République fait des consultations actuellement en vue de mettre en place un gouvernement d’union nationale. Nous espérons que ce gouvernement va pouvoir résoudre tout ce qui constitue l’aspect institutionnel de la crise que nous connaissons actuellement au Mali. Je pense que toute l’énergie sera ensuite consacrée à gérer l’aspect sécuritaire dans les trois régions de Gao, Kidal et Tombouctou.
Au plan économique, quelle est la situation ?
Bien évidemment depuis janvier, quand il y a eu les premières attaques jusqu’à maintenant, la situation sécuritaire n’a pas permis d’avoir une activité économique normale dans les trois régions de Gao, Tombouctou et Kidal. La crise institutionnelle et sécuritaire a aussi installé à Bamako beaucoup d’incertitudes. Mais nous sommes presqu’en phase de gérer cette crise institutionnelle. L’économie est en train de reprendre et nous espérons qu’avec la mise en place du gouvernement d’union nationale l’économie va reprendre totalement.
En tant que ministre de l’Administration du territoire, à quel niveau se situe les négociations entre Bamako et le Nord-Mali ?
Pour le moment, les contacts sont à des niveaux assez faibles. La commission de négociation que le président a souhaité mettre en place n’est pas encore effective, néanmoins, des organisations sont en contact avec ces mouvements armés. Une fois que cette commission sera mise en place, je pense que les contacts seront officiels.
Parlant de gouvernement d’union, est-ce que le président a pris langue avec les islamistes du Nord ? Est-ce que le Nord-Mali sera pris en compte dans ce gouvernement ?
Il est évident que toutes les régions du Mali seront concernées. Déjà même dans le gouvernement en place actuellement, toutes les régions du Mali sont représentées. Il s’agit de prendre en compte les partis politiques et les organisations de la société civile qui avaient été « oubliés » pendant la formation du gouvernement actuel, pour permettre à chaque sensibilité de s’exprimer.
Il a été question, à un moment donné, d’une partition du territoire malien, qu’en est-il ?
Je pense que les autorités maliennes ont été claires dès le départ. Il y a deux choses sur lesquelles nous n’allons pas négocier. Il s’agit de l’unité et de la laïcité du pays. Ces deux sujets ne sont pas choses que nous allons négocier. Pour le reste, on verra bien ce que les mouvements armés vont mettre sur la table, mais il est hors de question que le pays soit divisé et que la forme laïque du pays soit remise en cause.
Est-ce que l’option militaire reste toujours de mise ?
Quand le président a pris fonction, il a été clair dans son premier discours en disant qu’il privilégie la négociation. Mais si jamais la négociation n’aboutissait pas, toutes autres solutions sont envisagées. Il est clair que la priorité c’est d’abord d’essayer de gérer cette question par les négociations.
Des jeunes Maliens se préparent à aller affronter les islamistes du Nord. Est-ce que ces jeunes ont la caution du gouvernement malien ?
Non. Mais c’est tout simplement, à mon avis, une forme d’expression du sentiment d’une partie de la population qui désire vivement que ce problème soit résolu assez rapidement et qui exprime sa disponibilité et sa volonté d’apporter son concours. Certains apportent leur concours sur le plan politique, d’autres par l’aide humanitaire. Je pense que le mode d’expression que ces jeunes ont eu, c’est de dire nous, nous sommes disponibles pour apporter notre concours sur l’aspect sécuritaire. C’est au gouvernement de canaliser toutes ces énergies pour que cela aille dans la bonne direction.
Il y a eu récemment une rencontre entre le facilitateur Djibril Bassolé et la rébellion du Nord. Approuvez-vous ce genre de rencontres ?
Toute initiative tendant à trouver une solution à la crise que nous traversons actuellement doit être saluée. Si ces rencontres peuvent nous permettre d’arriver à une solution, il faut les encourager.
De nombreux déplacés font mouvements vers certains pays frontaliers du Mali, quel est le point au plan humanitaire ?
Nous avons effectivement beaucoup de Maliens qui ont quitté Gao, Kidal et Tombouctou et qui sont venus dans d’autres régions comme Bamako, Sikasso, Ségou, Mopti… Il y a aussi beaucoup de Maliens qui ont quitté le Mali et qui sont allés en Mauritanie, en Algérie, au Burkina Faso, au Niger… Nous essayons d’accompagner ces Maliens en leur apportant des dons en nature. Cette semaine d’ailleurs, le ministre de l’Action humanitaire était au Niger pour prendre contact avec les Maliens qui se sont refugiés dans ce pays. Nous leur avons apporté des dons en nature, nous commençons une identification de ces populations pour nous permettre de savoir exactement leurs besoins et le type d’assistance à leur apporter.
Pouvez-vous dire le nombre exact de refugiés maliens dans le pays et à l’extérieur ?
Les recensements sont en cours. Mais nous savons par exemple qu’à Bamako, il faut chiffrer le nombre de déplacés à 3000. Dans les autres pays comme la Mauritanie, cela se chiffre en dizaine de milliers, au Burkina et au Niger aussi. Le recensement est en cours, nous aurons des chiffres précis dans quelques jours.
Au-delà du soutien en nature, à quoi doivent s’attendre ces Maliens qui sont loin de chez eux ?
L’objectif premier, c’est de pouvoir permettre à ces populations de retourner assez rapidement au Mali et de retrouver leurs activités habituelles. C’est à cela que nous travaillons, mais en attendant de mettre en place les conditions permettant à ces refugiés de retourner chez eux, nous sommes obligés de les assister sur le plan humanitaire et de nous assurer que les enfants continuent une éducation normale. C’est ce type de programmes que nous sommes en train de mettre en place pour permettre à ces réfugiés d’avoir toutes les commodités et facilités leur permettant de vivre comme s’ils étaient au Mali.
Depuis son retour de France, le président Dioncounda et son Premier ministre Modibo Diarra ne parlent plus le même langage. Est-ce que cette situation est de nature à arranger les choses au Mali ?
Le président a un rôle à jouer, le Premier ministre aussi. Je pense que tous les deux sont conscients que les priorités actuelles, c’est la libération et la sécurisation des trois régions du Nord, mais aussi la normalisation de la situation institutionnelle. Je pense que sur ces points, il y a convergence de vue et pour moi, c’est l’essentiel.
Le Premier ministre Modibo disait qu’il était inamovible. Est-ce que la nomination d’un nouveau Premier ministre ne va pas entraîner le Mali dans le gouffre ?
Des forces ont exprimé leur point de vue, disant que le Premier ministre doit partir, d’autres ont exprimé le contraire. Il appartient au président Traoré de juger de l’opportunité de prendre telle ou telle décision. Il est en train de faire des consultations et les conclusions de ces consultations seront connues très bientôt.
Comment se porte aujourd’hui le capitaine Sanogo ?
Il va très bien, il se porte à merveille. Il n’y a aucun problème.
Est-ce qu’il constitue encore une menace pour la paix à Bamako ?
A mon avis, il n’a jamais constitué une menace pour la paix. Au contraire, il a tout le temps œuvré et contribué à la stabilisation et à la normalisation de la situation. Rappelez-vous, c’est lui qui a fait la déclaration solennelle du 1er avril, pour s’engager à un retour à l’ordre constitutionnel, c’est lui qui a signé l’accord cadre du 6 avril, qui a permis l’installation du président par intérim et la mise en place du gouvernement. Je pense qu’à toutes les étapes, il a montré la preuve qu’il veut la normalisation et la stabilisation à Bamako.
Le capitaine Sanogo est pressenti pour être deuxième vice-président du Mali. Qu’attendez-vous de la réaction de la CEDEAO ?
Je pense que la CEDEAO a apporté son soutien aux propositions faites par le président Traoré. Une fois que ces propositions seront validées par la classe politique et la société civile maliennes, j’espère que la CEDEAO apportera son soutien à cette architecture.
Quand prendra fin la crise malienne, à votre avis ?
En ce qui concerne la crise institutionnelle, je pense que les choses ont été déjà faites. La dernière étape serait peut-être la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Pour ce qui concerne la sécurisation de Gao, Kidal et Tombouctou, comme je l’ai dit tantôt, le président a décidé de mettre en place une commission de négociation. Une fois que cette commission va commencer à travailler et va prendre contact avec les différentes parties, nous aurons une vision plus claire des délais que cela pourrait nous prendre. Mais, d’une façon générale nous essayons de mettre toutes ces questions sur un plan politique. On se dit que ce sont des questions qui peuvent être résolues du jour au lendemain. Je suis optimisme et j’espère que le délai de 12 mois qui a été donné pour la transition, nous permettra de faire des progrès significatifs quant à la résolution de la question dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
Est-ce que le Mali est prêt à recevoir une force étrangère sur son territoire ?
Le Mali est prêt à recevoir toute aide, toute contribution qui permettrait d’aider à résoudre les crises que nous traversons et nous l’avons demandé. Nous avons demandé toute aide, toute contribution de quelque nature que ce soit qui nous aiderait à faire face aux défis que nous affrontons actuellement.
N’est-ce pas une incapacité pour le Mali de régler les problèmes qui se posent à lui ?
On dit que l’union fait la force. Si nous avons créé la CEDEAO et d’autres organisations, c’est pour nous permettre d’utiliser ces organisations quand on en a besoin pour nous sortir des crises. Chaque pays aurait pu mettre en place sa façon de voir les choses. Mais, je pense que ceux qui ont réfléchi à la CEDEAO bien des années avant ont compris que c’est dans l’union que nous pourrons résoudre certaines questions. Si on a ces instruments, pourquoi ne pas en profiter ? Ce n’est pas un aveu de faiblesse, peut-être que c’est ce cadre qui se prête mieux à la résolution de cette crise. N’oubliez pas qu’il y a des refugiés maliens en Mauritanie, au Burkina et ailleurs. Donc, ce n’est pas seulement une question malienne. Cette crise doit trouver une solution au Mali, mais aussi au Niger, au Burkina et ailleurs. On doit avoir une approche globale pour gérer cette crise et non une vision intérieure de la crise.
Pour finir Monsieur le ministre…
Nous devons rester unis, solidaires. Tous les moyens sont en train d’être mis en œuvre pour que le Mali revienne à un rythme normal. Cette crise affecte tout le pays, donc nous allons travailler pour que toutes les régions retrouvent une stabilité et une vie normale.
Réalisée par Dosso Villard