Cocody-Riviera Palmeraie. Il est 7h30mn. Après plus de 15mn d’attente, aucun taxi-compteur ne pointe à l’horizon. Nous n’y comprenons rien mais nous nous résolvons à marcher sur 200 à 300 mètres. Toujours pas de ‘‘tomates’’ (Ndlr : taxis-compteurs). Nous apprenons alors par un coup de fil d’une grève des taxis compteurs qui protestent contre la concurrence déloyale faite à eux par des véhicules banalisés. Nous décidons, au niveau du complexe sportif de ce quartier, d’emprunter alors un wôrô-wôrô (taxi communal) qui nous descend à hauteur du Cash center dudit quartier qui abrite une gare de taxis inter-communaux. De nombreuses personnes voulant rallier leur lieu de travail attendent en vain. Elles jettent alors leur dévolu sur les taxis inter-communaux. Mais ces taxis se font rares, et quand il y en a, ont des prix qui passent du simple au double. Habituée à emprunter les taxis-compteurs, Blandine D., employée dans une banque du Plateau, est informée par nos soins de cette grève. « Si j’avais su je me serais levée un peu plus tôt. Ce qui est énervant, c’est que les wôrô-wôrô profitent pour augmenter les prix. On nous demande de payer 1000 F pour aller au Plateau. Habituellement les gens paient 700 Fcfa. Je ne peux pas donner 1000 F à des wôrô-wôrô qui ne sont même pas sûrs et qui ne me déposent même pas devant mon bureau », soutient Blandine. Hassane Diallo, transitaire de son état est lui, déboussolé. « C’est parce que ma voiture est en panne que je subis toutes ces tracasseries. En tout cas je préfère les taxis quand je suis sans ma voiture. Mais aujourd’hui où je ne m’y attendais pas du tout, je dois emprunter un taxi inter-communal pour Treichville. Lorsque j’arrive là-bas, comment dois-je faire pour me rendre en zone 3, boulevard de Marseille où se trouvent mes bureaux ! Alors qu’on me demande de payer 1300 », explique le transitaire. Finalement, à 11h, nous réussissons à quitter cette gare pour le bureau, situé à Marcory-zone 4, grâce à notre voiture de liaison venue à notre rescousse. Sur le chemin, nous nous rendons compte des longues files d’attentes dans certaines gares. Comment en sommes-nous arrivés-là ? L’Association des conducteurs de taxis compteurs (Actc), initiatrice de ce mouvement d’humeur, explique dans une note dont nous avons reçu copie, qu’elle entend protester contre une injustice. « La loi nous donne le monopole dans notre secteur d’activité et à ce titre nous payons des taxes légales. Malheureusement, aux yeux de tous, nous assistons à ce qu’il convient d’appeler une concurrence déloyale de la part des voitures banalisées, dits wôrô-wôrô », indique la déclaration. Il ressort de celle-ci que les conducteurs qui sollicitent l’intervention de l’Etat souhaitent que chacun reste dans la sphère qui lui est attribuée et que les véhicules de 06 places, 09 places, 18 places voire 32 places en fassent de même. Au lieu de se retrouver au Plateau ou après les ponts De gaulle et Félix Houphouët Boigny alors qu’ils ne paient pas les mêmes frais que les taxis-compteurs, en ce qui concerne la patente, l’assurance, la visite technique. Ce sont donc des véhicules personnels qui s’adonnent au transport en tant qu’activité commerciale. «Nous les conducteurs pâtissons de cette situation car nous devons verser la recette journalière. Le propriétaire veut son argent et ne cherche pas à savoir si l’on nous fait la concurrence déloyale ou pas. Voilà pourquoi nous avons décidé de débrayer», explique hier, devant le bureau du ministre de l’Artisanat et des Pme, au Plateau, non loin de la mairie, un des conducteurs de taxis-compteurs. Même s’il est vrai que ces véhicules banalisés sont d’un grand apport pour les usagers, il importe cependant qu’ils se conforment à la loi et que l’Etat la fasse respecter.
JEA
JEA